Alsace : pass sanitaire et météo, le mauvais cocktail de l'été pour les restaurants

Montrer son QR code à l'entrée d'un restaurant est en train de devenir une habitude pour les Alsaciens. Alors que le pass sanitaire est obligatoire depuis le 9 août 2021 pour s'attabler, l'activité des restaurateurs n'est pas toujours au beau fixe. Certaines villes s'en sortent grâce aux touristes.

Depuis le 9 août, le pass sanitaire (vaccin complet, test covid négatif ou preuve de rétablissement) est exigé partout en France pour manger au restaurant ou boire un verre dans un bar. Si pour certains restaurateurs alsaciens le précieux sésame n'a rien changé à leurs habitudes, pour d'autres, il a entraîné une baisse de la fréquentation, jusqu'à 50% dans plusieurs villes haut-rhinoises.

Outre le pass sanitaire, les restaurants accusent le coup avec une baisse d'activité liée au week-end du 15 août, date du dernier grand départ en vacances. A cela s'ajoute évidemment une météo peu clémente, qui ne donne pas très envie de s'installer en terrasse...

Des touristes absents

Belges, Hollandais ou Allemands, les touristes reviennent doucement en Alsace et tous ont avec eux leur pass sanitaire. Mais dans le centre-ville de Mulhouse, rares sont les étrangers depuis le début de l'été. La Winstub Henriette peut toutefois compter sur une clientèle locale."Chez nous, c’est même mieux que l’été 2019. Je pense que le confinement était long pour tout le monde, les gens veulent sortir. Beaucoup d'Alsaciens ne sont pas partis en vacances ou sont restés ici alors ils veulent consommer local", assure Christine Fehr, la gérante. Avec 80 couverts en moyenne chaque jour, le pass sanitaire n'a pas joué les trouble-fêtes dans ce restaurant de spécialités alsaciennes.

Parmi les locaux, beaucoup de personnes âgées et des actifs, souvent les premiers à avoir reçu leurs doses de vaccin. "La moyenne d'âge est de 50 ans. On les contrôle à l'endroit et tout se passe bien. Ils sont même contents qu'on le fasse", poursuit la patronne installée depuis 25 ans. Mais dans le Haut-Rhin, ce constat n'est pas valable pour tous les restaurateurs. "Ceux de Riquewihr, Kaysersberg ou Colmar ne se plaignent pas car ils ont des touristes, explique Jean-Jacques Better, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Bas-Rhin (UMIH 68), mais c’est beaucoup plus compliqué à Mulhouse et dans le Sundgau. Certains restaurateurs ont une baisse de leur fréquentation de 50% depuis l'entrée du pass sanitaire."

"C'est la dernière fois qu’on vient manger ici"

Car si le pass sanitaire rassure certains clients, il en pousse d'autres à déserter les restaurants. "Juste avant son obligation, on m'a dit "c'est la dernière fois qu’on vient manger ici", lance Jean-Marc Dudzic, gérant de L'entrecôte à Mulhouse, ceux qui ne viennent plus sur place font de la vente à emporter, c'est une petite partie de l’activité." Alors qu'il faisait en moyenne 200 couverts par jour en 2019, ce gérant n'en fait plus que 130, une petite baisse de fréquentation qu'il explique notamment par les départs en vacances. 

A Strasbourg, la clientèle qui n'a pas encore de pass sanitaire ou qui refuse de se faire vacciner ne semble pas renoncer, à l'image du gérant du Pacific Princess et des Innocents. "J’ai quelques habitués qui se font tester juste pour venir manger chez moi", sourit Marc Thiébaut. Même avec le QR code obligatoire, son restaurant est quasiment complet lors de tous les services.

Pass sanitaire et météo, le mauvais combo

Niveau logistique, le contrôle des pass reste chronophage pour les serveurs. "Nous avons un smartphone sur nous et on scanne les codes. C'est sûr, on perd un peu de temps, surtout sur les tables de six. On est content de voir du monde mais on sent que ce n'est pas quelque chose de très normal de contrôler les gens." 

Sans le pass sanitaire, les restaurants auraient fermé d'ici octobre.

De son côté, Jacques Chomentowski, le président délégué à la restauration et aux débits de boisson à l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Bas-Rhin (UMIH 67), souligne déjà une perte de chiffre d'affaires allant de 10 à 30% selon les restaurants, et surtout, selon leur implatation. Mais le pass sanitaire ne serait pas la raison principale de la baisse d'activité, loin de là. "Les retours sont disparates mais c'est surtout difficile pour les grandes terrasses de café en ce moment avec la météo. En plus, il n'y a pas assez de touristes pour compenser tous les départs en vacances." Mais Jacques Chomentowski se veut optimiste. Selon lui, le pass sanitaire est "un moindre mal. Sans lui, les restaurants auraient fermé d'ici octobre."

Comme le prévoit le projet de loi sanitaire voté le 25 juillet, ce sera au tour des professionnels de la restauration de présenter leur pass sanitaire pour venir travailler à partir du 30 août. Faute de pass, leur contrat de travail pourrait être suspendu.  

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