Daniel Buren investit pour six mois à partir de demain samedi le Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) en signant deux installations qui réaffirment sa démarche ludique. Retrouvez-le maintenant dans Alsace Matin puis dans le journal de midi pile sur France 3 Alsace.

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Pour ses derniers travaux, cet artiste majeur de la scène contemporaine a choisi de revisiter le musée strasbourgeois en habillant sa verrière d'un damier transparent de 1.500 m2 aux teintes acidulées qui font penser à des emballages de bonbons. Et, dans sa deuxième installation, il s'inspire sans détour des indémodables jeux de cubes en bois que manipulent les enfants.

Reportage : Anne-Laure Herbet et Philippe Dezempte. Interview Daniel Buren


Après avoir invité le public a s'égarer dans une forêt - c'était en 2012 à la Monumenta au Grand Palais de Paris -, l'artiste français âgé aujourd'hui de 76
ans convie le visiteur à une nouvelle promenade, cette fois dans une "petite ville" faite de cabanons, de tours et de ponts: 16 nuances de couleurs pour un village qui atteint par endroit jusqu'à 5,70 m de hauteur de plafond.

Découvrez les coulisses de la création de l'oeuvre : 

Buren s'est "amusé", comme il le dit lui-même, avec l'espace et ces couleurs qui lui posaient tant problème en jouant avec les sept éléments de base d'un jeu rudimentaire, pour créer des constructions colorées. Cent quatorze de ces éléments - cubes, cylindres et et prismes - bien connus du public, forment sa dernière installation. Comme à son habitude et pour ne rien dévoiler de l'exposition, l'artiste connu pour ses colonnes dynamiques noires et blanches installées dans la cour d'honneur du Palais Royal, à Paris, près du ministère de la Culture, a choisi une affiche qui ne montre rien de ses oeuvres, sinon le titre "Daniel Buren - Comme un jeu d'enfant, travaux in situ".

Un jeu d'enfant

Celui-ci évoque cependant la "fraîcheur et le plaisir du jeu qui existent depuis longtemps dans le travail de Daniel Buren", selon Estelle Pietrzyk conservatrice du MAMCS. Il use ici de son "instrument" fétiche, ses célèbres bandes invariablement espacées de 8,7 cm dont dont il se sert depuis 1965, pour créer une trouée qui traverse de part en part les 600 m2 de la salle d'exposition temporaire, et apposer sa signature. 

Deux parties distinctes composent l'installation ludique, des éléments blanc neige, "presque fantôme" selon Buren, qui se fondent ensuite dans une moitié plus colorée. La main de Buren n'a rien laissé au hasard. L'artiste qui a souvent dit qu'il ne veut pas que son travail "sente la sueur", mais "qu'il doit s'amuser", a confié avoir démarré ses travaux en achetant une boîte de jeu pour enfants. Car il lui fallait redécouvrir ces pièces avec lesquelles tout le monde a joué dans les premières années de sa vie.

Les dessins, les peintures des enfants qu'on dit simplistes sont au contraire des choses extrêmement savantes. Les artistes qui ont tenté de s'en rapprocher ont mis 50 ans à y arriver", Daniel Buren, artiste.


"Il n'y a pas d'âge pour manipuler des objets simples. Mon travail est ludique, je l'ai toujours dit", explique-t-il. Et de citer "Matisse avec ses papiers découpés, dont on a dit qu'il était gâteux, que n'importe qui pouvait faire ça, alors que cette période était l'une des plus savantes". "Quand on fait un croquis à l'âge adulte, on est malhabile. Enfant on sait faire des choses dont on perd la capacité avec l'âge", dit-il, convaincu que la beauté "existe plus que jamais" dans l'art et qu'elle peut se manifester de manière inattendue.

La lumière, la simplicité et les couleurs sont les éléments-clés de cette exposition qui démarre à quelques jours de l'été. Par temps ensoleillé, une lumière colorée se projette ainsi dans la nef du musée aux premières heures de la journée. L'artiste s'y arrête un instant pour commenter son travail. "Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je trouve que c'est plus léger avec les couleurs", dit-il de sa vitrine visible à plusieurs centaines de mètres depuis l'extérieur.

L'exposition se terminera le 4 janvier 2015.

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