Emprisonné au Qatar, condamné pour des chèques sans provision et pour avoir tenté de fuir le pays, l’entrepreneur florangeois, Jean-Pierre Marongiu, a fait parvenir à François Hollande, le 12 novembre 2013, un message audio dans lequel il "implore" son intervention.
Après une grève de la faim, interrompue en octobre et dans son récent message, Jean-Pierre Marongiu dit sa crainte de "mourir en prison".Tès affaibli après sa dernière convocation au tribunal, il aurait selon sa femme, Isabelle, été victime d’un arrêt cardiaque dans la nuit de dimanche à lundi.
Il y a une quinzaine de jours, les autorités françaises avaient affirmé être "fortement mobilisées" pour régler la situation d’au moins deux autres Français également "piégés" au Qatar.
Depuis Florange, pour demander le retour "vivant" de son époux, une pétition mise en ligne par Isabelle Marongiu a déjà recueilli plus de 2000 signatures.
L'appel de Marongi
Plus d'informations dans vos éditions régionalesJe suis emprisonné injustement et abusivement au Qatar, simplement pour avoir exercé mon métier de chef d'entreprise. Il faut croire avec succès puisqu'on a eu envie de me déposséder de ma société où j'avais investi mes économies de toute une vie. Vous ne pouvez pas ignorer une chose comme ça.
Le Qatar dispose et abuse d'une législation esclavagiste, sous l'appellation de parrainage : tout investisseur étranger est dans l'obligation d'attribuer la majorité de son entreprise à un Qatarien. Il devient ainsi l'esclave d'un sponsor qui seul autorise ses déplacements, s'attribue ses finances et gère sa vie.Je côtoie en cellule des dizaines d'entrepreneurs venus chercher une vie meilleure. Ensuite, quand le sponsor se lasse de la propriété humaine qu'il s'est offerte, il l'a fait emprisonner pour jeter son dévolu sur une autre.
J'ai au cœur et dans l'âme la passion de la république, cette France dont la voie s'élevait jadis pour dénoncer les injustices. Je suis comme vous un citoyen de gauche, cette gauche humaniste pétrie de bons sentiments qui prône le partage de tout et le respect de tous. Vous êtes vous aussi issu de ce creuset.
Monsieur le Président, si je m'adresse à vous de cette façon directe, c'est que je ne crois plus en rien et que mon temps est compté. On m'a tout pris : ma famille, ma société, mon patrimoine, ma liberté. On ne privera pas de ma dignité. Je vais sans doute mourir en prison, seul et abandonné par mon pays. Cette supplique n'a d'autre prétention que de vous implorer. Au nom des miens, au nom de mon innocence, je vous implore d'intervenir auprès de l'émir de Qatar. Un mot, un seul de votre part peut suffire. Le droit d'ingérence humanitaire faisait alors partie de votre programme, j'en appelle aujourd'hui à votre humanité. Je n'ai pas serré ma femme dans mes bras depuis 18 mois, je n'ai pas embrassé mes enfants depuis deux ans. Vous m'avez entendu, merci, adieu Monsieur le Président.