Rund um. Que deviennent nos déchets après leur ramassage ? Comment s'effectue le tri ? Qu'est-ce qui peut être valorisé ? Pour répondre à ces questions, le SMICTOM de Scherwiller nous a ouvert ses portes. Y compris celles de leur nouvelle unité de fabrication de combustible de récupération dédié à l'industrie, remplaçant leur centre d'enfouissement des déchets ultimes.
71000 tonnes par an. Verre, plastique, métal, ordures ménagères : les déchets des habitants de 90 communes d’Alsace centrale transitent par le SMICTOM (Syndicat Mixte Intercommunal pour la Collecte et le Traitement des Ordures Ménagères) de Scherwiller, pour être triés ou incinérés. A l’étage, des valoristes trient les matériaux à la main, à un rythme soutenu, avant que ces déchets ne repassent dans des machines pour un tri optique à toute vitesse. Dehors, de grands ballots de canettes, de bouteilles ou de cartons recyclés et compressés attendent d’être envoyés vers des entreprises de recyclage.
Aux alentours du site, pourtant, point d’odeurs… le visiteur doit déjà s’approcher près de la fosse des sacs de restes ménagers pour avoir les narines qui chatouillent. Nos guides nous expliquent qu’après certaines plaintes de riverains, des efforts drastiques ont été faits pour éviter les nuisances olfactives.
La fermeture du centre de stockage de déchets ultimes
Il en est de même pour l’ancien Centre de Stockage des Déchets Non Dangereux (CSDND), à Châtenois. Celui-ci est fermé depuis le 1er octobre 2022, l’autorisation préfectorale étant arrivée à échéance. « En 2016, nous avons investi 1,6 million d’euros pour régler le problème d’odeurs, que nous reprochaient les habitants » explique Christian Ottenwaelder, vice-président du SMICTOM. « Aujourd’hui, les déchets ultimes sont recouverts par plusieurs couches d’argile, aux propriétés étanches, de géotextile et de terre végétale. »
Dans les entrailles de la colline du centre, 25 à 30 mètres de déchets, non recyclables, venus des déchetteries du réseau. Par exemple, certains plastiques, des restes de mobilier industriel, du bois… Depuis 1979, ces tonnes s’accumulent dans plusieurs fosses, surveillées de près par un technicien. Celui-ci contrôle les émanations de gaz, certains pouvant conduire à des incendies spontanés ou de mauvaises odeurs.
Des déchets transformés en combustible
Pour ce qui est des déchets ultimes, une solution alternative de traitement a dû être trouvée. Il s’agit de la fabrication de CSR, du combustible solide de récupération. 8000 tonnes par an sont ainsi traitées et transformées dans une nouvelle unité, construite dans ce but, à Pfastatt, par le groupe Bohn + Schroll. En bout de chaîne, de petits morceaux de matériau, qui seront utilisés par une usine de fabrication de nylon, entre autres, comme nous l’explique le responsable d’exploitation du site, Jean-Pierre Jacquemet : « ce combustible de substitution va servir à alimenter le site pétrochimique de Chalampé et à produire de la vapeur pour se substituer aux énergies fossiles ».
Une solution trois fois plus chère que l’enfouissement, mais la meilleure à ce jour, nous assure Jean-Pierre Piela, président du SMICTOM. « Soit on fabriquait du combustible, soit on envoyait nos déchets dans un autre centre de stockage, en Lorraine, ce qui impliquait aussi des coûts plus élevés », nous explique-t-il. Et faire du neuf avec du vieux, n’est-ce pas la tendance ?