Jean-Claude Juncker affronte ce dimanche des élections législatives anticipées au résultat incertain

Doyen des dirigeants européens, le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, habitué aux réélections faciles, affronte dimanche 20 octobre 2013, des élections anticipées plus incertaines, après plus de 18 ans au pouvoir et un scandale qui a écorné la confiance des électeurs.

Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Grand Duché de Luxembourg et chef de file du Parti chrétien-social (CSV), a provoqué, par sa démission forcée en juillet dernier, des élections sept mois avant l'échéance normale après avoir été lâché par le Parti socialiste (LSAP), son partenaire traditionnel au sein de la coalition gouvernementale.
Comme l'opposition, les socialistes dénonçaient sa responsabilité politique dans le scandale du service de renseignement, qui a commis de graves irrégularités, notamment en espionnant à grande échelle la population et une partie de la classe politique.
Son principal dauphin, le ministre des Finances Luc Frieden, a été fragilisé par d'autres affaires récentes.

L'usure du pouvoir ?

A près de 59 ans, dont la moitié au gouvernement, M. Juncker est donc confronté à l'usure du pouvoir, à une certaine lassitude de la population en quête d'hommes nouveaux, dans un contexte économique plus difficile pour ce petit pays qui reste un des plus riches du monde par habitant.
Mais le taux de chômage a grimpé à près de 7% et l'endettement a été multiplié par trois en 15 ans.

S'il reste l'homme jugé le plus compétent par ses concitoyens, il est talonné par Xavier Bettel, le bourgmestre (maire) de Luxembourg-ville et jeune président du parti libéral. Âgé de 40 ans, ce dernier a même détrôné son aîné en terme de sympathie dans un sondage publié en septembre.

A quelques jours du scrutin, la nervosité est palpable dans les rangs du CSV. Il s'attend à perdre des voix dimanche, même s'il devrait rester la principale
force politique du Grand-Duché, au pouvoir quasiment sans interruption depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Nouveauté ou stabilité

Selon un sondage publié avant l'annonce cet été des élections anticipées, le CSV perdait trois sièges à la Chambre des députés, où il en compte actuellement 26 sur 60.
Aucun sondage d'intentions de vote n'a été publié depuis, mais selon des estimations, ces sièges seraient récupérés par les libéraux, qui en obtiendraient
12 et seraient au coude à coude avec les socialistes, emmenés par un autre représentant de la jeune génération, Etienne Schneider, 42 ans, le ministre sortant de l'Economie.

"Le pays a besoin d'hommes et de femmes nouveaux" a récemment déclaré M. Schneider, ce à quoi M. Juncker lui a rétorqué qu'il y avait un "avantage à la longévité des ministres luxembourgeois" car "Les Européens se tournent vers ceux qui savent".


Pour autant, M. Juncker, à qui beaucoup reprochent d'avoir délaissé son pays au profit de l'Europe, notamment quand il s'est battu pour sauver l'euro à la tête de l'Eurogroupe, a promis qu'il allait se recentrer sur le Luxembourg.
Il dément catégoriquement toute intention de briguer un nouveau poste européen comme ceux de président du Conseil européen ou de la Commission.

Autre probable gagnant de l'érosion des partis de la coalition sortante, les Verts de François Bausch, allié de M. Bettel à la mairie de la ville de Luxembourg depuis trois ans. Les deux hommes ne cachent pas leur volonté de former une coalition à trois, sans les chrétiens-sociaux.
Il leur faudra pour cela rallier les socialistes.

"S'il est possible de mettre en oeuvre, à trois, de véritables réformes en vue de moderniser l'État et de lui donner un nouvel élan, alors oui, je suis en faveur d'une coalition à trois", a déclaré M. Schneider au cours de la campagne.


Le CSV a axé sa campagne sur la personnalité et l'expérience de M. Juncker et le besoin de stabilité du pays, comme en témoigne son slogan en luxembourgeois, "Fair an Stabil" ("Juste et stable"). M. Juncker n'a cessé de mettre en garde les électeurs contre une coalition à trois, jugeant que cette configuration inédite serait néfaste pour le pays.

Quelques chiffres et explications sur le scrutin

Au total, neuf partis se présentent aux législatives, de l'extrême gauche avec Dei Lenk et le Parti communiste, à la droite populiste incarnée par l'ADR.

Les 238.500 électeurs (portrait-robot) -dont certains (14.745) voteront pour la première fois- devront désigner parmi 540 candidats les 60 députés qui composent le parlement national pour 5 ans.

Le vote au Grand Duché consiste, pour cette élection, à mettre soit une croix sur une liste (tous les candidats de la liste sont alors automatiquement choisis) soit des croix face aux noms des candidats que vous désignez individuellement. Le nombre de ces croix dépend de votre circonscription : 23 pour la circonscription électorale Sud, 7 pour la circonscription Est, 21 pour la circonscription Centre et 9 pour la circonscription Nord. Mieux vaut ne pas se tromper !


Liens bonus

Un jeu ludique «Je vote au Luxembourg» pour tester ses connaissances politiques luxembourgeoises.

Le trombinoscope des 540 candidats.

Le site officiel permettant dimanche 20 octobre de suivre les résultats.


Elections Législatives luxembourgeoises : mode d'emploi
Les élections pour la Chambre des députés se font au suffrage universel direct pour désigner les 60 députés (23 pour la circonscription électorale Sud, 7 pour la circonscription Est, 21 pour la circonscription Centre et 9 pour la circonscription Nord) qui, dans le système unicaméral (système parlementaire à une seule Chambre) luxembourgeois, composent le parlement national.

L'élection se fait au scrutin de liste à la proportionnelle. Pour chacune des quatre circonscriptions électorales, les groupements politiques doivent constituer des listes de candidats dont le nombre ne peut être supérieur au total des députés à élire dans la circonscription.

La répartition des sièges se calcule suivant les règles de la représentation proportionnelle et conformément au principe du plus petit quotient électoral.

Les élections législatives ont lieu de plein droit tous les cinq ans.

Le site officiel des élections au Grand-Duché de Luxembourg  (rubrique "Système électoral - mode d'emploi" ) renseigne sur
  • les conditions de l'électorat;
  • le vote obligatoire;
  • le vote par correspondance;
  • la répartition des sièges entre les listes
et, dans la rubrique "Elections législatives" , sur les résultats des élections législatives depuis 1994.

Source : Luxembourg.lu
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