Bernard Messner est une figure incontournable du judo alsacien. À 80 ans, l'ancien président de la ligue d'Alsace continue à servir d'exemple, kimono sur le dos. Il est le seul "8ème dan" de la région et l'un des rares en France. Portrait d'un passionné, qui a dédié sa vie à son sport.
Plusieurs fois par semaine, Bernard Messner promène encore son regard d'expert sur le tatami du CREPS à Strasbourg. Là-bas, le judoka est chez lui. Il a rejoint l'institution à l'âge de 18 ans pour y apprendre le métier de professeur de sport et n'en est jamais vraiment reparti. Très vite, il a été chargé de former lui-même les futurs professeurs de sport au judo avant, plus tard, de devenir directeur adjoint du CREPS.
Son combat : permettre aux jeunes sportifs de bon niveau de mener de front leur carrière dans le judo et leurs études. Il s'est battu pour l'ouverture des premières sections sport-études en 1974 : "Au début, les lycées ne voulaient pas des gens qui avaient soi-disant tout dans les bras et rien dans la tête. On a fini par obtenir la création d'une section sport-études au lycée Couffignal à Strasbourg, dans le technique, mais il a fallu attendre encore quelques années pour que les lycées classiques franchissent le pas", explique Bernard Messner. Le judo a ouvert la voie à d'autres sports.
L'enfant de Vieux-Thann, monté pour la première fois sur un tatami à l'âge de 12 ans à l'école, n'a jamais perdu le goût de transmettre. Aujourd'hui encore, à bientôt 80 ans, il enfile régulièrement son kimono pour distiller ses conseils aux jeunes du CREPS ou de différents clubs de la région. Et partout où il passe, il inspire le respect. Tout le monde connaît Bernard Messner, le seul 8ème dan d'Alsace et l'un des rares en France. Une distinction obtenue en 2019, "le même jour que le champion olympique David Douillet". Excusez du peu.
Rencontre avec l'empereur du Japon, découverte des favelas de Rio
Bernard Messner est intarissable. Car le judo est sa vie, ou plutôt, sa vie est le judo. Conseiller technique à la Fédération française, président de la ligue d'Alsace, mais aussi directeur du judo à la Fédération internationale du sport universitaire, il a multiplié les casquettes. En 1984, il a organisé le premier championnat du monde universitaire ouvert aux femmes, à Strasbourg. "On m'a dit, si tu veux des filles, t'as qu'à organiser le tournoi, alors je l'ai fait", sourit-il. Les "grands" ont suivi. Précurseur, encore.
Grâce à ses différentes fonctions, il a pu voyager dans le monde entier, rencontrer des personnalités, remplir sa boîte à souvenirs. Il a échangé avec l'empereur et l'impératrice du Japon, discuté avec certains présidents africains lors de stages qu'il a encadrés "au Burundi, au Rwanda, au Sénégal, à Madagascar...", pratiqué son sport en plein milieu des favelas à Rio de Janeiro.
"Peu importe le coin du globe où on se trouve, lorsqu'on fait du judo toutes les différences tombent. Entre le moment où on monte sur le tatami et celui où on descend, on applique les mêmes règles. Le judo est une superbe école de la vie. Cela va bien au-delà du haut niveau", insiste-t-il. Une école dont il veut continuer à faire la promotion. Un maître au service de son sport, combattant sur tous les fronts.