Alors que le Gouvernement envisage d'avancer au printemps 2015 les futures élections régionales et départementales, la fusion annoncée des trois régions de l'Est fait plus que jamais débat parmi décideurs et citoyens concernés.
La Rentrée politique en Région a fait repartir à la hausse le débat sur la fusion annoncée cet été des trois régions de l'Est de la France. Et le moins qu'on puisse dire c'est que le débat n'a rien perdu en intensité !
Les événements de l'été
En Champagne-ArdenneLes habitants approuvent majoritairement la fusion de leur région avec la Lorraine seule ou avec la Lorraine et l'Alsace ensemble, mais réclament à 81% un référendum sur le sujet, selon un sondage Ifop paru mardi 2 septembre 2014 dans les quatre principaux quotidiens régionaux. Et si, comme la majorité de leurs homologues français, les députés de Champardennais se sont prononcés en faveur de la fusion de leur région avec l’Alsace et la Lorraine (rejettée par le Sénat), le président DVG du conseil régional, Jean-Paul Bachy, a réitéré son hostilité au rapprochement avec l'Alsace le 29 août dernier.
En Alsace
Prêt à fusionner avec la Lorraine seule, le président UMP du conseil régional d'Alsace considère "la fusion entre l'Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne (comme) un coup de force inacceptable". Il l'a dit le 29 août dernier. Et sur ce point il est soutenu par Roland Ries, le maire socialiste de Strasbourg. Les Chambres consulaires, elles, ont pris officiellement position lundi 1er septembre : elles revendiquent "une Alsace forte, plutôt qu'une région grande" ce qui se résume à "non à toute fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne".
En Lorraine
Le voix la plus audible cet été a été celle du président du conseil général de la Moselle : Patrick Weiten, qui défend bec et ongle sa collectivité. Mais dès cette rentrée (voir encadré ci-dessous), le président PS du conseil régional de Lorraine, Jean-Pierre Masseret, et plusieurs collègues lorrains et alsaciens ont diffusé un communiqué réaffirmant "la nécessité de mener à terme la réforme des collectivités territoriales" tout en précisant que "l’isolement de l’Alsace n’aurait pas plus de sens que celui de la Lorraine."
Les présidents de région hostiles à des élections régionales avant l'été 2015
Les présidents de région se sont déclarés mercredi 3 septembre 2014 totalement hostiles à la tenue des élections régionales avant l'été 2015, une hypothèse en cours d'examen au gouvernement, et réclament leur maintien en décembre 2015, comme prévu dans un projet de loi soumis au parlement."Nous alertons le Premier ministre et le président de la République (sur le fait) qu'il faut laisser du temps à la démocratie et à la construction d'une nouvelle aventure territoriale" à travers des compétences renforcées pour les régions et un redécoupage de leurs limites." Le socialiste Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF).
Selon plusieurs sources, le gouvernement craint que la date de décembre 2015, qui a été retenue pour les élections régionales mais aussi départementales, ne soit censurée par le Conseil constitutionnel car cela reviendrait à prolonger de 21 mois le mandat des conseillers généraux élus en 2008.
Le gouvernement travaille donc sur la faisabilité de deux scrutins qui auraient toujours lieu en même temps, mais "plus tôt", selon Matignon. D'autres sources parlent de mars ou juin. Mais cette solution impliquerait d'avancer la date de création des 13 nouvelles régions, actuellement prévue au 1er janvier 2016.
Entouré de plusieurs présidents de région, Alain Rousset a réclamé le maintien du "calendrier qui est dans la loi", déjà examinée par le Sénat puis l'Assemblée nationale mais pas encore adoptée définitivement.
Le Bureau politique de l'UMP, de son côté, par le biais d'un communiqué de presse du 2 septembre, parle d'une "improvisation la plus totale (et d'un) grave déni de démocratie" dans la volonté du Gouvernement d'avancer le calendrier des élections cantonales et régionales en juin 2015.
Pour une Eurorégion forte
Communiqué des élus socialistes alsaciens et lorrainsNous, élus socialistes alsaciens et lorrains, réaffirmons la nécessité de mener à terme la réforme des collectivités territoriales. Il s’agit aujourd’hui de refondre notre modèle républicain et de permettre au pays de retrouver le chemin de la croissance.
Face aux intérêts particuliers et à la tentation du repli sur soi, il est indispensable d’unir nos régions pour permettre l’émergence d’une eurorégion forte, respectueuse de nos territoires et protectrice de nos concitoyens.
Nous réaffirmons aujourd’hui notre volonté de lier le destin de nos deux régions, quel que soit le scénario retenu. Il ne s’agit pas de l’absorption d’une région par une ou plusieurs autres, mais d’une organisation nouvelle, attentive à la diversité de nos territoires.
En s’appuyant sur ses grandes métropoles, notre nouvelle eurorégion pourra relever les nouveaux défis du XXIème siècle. Si ce socle indispensable de nos deux régions s'inscrit dans le projet de loi adopté en première lecture par l'Assemblée nationale et si plusieurs scénarios ont leur pertinence, l’isolement de l’Alsace n’aurait pas plus de sens que celui de la Lorraine.
Notre priorité est maintenant de rendre notre action plus efficace et plus proche de nos concitoyens. Pour atteindre cet objectif, nous nous mobiliserons fortement tous ensemble dans les prochaines semaines.
Premiers signataires :
- BIES Philippe, Député du Bas-Rhin
- BIGOT Jacques, Maire de Illkirch Graffenstaden
- CAHN Mathieu, 1er Secrétaire fédéral PS du Bas-Rhin, adjoint au Maire de Strasbourg
- DUMONT Jean-Louis, Député de Meuse
- FONTANEL Alain, Secrétaire national PS aux fédérations et aux sections, Conseiller régional d’Alsace, 1er adjoint au Maire de Strasbourg
- FOURNEL Jean-Marc, Député de Meurthe-et-Moselle, Maire de Longwy
- FRANQUEVILLE Christian, Député des Vosges, Maire de Bulgnéville
- FREYBURGER Pierre, Président du groupe socialiste au Conseil général du Haut-Rhin
- GROS Dominique, Maire de Metz, Conseiller général de Moselle
- HERMANN Robert, Président de la communauté urbaine de Strasbourg, Conseiller général du Bas-Rhin
- HOME Antoine, Président du groupe socialiste au Conseil régional d’Alsace, Maire de Wittenheim
- JUNG Armand, Députe du Bas-Rhin
- KHIROUNI Chaynesse, Députée de Meurthe-et-Moselle
- KLEIN Mathieu, Président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle
- LALANDRE Jean-Marie, 1er Secrétaire fédéral PS des Vosges, Conseiller régional de Lorraine
- LE DEAUT Jean-Yves, Député de Meurthe-et-Moselle, Conseiller régional de Lorrain