Onze universitaires de Strasbourg ont récusé dans une tribune publique mercredi l'idée qu'une "prétendue théorie du genre" serait enseignée dans les écoles françaises, après des appels aux parents sur des réseaux sociaux de retirer leurs enfants de l'école.
Les onze enseignants supérieurs signataires de ce texte, parmi lesquels des historiens, des professeurs de droit, de sciences sociales et de psychologie y voient une "manoeuvre révoltante de déstabilisation des parents" qui a privé des enfants d'école."De plus cette rumeur est totalement mensongère", écrivent-ils dans leur déclaration, dont l'AFP a reçu copie. "Non, les enfants ne sont pas en danger. Non, la prétendue théorie du genre n'existe pas. Oui, les programmes scolaires invitent à réfléchir sur les stéréotypes de sexe", poursuivent-ils. "Pour en finir avec les idées reçues", les signataires soulignent que "le genre est simplement un concept pour penser des réalités objectives. On n'est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd'hui. (...) L'école est le lieu où l'on permet à chacun de réfléchir sur les conséquences néfastes des idées reçues et d'interroger certains préjugés", ajoutent-ils. "En permettant aux élèves de se demander pourquoi les princesses ne pourraient pas aussi sauver les princes, en montrant que, selon les lieux et les époques, les rôles des hommes et des femmes ont varié et que l'amour a des formes multiples, les chercheurs, les enseignants et les professeurs des écoles permettent aux enfants, citoyens et citoyennes de demain, de construire un monde plus égalitaire et plus harmonieux", concluent-ils.
Leur mise au point intervient après celle du ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, qui a déclaré mercredi que "l'école de la République n'enseigne absolument pas la théorie du genre". Depuis vendredi, une centaine d'écoles ont été perturbées par des absences d'élèves après un appel à boycotter l'école pour protester contre ce qui est présenté comme un enseignement aux enfants de la "théorie du genre". L'initiative "Journée de retrait de l'école" a été lancée par Farida Belghoul, une militante proche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.