L’association « Krütdorscha Akademi » fête ses dix ans cette année. Des habitants de Berrwiller l’ont fondée pour faire vivre leur langue maternelle, l’alsacien. Entre cours pour les enfants et stammtesch pour les adultes, le dialecte est plus que jamais vivant dans le village.
Pour sauver la pratique de l'alsacien, il y a la parole et surtout les actes. A Berrwiller (Haut-Rhin), tout le village se mobilise. Des habitants ont créé une association il y a 10 ans, la Krütdorscha Akademi, comprenez l'académie des trognons de choux (le surnom donné jadis aux habitants du village). Cinq fois par semaine, une vingtaine de bénévoles donnent des cours aux enfants du village, sous forme de jeu.
Quarante jeunes, de 6 à 18 ans, sont inscrits cette année. Pour la plupart, comme Mateo Santos-Koenig, la principale motivation est de pouvoir comprendre les adultes de la famille qui parlent le dialecte. Sa sœur Luma maîtrise déjà plusieurs langues, comme le français, l’anglais et le brésilien. Cap désormais sur l’alsacien. La fillette rêve de devenir interprète.
En ce moment, les enfants préparent surtout le spectacle qu’ils joueront devant leurs parents au mois de mai. Chansons, pièces de théâtre, ils apprivoisent certains classiques du répertoire alsacien et des sketches plus ou moins inventés pour l’occasion.
Stàmmtesch jusqu'au bout de la nuit
Et tout cela porte déjà ses fruits. Théo Nemett est désormais capable de tenir une conversation avec sa mère et ses grands-parents et joue dans une troupe de théâtre. Le lycéen de dix-huit a suivi ces cours, dispensés par des adultes de Berrwiller, dès ses six ans.Les adultes, eux-aussi, se retrouvent pour faire vivre l’alsacien. Un stammtesch est organisé une fois par mois autour d’un invité de la région. Conversations, débats en dialecte, mais aussi et surtout partage. L’alsacien suscite une convivialité et une proximité naturelle. Les soirées se poursuivent parfois jusqu’au bout de la nuit, autour d’un verre et d’un morceau de cake, comme il y a quelques années dans les bistrots des villages. Et c’est peut-être ce qui plaît le plus aux participants, qui viennent même des communes voisines.