Se lancer dans une rétrospective de l'oeuvre de Velazquez n'est pas une mince affaire tant ses chefs d'oeuvre sont convoités et les musées jaloux de leurs trésors. Guillaume Kientz, commissaire de l'exposition au Grand Palais, a pourtant réuni plus de cinquante toiles, certaines célébrissimes.

Mais il refuse de prêter plus de sept oeuvres simultanément. "Il a donc fallu en trouver partout et ça été compliqué", reconnaît le commissaire. D'autant que beaucoup de musées répugnent à se séparer même temporairement de pièces aussi exceptionnelles et que, les Velazquez étant très demandés, les emprunteurs sont souvent en concurrence. Ainsi "Le Repas d'Emmaüs", de la National Gallery de Dublin, ne rejoindra Paris que le 24 avril car il figure déjà dans une autre exposition. Pour obtenir le feu vert, Guillaume Kientz, 35 ans, a dû accepter en échange des prêts du Louvre, où il est chargé des collections ibériques. La National Gallery de Londres a envoyé la mystérieuse "Vénus au miroir", seul nu du peintre, mais recevra en contrepartie "Le Christ" du Greco. Malgré ces difficultés, l'extraordinaire portrait du pape Innocent X a quitté la galerie Doria Pamphili de Rome et "La Tunique de Joseph" le monastère de l'Escorial.
Une soixantaine de toiles de l'entourage de Velazquez, ou l'ayant influencé, sont également présentées. Et "Les Ménines" ? Au delà de la fragilité d'une des oeuvres les plus fascinantes de la peinture occidentale, elles sont "un monument de l'art, un monument de l'Histoire, un monument espagnol et les monuments, on va à eux, on ne les déplace pas", écrit Guillaume Kientz.