344 ans après, Glatigny rend hommage à Raphaël Levy

Injustement condamné au bûcher en 1670 parce qu'il était juif, ce marchand de bestiaux de Boulay était accusé de l'enlèvement pour meurtre rituel de Didier Lemoine, un garçonnet de 3 ans enlevé dans le village mosellan. La commune a dévoilé une plaque lui rendant hommage dimanche 19 janvier 2014.

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La commune de Glatigny (Moselle) a rendu hommage dimanche 19 janvier 2014 à Raphaël Lévy, un innocent de confession juive, 344 ans après sa condamnation à mort en 1670 à Metz pour le meurtre d'un garçonnet du village.
Le marchand de bestiaux de 56 ans originaire de Boulay, avait été désigné coupable d'avoir enlevé et tué le petit Didier Lemoine âgé de 3 ans.

Un grand moment de réconciliation républicaine​

Dimanche, des membres du Consistoire israélite de Moselle, le président du Consistoire central de Paris Joël Mergui, le maire Victor Stallone (sans étiquette) et le préfet de Moselle ont dévoilé une plaque rendant hommage au "martyr juif de Boulay" accusé d'un "crime rituel qu'il n'avait pas commis".

Une cérémonie solennelle a rassemblé plus d'une centaine de personnes, parmi lesquels des descendants de Raphaël Levy étaient également présents.
Un moment particulièrement émouvant et symbolique car Glatigny était maudite depuis l'époque des faits en raison d'un arrêté moral pris par la communauté israélite : le village avait été déclaré "gessaert" (maudit) depuis 1670, interdisant à tout juif d'y passer la nuit, une interdiction qui était encore respectée de nos jours et qui est désormais levée.

Henry Schumann, en charge du patrimoine au sein du Consistoire de Moselle, a qualifié cet hommage de "grand moment de réconciliation républicaine".

La plaque inaugurée dimanche a été apposée au centre du village, sur une place où se trouve une fontaine-lavoir située sur l'ancienne route de Metz empruntée par Raphaël Levy.

Le dévoilement  de la plaque sur la fontaine :


Un innocent brûlé vif parce que juif

Raphaël Levy s'était rendu à Metz le 25 septembre 1669 à la veille des grandes fêtes juives du Nouvel An pour faire des achats. Il s'était arrêté en chemin pour faire ferrer son cheval. Une mère était allée laver son linge avec son petit garçon à une fontaine près de Glatigny.
"Cette femme se retourne et l'enfant a disparu",  explique Henry Schumann, en charge du patrimoine au sein du Consistoire de Moselle.
Le garçonnet avait été retrouvé mort un mois plus tard dans un buisson.

Au terme d'un procès émaillé de faux témoignages, Raphaël Levy avait été condamné à mort et brûlé vif le 17 janvier 1670 à Metz.
"Les sources ont révélés que ce sont en général les témoignages de femmes dont les maris étaient débiteurs de ce marchand qui l'avaient fait condamner à mort", explique Henry Schumann.

Le roi Louis XIV en personne s'était intéressé à cette affaire, avait relu le procès, et le jugeant innocent, l'avait réhabilité quelques années après, tout comme le Parlement de Nancyen 1699.

Le reportage racontant l'histoire de Raphaël Lévy :


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