Accident de TGV en Alsace : le conducteur affirme qu'il n'allait pas trop vite

Le déraillement d'un TGV d'essai, qui a fait 11 morts samedi en Alsace, n'était pas dû à une vitesse excessive, affirme son conducteur, mais ce point devra être vérifié par l'examen des boîtes noires, a indiqué lundi le parquet. 

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Le conducteur, un professionnel "très expérimenté" qui n'a été que "très légèrement blessé" dans l'accident, a affirmé aux enquêteurs "avoir respecté parfaitement la vitesse qui lui était assignée sur ce tronçon", c'est-à-dire 176 km/h, a précisé lors d'un point de presse le procureur-adjoint de Strasbourg, Alexandre Chevrier.

Cependant, seul l'examen des boîtes noires, "a priori tout à fait exploitables", permettra de vérifier ce point, a-t-il ajouté. Au total, 53 personnes se trouvaient à bord de ce train: 11 sont mortes et 42 ont été blessées mais "ce bilan n'est peut-être malheureusement pas définitif, car il y a encore quatre personnes dont le pronostic vital reste engagé", selon le magistrat.

Parmi les blessés, on compte quatre mineurs de 10 à 15 ans, mais ils ne sont que légèrement atteints. Ils font partie des "invités" qui étaient montés à bord de ce convoi pourtant destiné à effectuer des essais, sur une nouvelle ligne à grande vitesse qui n'a pas encore été ouverte au service commercial. "L'enquête devra déterminer les raisons" de la présence de ces "invités" dans le train, a dit M. Chevrier.

Un point dont s'est également étonné ce week-end le patron de la SNCF, Guillaume Pepy. "Ça n'est pas une pratique que la SNCF reconnaît. On n'est pas dans une phase touristique ou dans une phase amicale; un train de test est un train de test", a-t-il dit sur France Info. L'accident, le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981, a eu lieu à Eckwersheim, à une vingtaine de kilomètres au nord de Strasbourg, à un endroit où la nouvelle ligne à grande vitesse marque une courbe en franchissant un canal au moyen d'un pont.

"Le convoi s'est 'complètement disloqué"

"D'abord la locomotive a déraillé", pour des raisons encore inconnues, puis elle a "percuté l'arrière du pont avant de basculer dans le vide et, ensuite, l'ensemble des wagons à l'arrière s'est complètement disloqué et a basculé dans le vide", a raconté le vice-procureur. "On n'exclut absolument aucune cause" pour expliquer cet accident, mais "l'hypothèse d'un sabotage ou d'un acte criminel, d'un attentat (...) n'est pas privilégiée", a indiqué le parquet, qui s'apprête à ouvrir une information judiciaire pour "homicides et blessures involontaires".

Selon le président de la SNCF, un tel accident n'aurait "évidemment" pas pu "se produire en service commercial" car les rames transportant des usagers sont équipées de dispositifs de sécurité qui arrêtent automatiquement le train en cas de paramètre anormal (vitesse, vibrations, température...). En revanche, sur les trains d'essai - dont le principe est de pousser la machine plus loin que la normale pour vérifier qu'il existe une marge de sécurité - ces dispositifs "ne sont pas actifs", a-t-il expliqué dimanche. 

Cette tragédie inédite pourrait entraîner un report de la mise en service de cette nouvelle ligne à grande vitesse, en fait, un prolongement de la ligne actuelle, qui doit mettre Strasbourg à 1H48 de Paris, contre 2H20 actuellement. Cette mise en service était jusqu'à présent prévue le 3 avril, mais "il est raisonnable de penser" qu'elle sera "reportée", a reconnu dimanche Jacques Rapoport, le président délégué du directoire de la SNCF, évoquant "la durée des enquêtes et la nécessité de bien tout comprendre avant la mise en service".

Pour l'heure, ce report n'est pas confirmé. Mais l'afficheur numérique, installé en avril dans le hall de la gare de Strasbourg pour compter les jours avant la mise en service de la ligne, a été arrêté durant le week-end.
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