Le conseil des Prud'hommes a examiné mercredi à Strasbourg la plainte d'une centaine d'anciens salariés de l'usine papetière Stracel, qui contestent leur licenciement pour motif économique par le groupe finlandais UPM.
Ils estiment que cette usine de Strasbourg n'aurait pas dû fermer, alors qu'elle était rentable. Le tribunal, qui a décidé de joindre leurs dossiers pour accélérer la procédure, devait se prononcer sur la recevabilité des plaintes et dire si les salariés ont effectivement fait l'objet d'un licenciement abusif "sans cause réelle et sérieuse", comme l'estiment les syndicats.
La date du délibéré a été fixée au 12 février, a indiqué un représentant des salariés, à l'issue d'une journée de débats, que la plupart des plaignants ont été contraints de suivre depuis l'extérieur d'une salle trop petite pour les accueillir tous. La juridiction professionnelle a entendu les raisons qui ont poussé UPM France, dont le directeur général Jean-Marc Louvet était présent, à se séparer de sa papeterie fermée en début d'année.
La date du délibéré a été fixée au 12 février
Sur les 250 salariés licenciés, une centaine ont été repris par un consortium cartonnier germano-belge, "Blue paper". Les avocats d'UPM ont plaidé l'irrecevabilité des plaintes, soulignant que de nombreux salariés avaient accepté une indemnité forfaitaire de licenciement, s'engageant alors par écrit à renoncer à porter l'affaire en justice.
Les avocats des salariés ont eux défendu la nullité de l'accord conclu avec la direction réclamant leur droit de conserver des indemnités qui pouvaient atteindre jusqu'à 40.000 euros.
"On demande que justice sociale soit rendue. Les salariés ont été licenciés pour un motif qui n'est toujours pas avéré à ce jour", a affirmé le délégué CGT Patrick Bertin.
Le syndicaliste juge "scandaleux" qu'une multinationale se dise en difficulté avec un chiffre d'affaires de 10 milliards d'euros et le versement de centaines de millions d'euros de dividendes à ses actionnaires. Numéro un mondial du papier pour magazines, UPM avait annoncé en janvier son intention de réduire nettement ses capacités de production en Europe.
Engagé dans un processus de fermeture de son usine Stracel de Strasbourg, le groupe avait aussi annoncé son désengagement rapide de deux autres unités françaises,
à Docelles (Vosges) et Aigrefeuille (Charente-Maritime). Selon Yves Bernauer, délégué FO, "UPM n'a pas eu une situation économique difficile (pouvant justifier de) fermer la société Stracel". Le syndicat affirme que le groupe a organisé sa propre surcapacité pour justifier des fermetures de sites, rappelant que trois semaines auparavant, il avait racheté une société finlandaise et des machines. "On ne se contentera pas d'un euro symbolique, il faut une condamnation forte", a-t-il dit. UPM-Kymmene a annoncé fin octobre une très forte hausse de son bénéfice net au troisième trimestre, imputée au succès de ses plans de restructuration.