Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a défendu une mesure exceptionnelle en faveur de l'investissement productif privé, en visitant lundi l'entreprise d'équipements automobiles Punch Powerglide à Strasbourg.
Pour M. Macron, cette entreprise représente "un très bon cas de réindustrialisation et de redémarrage industriel", alors que cet investissement va se traduire selon l'entreprise par 200 emplois supplémentaires, portant le total des effectifs à 1.350 personnes à l'horizon 2016. L'investissement consenti par Punch sera éligible à une mesure annoncée ce mois-ci, visant à encourager l'investissement productif privé des entreprises en leur permettant d'augmenter leur amortissement de 40%.
Les entreprises pourront ainsi "suramortir" de 40% leurs investissements industriels réalisés entre le 15 avril 2015 et le 14 avril 2016. "Ce dont notre économie a besoin, c'est que l'investissement redémarre. Il y a des mesures qui ont été prises sur le plan macroéconomique pour baisser le coût du travail, le CICE, le pacte de responsabilité (...) il faut maintenant que l'investissement privé reparte", a souligné M. Macron lundi. Il a aussi noté que la totalité de la production de l'usine strasbourgeoise de Punch était exportée, signe selon lui que "quand on investit, quand on réorganise la production, le site France est un site productif".
La CGT de Punch Strasbourg a toutefois estimé que le site devait sa survie "à la lutte des salariés menée depuis des années et en particulier en 2012, lorsque que GM (...) avait décidé de se débarrasser de l'usine", et obtenu que l'entreprise américaine laisse dans les caisses "plus de 218 millions d'euros qui appartenaient aux travailleurs de GM".
Le syndicat, dont des représentants ont interpellé M. Macron lors de sa visite, a aussi remarqué que l'investissement s'est surtout fait via des prêts bancaires et dit craindre que l'endettement de la société se traduise au "détriment des salaires et des conditions de travail".
Macron appelle à s'inspirer du modèle allemand pour l'usine du futur
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a estimé lundi que la France devait s'inspirer du modèle allemand pour développer des "usines du futur", clés de la réindustrialisation de l'Hexagone selon lui. De passage pendant quelques heures à Stuttgart (sud-ouest de l'Allemagne), M. Macron a visité une usine d'engrenages de haute précision du groupe Wittenstein, construite sur le modèle du plan allemand "Industrie 4.0". Doté de capteurs, connecté, capable d'une grande flexibilité grâce à une gestion des flux en temps réel, ce type d'usine est celui autour duquel la France veut réorganiser sa politique industrielle, a indiqué M. Macron à des journalistes, promettant de dévoiler un plan à cet effet le 18 mai à Nantes (Loire-Atlantique).Synonyme de "changement de modèle de production en favorisant les plus hautes marges, les plus hautes qualifications", ces usines permettent de "produire des
quantités parfois plus petites à plus haute valeur ajoutée, pour certaines niches industrielles", a relevé le ministre. "C'est ce modèle qu'on veut pouvoir développer en France, et je crois que s'inspirer du modèle allemand est extrêmement important parce que l'Allemagne a réussi dans les années 1980-90 la robotisation et la montée en gamme que nous avons ratée, je ne veux pas que nous manquions cette fenêtre qui s'ouvre", a-t-il plaidé. M. Macron était accompagné lors de cette visite par le ministre de l'Economie du Land (Etat régional) de Bade Wurtemberg, Nils Schmid, qui a dit de son côté avoir "envie que la France et l'Allemagne réussissent en Europe, et ça passe par l'industrie".
"On ne peut pas toujours baisser les salaires et les coûts salariaux, c'est pourquoi il faut toujours investir dans la recherche", a ajouté M. Schmid, qui s'exprimait en français, en faisant valoir que son Land investissait 5% de son PIB dans la recherche et développement. Alors que l'usine visitée lundi était fortement automatisée, avec peu d'ouvriers, M. Macron a assuré que l'"on ne détruit pas de l'emploi quand on fait ce passage à l'industrie du futur. On crée les conditions pour sauver des emplois ou réindustrialiser". "Nous avons tous les moyens pour le faire, on a des ingénieurs de grande qualité, des jeunes qui veulent aller dans l'industrie, on a des entreprises installées, il faut donner cette impulsion, c'est l'affaire des deux ou trois prochaines années", a encore dit le ministre.