Meuse : le fort de Liouville

Le fort de Liouville, dans la Meuse, a eu une grande importance dans le secteur de Saint-Mihiel.
Il fait partie intégrante de l'histoire de la Grande Guerre.

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Le fort


Le fort de Liouville était le plus puissant fort du secteur.

Partiellement modernisé, il disposait de cuirassements, de batteries extérieurs semi enterrées et ses fossés étaient défendus par des coffres de contre escarpe en béton.

Le fort occupait une position particulièrement stratégique sur un promontoire naturel. Il devait interdire les trouées de Marbotte et de St julien qui offraient des débouchés sur la vallée de la Meuse.

C’est la présence d’une voie ferroviaire de rocade reliant Commercy à Verdun par les cotes de Meuse qui avait conduit à sa modernisation.

Son artillerie couvrait les ponts du secteur traversant la Meuse, le noeud ferroviaire de Lérouville et les trouée stratégiques qui reliaient la plaine de la petite Woëvre avec la vallée de la Meuse.


L'attaque ennemie


Le 22 septembre les premiers obus frappaient le fort, toute les mesures avaient été prises par le gouverneur Lauguery et sa garnison pour mettre le fort en défense.

Des positions d’infanterie avaient été aménagé en avant de l’ouvrage pour défendre le massif et les batteries extérieurs. La batterie de St Agnant annexe du fort était particulièrement bombardé.

Les six pièces de 120 mm en position sur les plateformes allaient être littéralement pulvérisées dans les premières heures du bombardement. Le gouverneur commandait l’évacuation de la batterie qui devenait intenable sous les tirs de destruction de l’artillerie lourde ennemie.

Malgré ce bombardement des tirs sur zones sont effectués par la tourelle de 2x155mm et les batteries extérieures.
La cavalerie dans la plaine qui s’opposait également aux infiltrations ennemies constatait l’efficacité des tirs venant du fort.

L'attaque s'intensifie


Le 23 septembre, le bombardement était encore plus violent que la veille.
Les effets des obus de 305 et 210 se faisaient sentir.

L’escarpe qui prenant les obus de plein fouet était rapidement ruinée, les casernements les plus fragiles s’effondraient comme des châteaux cartes sous l’effet des explosions et du souffle.

Les galeries de liaisons étaient percés de toutes parts et l’air chargé de fumée et de poussière devenait irrespirable. Les artilleurs des plateformes passaient leur temps à repositionner les pièces retournées par les explosions.

Les batteries de rempart étaient néanmoins malgré leurs efforts détruites une à une. L’infanterie en charge de la défense rapprochée du fort attendait impuissante dans la galerie de guerre qui résistait encore au coup de boutoir de l’ennemie.
Les batteries extérieurs étaient à leur tours encadrées par des tirs. Un savant mélange d’obus fusants et d’obus explosifs, rendaient bientôt ces positions d’artillerie intenables.

Pour sa part, la tourelle Mougin de 155mm était particulièrement visée par l’ennemi. Le remblai qui protégeait les substructures de la tourelle avait disparu et les puissants obus de ruptures frappaient maintenant le bloc bétonné.

Malgré les coups qui secouaient l’ensemble de la tourelle, son intervention près de Loupmont et du bois de Géréchamps au pied de Montsec entravait sérieusement les mouvements ennemis. La ligne Xivray-Bouconville-St Agnant était fermement tenu par les efforts des 2ème et 7ème DC et la couverture du fort.





Les allemands avancent


Le 24 septembre, les allemands avaient investi Apremont la Forêt, mais la redoute du bois brûlé qui contrôlait la route Apremont St Mihiel était toujours aux mains des français.

La tourelle de 75 du fort, en limite de porter, pouvait encore apporter un soutien appréciable aux défenseurs de la redoute. Dans la matinée, Les bavarois tentaient une sortie en force d’Apremont pour investir St Agnant et s’ouvrir ainsi la Meuse par la trouée de Marbotte.

Si cette tentative avait abouti les défenseurs de la redoute auraient été totalement isolés et le massif de Liouville sérieusement menacé. Mais la tourelle de 75 malgré le bombardement intervenait une nouvelle fois, les obus à balles particulièrement mortifères éclaircissaient les vagues d’assauts ennemies qui venaient définitivement se briser sur les tirs de mousqueterie des cavaliers en charge du village.

La tourelle en fin de journée avait tiré près de 1000 obus sur Apremont et son secteur. La cadence de tir infernale avait provoqué la rupture des extracteurs automatiques. Pour continuer son tir de barrage, des artilleurs volontaires étaient sortis sous le bombardement pour pousser les douilles avec des refouloirs.

Le gouverneur Laugery toujours en liaison avec l’extérieur apprenait enfin de bonnes nouvelles. En effet , le débarquement en gare de Lérouville et Sampigny des premières unités du 8ème corps était en cours.

Le fort recevait ainsi l’ordre d’appuyer par tous les moyens disponibles, les attaques françaises en vue du dégagement d’Apremont. En fait cette attaque était reportée, mais le fort continuait ses tirs.




Le fort subit un feu intensif de l'artillerie allemande


Le 25 septembre, après leur échec devant St Agnant, les Allemands concentraient leur artillerie une nouvelle fois contre le fort de Liouville. A l’intérieur de l’ouvrage la situation devenait préoccupante, la galerie de guerre à son tours était victime d’effondrement.

Les défenseurs n’avaient plus d’abri fiable et le gouverneur craignant toujours un assaut n’avait pas autorisé la garnison à utiliser les magasins sous roches pour s’abriter. L’infirmerie du fort se remplissait d’heure en heure, mais l’évacuation des blessés pouvait toujours se faire la nuit. Dans le secteur, les batteries lourdes allemandes ne tiraient pas la nuit.

Les flammes provoquées par le départ des coups, les exposaient trop à la contre batterie. D’ailleurs à cette effet, La défense du secteur s’organisait, trois pièces de 155mm de bange venant de Toul commencèrent un tir sur zone dans les secteurs indiqués par le fort. Le tir des batteries de 210 supposées être en batterie dans la vallée derrière le Mont se ralentissait sensiblement.

Sans doute gêné par les rafales d’obus fusant des trois 155 français, les obusiers de 210 sortaient de batterie pour trouver de nouveaux emplacement plus abrités.
Pour sa part, le fort de Gironville avec ses 155 en limite de portée arrosait d’obus allongés la route Bouconville- Apremont interdisant les infiltrations ennemies.

De leur coté, les obusiers de 305, hors de portée des canons français, continuaient imperturbables leurs oeuvres de destructions. En fin de journée, la tourelle Mougin ne pouvait plus tirer qu’avec un seul canon, un obus allemand avait explosé à embrasure d’un tube l’endommageant irrémédiablement.

 

Malgré une série de pannes, fuites hydrauliques et ruptures de pièces divers, la tourelle reprenait ses tirs sur les positions ennemies. Les obus de rupture rebondissaient sur l’épais blindage, mais le bloc béton supportant la tourelle présentait déjà de sérieux dommages.

 



Le fort riposte


Les batteries extérieurs 5 et 13 de 120 mm reprenaient leurs tirs à la surprise des allemands, les deux tourelles tiraient également sur les positions ennemies signalés par les observatoires et les troupes dans la plaine. Le duel d’artillerie provoquait la fixation de l’ennemi, mais aucune attaques françaises porter maintenant par la 16ème DI du 8ème corps ne débouchaient et les pertes devenaient sensibles.

•Le 26 septembre, le bombardement du fort redoublait et les batteries extérieurs étaient une nouvelles fois écrasées. Seul les tourelles pouvaient encore intervenir , la Mougin tirait avec un seul canon et la 75 en ne pouvait plus s’éclipser totalement. Les canons lourds qui avaient pilonné le Camps des romains bombardaient maintenant Liouville y provoquant par leurs tirs croisés d’énormes dégâts.

La garnison se tenait maintenant dans la galerie de Parados la seule qui en appuie sur la roche résistait encore aux obus de ruptures. Les effondrements provoquaient malgré tout des blessés qui pouvaient être évacués à la tombé de la nuit, après l’arrêt du bombardement.

Le fort recevait toujours des demandes de soutien avant les attaques sur les avants postes ennemis. Le gouverneur donnait l’ordre de mettre en batterie sur des positions défilées à l’extérieur les pièces de 90 encore en état. Des patrouilles d’infanterie étaient activées afin de prévenir de toutes attaques du fort et des nouvelles batteries. La tourelle de 155 subissait de nouvelles avaries et seule la 75 tirait encore dans des conditions dantesques.




Les tourelles en soutien


Le 27 septembre, dès l’aurore le bombardement ennemi reprenait. Les cuirassements français ne répondaient que par intermittence. Les ordres pour l’artillerie du fort étaient assez simple s’opposer à tout ce qui pouvait entraver l’avance de nos troupes.

Les deux tourelles reprenaient donc leurs tirs en soutien de nos unités en mouvement. La tourelle de 75 interrompait ses tirs, suite à un soulèvement de béton qui obstruait les tubes. Pour sa part la 155 dirigeait ses tirs sur la lisière du bois Jura.

La tourelle de 75 était rapidement dégagée et reprenait ses tirs sur les lignes ennemies. En fin de matinée la tourelle de 155 était réduite définitivement au silence suite à la rupture d’un tuyau de la pompe hydraulique. La réparation était rendue impossible par suite de l’effondrement du magasin des pièces de rechanges. Vers 17 heures 3 hommes étaient ensevelis dans un des couloirs d’accès de la 75.

La tourelle cessait immédiatement ses tirs en attendant l’évaluation des dégâts par le génie. Le fort était devenu muet et le gouverneur convoquait immédiatement la commission de défense pour une évaluation précise de la situation.


La batterie 13 réarmée

Le 28 septembre, le gouverneur donnait l’ordre de réarmer la batterie 13 dont les pièces de 120 n’étaient que partiellement ensevelies.
Les 90 à l’extérieur devraient également soutenir les troupes dans la direction de Varnéville.
Mais une pluie d’obus fusants retardait la remise de état de la batterie 13 et l’intervention des 90 étaient également contrariés par des tirs de zone de l’ennemi. Le fort était toujours réduit au silence.

Le rapport de l’officier du génie en commission de défense avait fait état de la destruction des magasins à vivre, de la boulangerie, de la manutention et de l’ensemble des casernements. Mais certain dégâts étaient réparables et l’ensemble du dispositif de défense rapprochée du fort était encore opérationnel. Les sapeurs du génie renforçaient la galerie principale de la 75 avec des étais.

A 13 heures la tourelle de 75 du fort détruisait une batterie de campagne ennemie à la corne ouest de la route Apremont St Mihiel. Les 90 entraient enfin en action ainsi que deux 120 de la batterie 13.

Rapidement ces batteries étaient encadrées par les obus, mais les tirs reprenaient après la moindre accalmie. A l’issue de la commission de défense un demande de réduction des effectifs avait été transmise au général Castelli commandant le 8ème corps.


Fonds historique de l'association de sauvegarde du Fort de Liouville.



Le fort aujourd'hui dans notre reportage :










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