Sarre-Union : des centaines de tombes juives saccagées, Hollande attendu mardi

Plusieurs centaines de tombes juives ont été profanées dimanche à Sarre-Union. François Hollande devrait assister mardi à une cérémonie au cimetière juif de la commune, a indiqué René Gutman, grand Rabbin de Strasbourg.

Près de 300 tombes ont été vandalisées. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cimetière a été la cible des vandales à six reprises, les plus marquantes en 1988, en 2001 et en 2015. Reportage au lendemain de cette profanation.

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Rappel des principales profanations en Alsace

La réaction de René Gutman, grand Rabbin de Strasbourg dans le journal régional (16 février)
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Dimanche soir, dans une nuit noire, le seul accès goudronné au cimetière, isolé des habitations par un pont enjambant une voie de chemin de fer, était bloqué par des gendarmes. Des techniciens en identification criminelle, venus de Strasbourg, s'affairaient avec des projecteurs et lampes de poche. Selon une source proche de l'enquête, la gendarmerie a été prévenue dimanche peu avant 17H00 de la profanation de ce cimetière juif qui compte environ 400 tombes.

Le préfet du Bas-Rhin et le procureur de la République de Saverne se sont rendus sur place en début de soirée, ainsi que le grand rabbin de Strasbourg, René Gutman, et Philippe Richert, le président de la région Alsace. "C'est une image de désolation", a décrit M. Richert. "De nombreuses stèles sont à terre, des dalles horizontales ont même été soulevées". Il a évoqué un "acharnement", "quelque chose d'organisé" car "on ne renverse pas comme ça de lourdes stèles en grès du 19e siècle aussi facilement. Il y avait une volonté de détruire", a-t-il estimé.

La réaction de Marc Séné, maire de Sarre-Union
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Dimanche 15 février : découverte de la profanation

D'après le premier adjoint au maire, Richard Brumm, joint par francetvinfo, c'est un habitant de la commune qui a alerté les gendarmes, dimanche, après avoir remarqué que le portail de la nécropole avait été dégradé. "Nous avons ressenti beaucoup de tristesse en découvrant tout cela, ajoute l'élu. Dans cette période délétère, nous devons être plus que jamais solidaire avec l'ensemble de la communauté juive."

Raphaël Nisand va porter plainte, en tant qu'avocat, au nom du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme. 

"Les constatations de police scientifique sont en cours. Autour de 300 tombes auraient été profanées" selon les premiers éléments de l'enquête. Il s'agit de "dégradations", "pour l'instant aucune inscription n'a été constatée". Le préfet du Bas-Rhin et le procureur de la République de Saverne se sont rendus sur place.

"Il n'y a pour le moment pas de revendication. Pas de croix gammés, ni aucune inscription. On pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres, mais on est bien touché de plein fouet ici", regrette Jean Kling, président du Consistoire israélite du Bas-Rhin.

 

Hollande dénonce "un acte odieux et barbare"

"Tout sera mis en oeuvre dans les meilleurs délais pour que les auteurs de cet acte odieux et barbare soient identifiés et punis", a promis le président François Hollande dans un communiqué. "La France est déterminée à lutter sans relâche contre l'antisémitisme et ceux qui veulent porter atteinte aux valeurs de la République", a insisté l'Elysée.

Réactions

Réaction de Roland Ries, maire PS de Strasbourg


Réaction de Guy-Dominique Kennel, pdt UMP du Conseil général du Bas-Rhin

Réaction de Guy-Dominique KENNEL

Réaction du Premier ministre Manuel Valls 

Réaction de Christiane Taubira, ministre de la Justice




"J'en ai marre de tous ces actes antisémites, sous leurs différentes formes, qu'on a vus le 9 janvier à Paris, hier à Copenhague et aujourd'hui en Alsace. Cette haine qui s'exprime démontre qu'on a complètement raté l'éducation de nos jeunes", s'est emporté le président du Conseil représentatif des Institutions juives de France, Roger Cukierman.

Selon Bernard Cazeneuve, "aucune violence, aucune manifestation d'irrespect ni de haine inspirée par toutes les formes de racisme ou d'intolérance religieuse ne fragilisera notre indestructible volonté de vivre ensemble, en liberté". "Nous protégeons tous les lieux de culte, toutes les institutions, nous le faisons en très étroite liaison avec la communauté juive", a-t-il ensuite rappelé sur TF1. "Il y a des policiers, des gendarmes qui se mobilisent pour assurer le protection de tous ceux qui peuvent en France être victimes de la haine antisémite, de la xénophobie et du racisme. Et nous nous mobilisons aussi contre les actes antimusulmans parce que la haine, la division, le racisme n'ont pas leur place en France."

Un cimetière déjà profané par le passé

Ce n'est pas la première fois que le cimetière juif de Sarre-Union fait l'objet de profanations. En 1988, une soixantaine de stèles juives avaient été renversées, et en 2001, 54 tombes avaient été saccagées.

Le nombre d'actes antisémites a doublé en France en 2014 par rapport à l'année précédente, avec une hausse des violences plus marquée encore que celle des injures. Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), organisme communautaire travaillant en lien avec le ministère de l'Intérieur, 851 actes antisémites (actions et menaces) ont été recensés l'an dernier, contre 423 en 2013, soit une hausse de 101%, atteignant un plus haut depuis 2004 (974 actes). 
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