Alsace : en hiver, on taille les arbres pour obtenir de beaux fruits

Rund Um. L'hiver est propice à certains travaux d'extérieur. Dans les vergers alsaciens, les associations d'arboriculteurs sont à l'oeuvre pour tailler les arbres. Le but : favoriser la fructification. Mais également transmettre ce savoir, afin d'inciter les particuliers à replanter des arbres fruitiers.

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Durant la saison froide, sauf si le gel est trop intense, les arboriculteurs sont au travail, car l'hiver est le moment de tailler les arbres fruitiers. Du Nord au Sud de l'Alsace, les membres d'associations locales d'arboriculteurs passent donc chaque semaine de nombreuses heures dans leurs vergers-école, pédagogiques ou conservatoires.

Tailler un arbre équivaut à un véritable soin, explicité par Josiane Prévot, monitrice arboricole et présidente de l'association des arboriculteurs de Riedisheim (Haut-Rhin). L'objectif est de "faire entrer la lumière, et mieux répartir la sève, pour une bonne production de fruits et une bonne alimentation des feuilles, pour que la photosynthèse se fasse correctement, et que l'arbre fonctionne bien."

Mais la taille est tout un art, que les associations s'efforcent aussi de transmettre aux particuliers, au travers de journées de démonstration, ou de véritables formations sur plusieurs semaines. Car leur souhait est que chaque propriétaire d'un lopin de terre ou d'un coin de jardin retrouve l'envie de cultiver quelques arbres fruitiers. Exemples à Rixheim et Riedisheim. 

A Rixheim, des arbres en espalier

Depuis quelques semaines, les vergers gérés par l'association des arboriculteurs de Rixheim-Eschentzwiller (Haut-Rhin) sont en pleine effervescence. Chaque mardi et samedi, des membres de l'association viennent y entretenir leurs arbres fruitiers.

Dans leur verger-école, sis sur les hauteurs de la commune à côté du verger conservatoire, il y a du choix question production de fruits : pommes, poires, quetsches, mirabelles, cerises, reines-claudes, coings, pêches… Mais ici, point de grands arbres à hautes tiges. L'association privilégie les petits arbres de 2 mètres de haut, plantés en espaliers. Car l'objectif est de donner des idées aux particuliers qui n'ont que de tout petits terrains.

"On le fait pour que les propriétaires de petits jardins voient qu'on peut planter des arbres fruitiers à la place d'une haie de thuya" explique Patrick Dietemann, moniteur arboricole et vice-président de l'association. Ces petits arbres sont espacés d'1 à 1,50 mètre au maximum.

On le fait pour que les propriétaires de petits jardins plantent des arbres fruitiers à la place du thuya. 

Patrick Dietemann

Ces arbustes destinés à former une haie doivent garder une structure particulière, pratiquement bi-dimensionnelle : un tronc, "et des deux côtés (…)les branches qui porteront les fruits" précise Patrick Dietemann. Ils nécessitent donc une taille annuelle. D'une part, pour les maintenir bas, afin que les fruits restent à portée de main. D'autre part, pour supprimer les branches trop épaisses en hauteur, qui risqueraient d'accaparer la sève, au détriment des branches fruitières. Et enfin, pour éliminer les anciennes branches fruitières qui ont déjà porté durant plusieurs années.

"Quand elle a 2, 3 ans, une branche porte du fruit" ajoute le moniteur arboricole. Ensuite, il faut la rabattre pour favoriser une nouvelle branche." Seul petit hic : chaque arbre est unique, et mettre ces principes théoriques en application n'est pas toujours évident.

"Je serai encore un apprenti pendant quelques années" s'amuse Serge Sellet, membre actif de l'association. "Ça fait deux ans que j'ai commencé, le chef dit que je me débrouille pas trop mal (…) Mais à chaque fois, j'ai besoin de temps pour réfléchir. Ceux avec plus d'expérience et de métier voient plus rapidement où couper. C'est aussi pour ça qu'on est souvent à deux ou trois par arbre, car chacun donne ses idées."

Au-delà des rangées d'espaliers, l'association cultive aussi des arbustes basses tiges qui conservent la forme d'un arbre traditionnel, mais peuvent également trouver place sur un terrain exigu. Et elle gère également de petits vergers près des écoles de Rixheim et d'Eschentzwiller. Et dispose d'un pressoir pour faire du jus.

A Riedisheim, des arbres hautes tiges et une formation complète

A cinq km de là, à Riedisheim, le verger conservatoire et pédagogique du Fuchsberg comprend uniquement des arbres à hautes tiges, pommiers, cerisiers, poiriers, abricotiers et pêchers. Ici, c'est  l'association des arboriculteurs de Riedisheim qui est à pied d'œuvre. Josiane Prévot, présidente et monitrice arboricole, rappelle les principes de la taille d'un arbre haute tige.

Première étape : "identifier les parties de l'arbre, sa structure", à savoir : "la branche faitière" (relativement verticale, qui prolonge le tronc), et "les charpentières" (ou branches maîtresses – "Hauptäscht" - qui partent du tronc en formant idéalement un angle à 45°). C'est de ces charpentières et de leurs sous-charpentières que partent les "branches fruitières" (qui portent les fruits).

Petit détail : même en matière d'arboriculture, Haut-Rhinois et Bas-Rhinois cultivent leur singularité. Les arboriculteurs du 68 conservent quatre branches charpentières ("Hauptäscht"), tandis que ceux du 67 n'en gardent que trois. Allez comprendre…  

Tailler un tel arbre consiste à "le maintenir à une hauteur raisonnable, l'aider à continuer à fructifier, et éventuellement renouveler les branches" précise Josiane Prévot en grimpant sur une échelle, armée d'un sécateur et d'une petite scie.

Maintenir l'arbre à une hauteur raisonnable, l'aider à fructifier et renouveler ses branches. 

Josiane Prévot

Elle coupe et taille, tout en continuant ses explications. "On va rabaisser un peu la faitière, et après on va regarder les charpentières, et s'aligner sur la plus faible pour les remettre à la même hauteur. On progresse petit à petit vers le bas de l'arbre."

A chaque étape, il y a des choix à faire entre les branches et les petits rameaux à préserver, et ceux à supprimer. Et cela en fonction de divers critères : une branche qui monte trop "fait du bois" (d'où l'importance de retirer la majeure partie des "gourmands" qui s'élèvent à la verticale), "une branche horizontale fait du fruit", et une branche "qui descend de plus de 20 degrés" est à éliminer.

Au pied du tronc, deux jeunes femmes l'écoutent attentivement et observent chacun de ses gestes. Elles suivent la formation proposée par l'association : cinq soirées théoriques, et cinq demi-journées de pratique.

"Voir Josiane tailler, c'est magnifique" s'exclame l'une d'elles, Simone Bronner. "On a l'impression d'être chez la coiffeuse. Et quand on voit le résultat, on se dit qu'il y a vraiment des choses à faire. J'ai quelques arbres chez moi, et je me suis lancée, plutôt que de tailler n'importe comment." Elle reconnaît que des soirées de formation théorique, de 19h à 22h, "c'est dur" après une journée de travail,  mais ne regrette nullement de s'être engagée dans l'aventure, tant elle trouve cela "passionnant."

Quelques mètres plus loin pousse un vieux pommier que Michel Boetsch, le second moniteur de l'association, retravaille depuis quelques années. "C'est un arbre ancien qui avait trois niveaux de charpentières" explique-t-il. "Celles du haut empêchaient le soleil d'atteindre celles du bas."

Et malgré l'âge vénérable du pommier, il n'est jamais trop tard pour "le ramener à taille humaine" et permettre que "le soleil et l'air circulent" à travers ses branches. "On peut avoir de beaux fruits sur un vieil arbre qu'on a retravaillé. Et qui, à terme, sera plus solide que si on l'avait laissé vieillir" rappelle Michel Boetsch.

Mais ce genre de taille nécessite une bonne dose de patience. En effet, "plus vous taillez, plus il va refaire du bois : si vous coupez une grosse branche, la sève qui veut remonter n'a plus de chambre, donc elle crée de petits rejets (les gourmands) qui remontent à la verticale." Pour éviter cela, il n'y a qu'une solution : procéder en plusieurs étapes, sur plusieurs années, "et ne pas être pressé."

Le verger du Fuchsberg est aussi un refuge pour la biodiversité. Petits rapaces, insectes, grenouilles et plantes de toutes sortes s'y sentent à leur aise.

L'association des arboriculteurs de Riedisheim gère encore deux autres vergers : un petit verger urbain, et un autre proche d'une école. Ce dernier est "à but pédagogique" se réjouit Hubert Fischer, autre membre de l'association. "Il nous sert à faire comprendre aux enfants qu'un arbre est un être vivant, et comment il vit. Et qu'il faut le soigner comme un animal de compagnie, pour qu'il reste en forme."

Durant ce mois de mars, les deux associations proposent encore plusieurs démonstrations de taille destinées à tous les publics :

  • samedi 4 mars à 9h au verger du Fuchsberg à Riedisheim
  • samedi 11 à 8h45 au verger de la commanderie de Rixheim
  • les mardis 14, 21 et 28 mars à 14h à Rixheim
  • samedi 25 mars à 9h au verger de l'école Bartholdi à Riedisheim

 

D'autres lieux et dates de formations sont à trouver auprès de la fédérations des arboriculteurs du Haut-Rhin. Et dès fin mars, après la taille, les associations arboricoles proposeront des démonstrations de greffe.

 

 

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