Avec son spectacle en alsacien E Lieb, Isabelle Klein sonde l'intimité d'un couple traumatisé par la guerre. Jacques, ancien Malgré-nous, et Catherine, se redécouvrent sur scène, au-delà du temps. Un exutoire poétique et musical.
Le festival Langues en scène soutient pour la quatrième édition des créations théâtrales en langues régionales. L'une d'entre elles se joue en alsacien : E Lieb - Un Amour.
Catherine est veuve depuis 30 ans déjà. Avant de mourir à son tour, elle veut se libérer des ombres de son passé, comprendre pourquoi son mari ne l'a jamais vraiment retrouvée à son retour de la guerre.
Face à ses questionnements, Jacques lui apparaît sous forme de visions auditives, tel un fantôme. Portés par la musique, omniprésente dans la pièce, mari et femme se dévoilent tour à tour et finissent par se répondre. Un dialogue s'installe. Le couple se dit ce qu'il n'a jamais osé se dire.
Psychanalyse de l'Alsace
L'histoire d'amour nous est donnée à vivre dans l'intimité de Catherine et Jacques. "Lorsque les soldats sont rentrés chez eux, après la guerre, ils n'ont pas pu simplement tout effacer de leur mémoire. La guerre se poursuit, c'est ce que j'ai voulu exprimer", confie Isabelle Klein, l'auteure de E Lieb, qui joue aussi le rôle de Catherine, avec Pierre Hoppé pour partenaire.
"La pièce est quasiment une psychanalyse de l'Alsace, poursuit celle dont la guerre a aussi marqué la propre histoire. Le père d'Isabelle Klein a été Malgré-nous. Mais ce n'est pas sa vie que je raconte. Volontairement, je n'ai d'ailleurs mentionné aucune date et peu de faits historiques précis car le traumatisme n'est pas propre à la Seconde Guerre mondiale. C'est pareil pour les vétérans du Vietnam, les Malgré-nous, les juifs, le génocide au Rwanda..."
Le spectacle en alsacien est présenté dans plusieurs villes d'Alsace. Des créations en platt (Under D'Brick) et en welche (Alice aux pays des Welches) sont aussi proposées dans le cadre du festival Langues en scène.