Accident mortel d'un TGV d'essai à Eckwersheim : les conclusions présentées ce mardi aux familles

Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre a présenté ce mardi aux familles des victimes les conclusions de son rapport sur le déraillement d'un TGV d'essai en Alsace qui avait fait 11 morts et 42 blessés en novembre 2015.

La "cause unique" de ce premier accident mortel dans l'histoire du TGV est "la vitesse très excessive de la rame d'essai", le 14 novembre 2015, à Eckwersheim (Bas-Rhin), avait indiqué en février 2016, dans une note d'étape le bureau d’enquêtes sur les accidents de transports terrestres . Ce mardi, ce sont les conclusions du bureau qui ont été présentées aux familles des victimes avant publication du rapport.



Le train d'essai circulait à 265 km/h à l'entrée de la courbe située en amont de l'accident pour une vitesse normalement prévue à 176 km/h. La rame circulait encore à 243 km/h au point de déraillement situé 200 mètres plus loin.

Un freinage 12 secondes trop tard


Selon les enquêteurs, "l'excès de vitesse constaté était dû uniquement à un déclenchement du freinage trop tardif d'environ 12 secondes", dont les causes apparaissent "multiples" et ne sont "pas encore complètement établies".

Le Bureau avait relevé qu'à ce stade, les éléments "ne permettaient pas a priori de remettre en cause le sérieux" du personnel en charge de l'exécution des essais "ni de mettre en évidence que la présence d'invités à bord de la rame (...) ait pu jouer un rôle significatif dans l'accident".

Ce TGV d'essai effectuait des tests en Alsace, sur le nouveau tronçon de la ligne à grande vitesse Paris-Strasbourg, qui devait en principe entrer en service quelques mois plus tard, et ne le sera qu'en juillet 2016, avec trois mois de retard.

11 morts, 42 blessés


Il avait déraillé et était tombé dans un canal, faisant 11 morts et 42 blessés, dont certains très grièvement, parmi les 53 personnes qui se trouvaient à bord – des salariés pour des raisons professionnelles, mais aussi des invités non-salariés.

En parallèle de ce rapport, l'enquête judiciaire se pousuit, menée par deux juges d'instruction du pôle "Accidents collectifs" du tribunal de grande instance de Paris. Deux employés de la SNCF - un conducteur et un cadre - et un salarié de Systra, filiale chargée de l'ingénierie, ont été mis en examen en octobre dernier, pour homicides et blessures involontaires et placés sous contrôle judiciaire.

Dans leur rapport d'étape, les experts judiciaires ont mis en évidence des "erreurs de calcul" dans la détermination des points de freinage, et "une mauvaise évaluation" de la marge de ralentissement au moment de l'essai.

Un troisième rapport, rédigé par l'ancien président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) André-Claude Lacoste et l'universitaire Jean-Luc Wybo, avait été commandé par la SNCF et Systra.

Remis début juillet, ce rapport formule plusieurs préconisations pour mieux encadrer les essais ferroviaires, recommandant notamment de "positionner deux caméras équipées de micros dans la cabine de conduite", l'une filmant la voie, l'autre le pupitre de commande du train.

Le rapport suggère également de limiter strictement le nombre de personnes présentes en cabine, de n'autoriser aucune personne extérieure à monter dans le train lors des essais en survitesse, ou encore de créer une formation et une habilitation spécifique aux pilotes d'essais, comme dans l'aéronautique.

Voir l'interview ce mardi 23/05 de Gérard Chemla, avocat des familles de victimes, après avoir pris connaissance du rapport du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transports terrestres :

L'avocat des familles des victimes de l'accident du TGV revient sur les conclusions du rapport du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transports terrestres. ©France 3 Champagne-Ardenne

 

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