Les élèves reprendront le chemin de l'école le 2 septembre prochain. Mais à l'approche de la rentrée, les consignes sanitaires restent floues. Au-delà des annonces distillées par voie de presse par le gouvernement, les chefs d'établissement en Alsace attendent des consignes officielles.
A moins de dix jours de la rentrée scolaire, les chefs d'établissement ont découvert dans les médias les mesures qu'ils devront appliquer.
"J'en ai assez d'entendre par la presse ce que je dois faire. Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l'Education Nationale, devrait d'abord s'adresser à ses cadres, avant de parler aux médias" dit Véronique Rosay membre de l'exécutif national du SNPEDN, et qui s'apprête à prendre la direction du lycée Pontonnier de Strasbourg.
Même réaction de la part de Rodolphe Raffin, proviseur au Lycée Marcel Rudlof, qui accueille 1 200 élèves dans le quartier des Poteries à Strasbourg. "Je suis devant le site internet du Ministère de l'Education Nationale, pour avoir des précisions. Tout ce que je sais, je l'ai appris par les médias. Hors pour nous, c'est le bulletin officiel qui s'applique" expliquait-il lundi 23 août au matin, avant de préciser que dans l'après-midi, le rectorat a confirmé les différentes dispositions déjà rendues publiques.
Un protocole "sanitaire de niveau 2"
Le protocole sanitaire diffusé en juillet aux établissements scolaires définissait quatre niveaux de protection, du plus léger au plus contraignant. Jean-Michel Blanquer, et le rectorat dans la foulée, ont retenu le niveau 2 pour la rentrée : cela signifie concrètement des cours en présentiel, les masques obligatoires en intérieur, l'aération des locaux, le lavage des mains et la désinfection régulière des équipements. "On fait comme on peut avec le personnel qu'on a" nuance Véronique Rosay qui croise les doigts pour que la situation sanitaire ne se dégrade pas, entraînant un basculement vers un niveau 3 ou 4. "Les gens sont fatigués, ils sont à cran" observe-t-elle "Le bénéfice de l'été va vite se dissiper". Car les diffcultés sont déjà prévisibles.
Etre ou ne pas être vacciné
Etre ou ne pas être vacciné : pour les plus de 12 ans, c'est le sujet sensible. Car si un élève est déclaré positif, ses camarades identifiés comme cas contact ne seront pas tous logés à la même enseigne : ceux qui sont vaccinés pourront continuer à suivre les cours en présentiel, les autres seront à l'isolement à leur domicile pendant une semaine. Cela signifie que l'établissement scolaire devra demander aux familles si l'élève est vacciné ou pas."On ne pourra pas l'éviter" reconnaît Véronique Rosay, parfaitement consciente que cette mission est hautement sensible, et de plus chronophage.
"En cas d'élève diagnostiqué positif, il faudra faire un tracing de ceux qu'il a cotoyé. Mais sur combien de temps? 24h ou 72h? Auprès des camarades de sa classe, mais aussi ceux de la demi-pension, ceux de la cour de récréation, ceux des différents groupes de travail... On peut aller jusqu'à 80 élèves sur le listing de cas contact. Et ça fait un millefeuille qui commence à monter, on risque d'y passer beaucoup de temps" remarque Rodolphe Raffin.
Et la pédagogie dans tout ça?
"On sent bien que le gouvernement ne veut pas imposer la vaccination, tout en y incitant très fortement" résume Véronique Rosay. D'où une certaine confusion avec laquelle les établissements scolaires sont obligés de composer. Le Ministre de l'éducation nationale a déclaré que "dans tous les collèges et lycées de France, élèves et personnels auront accès au vaccin, à proximité ou au sein même de leur établissement". Mais les chefs d'établissement, à ce jour, n'ont été saisi d'aucune demande concernant l'organisation de campagnes de vaccination au sein du collège ou du lycée.
Véronique Rosay, elle, voudrait sortir de ce débat. "J'aimerais bien que la rentrée ne se résume pas au sanitaire", dit-elle. La proviseure milite pour une normalisation, autant que possible, de l'année scolaire, car les élèves ont déjà été durement touchés par les restrictions de l'an dernier. Pour ne pas les fragiliser davantage, elle réclame, au-delà du retour à l'école pour tous sans dicrimination, la possibilité d'effectuer des sorties culturelles sans pass sanitaire. Une "exception scolaire", en quelque sorte.