Bade-Wurtemberg : être maire, un métier

En Allemagne, le maire est désigné par ses électeurs lors d’un scrutin direct : il ne se présente pas sur une liste et, de ce fait, les électeurs vont faire un choix de personne plus qu’un choix politique. 

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Un choix de personne : les électeurs attendent de leur maire qu’il soit un gestionnaire de métier, un métier qui s’apprend à l’école dans le Bade-Wurtemberg.
Pour les futurs maires dans le Land, l’Université des Sciences administratives Appliquées de Kehl est presque un passage obligé. 85% des maires en activité dans le Land ont appris leur métier ici, en formation initiale ou continue.

Comme le jeune étudiant Jan Sachs, qui suit des cours de gestion à Kehl, avec un objectif : devenir maire dès l’obtention de son diplôme l’année prochaine. « Une petite ville, de 10 000 ou 20 000 habitants, serait l’idéal pour un premier mandat », confie le jeune homme. « il est évident que pour gérer une commune, j’ai besoin de notions de droit, de gestion, d’économie, c’est pourquoi je fait des études ici ». Mais le jeune homme est réaliste : « Il faut que la commune me plaise, et que j’arrive à établir le contact avec les habitants. Si ce n’est pas le cas, le mandat serait un échec, et tous, les habitants comme moi, nous en pâtirions ! ».

Des compétences de gestion

Des quelques 1000 étudiants de l’école de Kehl, certains ont un destin de maire, un métier plus qu’un mandat. Le premier magistrat est fonctionnaire à durée déterminée, « son attention est attiré sur les postes vacants dans les journaux par exemple, dans lesquels les communes publient les appels à candidature », explique Paul Witt, le directeur de l’école de Kehl. « Certes, il vaut mieux être formé pour exercer un tel mandat, mais dans la loi, rien ne dit que le futur maire doivent amener des compétences de gestion ou d’administration ».
Des postes de maire à pourvoir, il y en a dans le Bade Wurtemberg tous les 8 ans : c’est la durée du mandat de maire, celle du conseil municipal est plus courte, 5 ans. Une élection municipale qui a donc lieu en deux temps. « Ceci permet aussi au maire de rester déconnecté par rapport à une appartenance politique. il peut arriver dans un conseil municipal déjà constitué, ou terminer son mandat avec un nouveau conseil », poursuit Paul Witt. « Le maire est élu plus pour sa personnalité  et ses compétences, que pour son appartenance politique », renchérit Manuel Tabor, le maire de Appenweyer dans l’Ortenau.

Pragmatisme et neutralité

Lui aussi a fréquenté l’école des maires de Kehl, et depuis 2010, il est à la tête de la commune de Appenweyer, une ville qu’il a choisie comme point de chute, après avoir travaillé dans l’administration communale ailleurs. « Que me demande-t-on ? On me demande de la proximité, une gestion saine, une prise de décision efficace, pragmatique et neutre par rapport à des considérations politiques. Dans les petites communes, c’est cela qui est réellement important ».
10 000 habitants, un budget de quelques 26 millions d' euros, et un emploi du temps chargé : Manuel Tabor est maire de métier et par vocation. Patron de l’administration communale, représentant de Appenweyer et animateur du Conseil Municipal, il rempli une triple mission qu’il avait pu approcher de très près lors de ses études à Kehl. Une école qui lui a appris la gestion communale, mais « nous n’apprenons pas à nos élèves à mener une campagne et à gagner des élections », précise Paul Witt, « nous sommes une école d’administration. Gagner, c’est surtout une question de personnalité ! ».

Un dur fauteuil

Et pour assister les futurs maires, l’Ecole de Kehl propose aussi des formations continues …Parce que, pour reprendre le mot de Manfred Rommel, l’ex maire de Stuttgart :   le fauteuil de maire n’a pas de couleur politique, il n’est ni rouge social démocrate, ni noir chrétien démocrate, ni vert écolo, il est dur, simplement.

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