Sécheresse : on vous explique pourquoi l'agroforesterie est une des solutions pour améliorer la qualité et la quantité de la nappe phréatique

Il n'y a aucun doute sur les données : le niveau de la nappe phréatique d'Alsace est préoccupant à certains endroits et la qualité de son eau s'est dégradée ces dernières années. Pour moins et mieux irriguer certains agriculteurs couvrent leurs sols et adoptent des méthodes d'agroforesterie.

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Pour mesurer le niveau de la nappe phréatique d'Alsace, 170 centrales de mesures et puits sont installés à travers toute la région. Des données enregistrées par l'Aprona, l'observatoire de la nappe situé à Colmar (Hat-Rhin), et les résultats ne laissent pas de place au doute : le niveau de notre eau souterraine a baissé à certains endroits et sa qualité laisse à désirer.

Germain Nuss fait partie des 70 observateurs que compte l'Aprona. Chaque semaine,  il se rend au puits de Geispolsheim (Bas-Rhin) avec son mètre pour y relever le niveau de la nappe. "Vous entendez, je touche l'eau. Nous sommes à 2m27". 15 ans que Germain se rend au puits. Et le constat est là : le niveau est assez bas et ce n'est pas nouveau.  "Il y a 3-4 ans, la nappé était à 2m48". 

Des mesures que Germain Nuss envoie à l'observatoire de la nappe permettant ainsi à l'association d'avoir constamment des informations sur l'état de notre eau. Et si le niveau est préoccupant par endroits ce qui n'est pas sans conséquence sur la biodiversité à la surface (dans le Ried notamment où la nappe affleure les sols), sa qualité pose question également.

"Aujourd'hui il y a un sujet de préoccupation qui concerne les pesticides, plus précisément les métabolites de pesticides qui sont les produits de dégradations des substances actives qu'on applique sur les cultures" relève Baptiste Rey, chargé de projet à l'Aprona. Des métabolites (les derniers chiffres sont de 2016) que l'on retrouve notamment dans les herbicides utilisées pour détruire les mauvaises herbes dans les grandes cultures. 

Remettre de la vie dans le sol pour moins traiter et moins irriguer

En reconversion bio, Adrien Harter, houblonnier à Duntzenheim (Bas-Rhin) a décidé de planter des arbres autour de sa houblonnière et d'ensemencer ses parcelles avec des céréales et des fleurs pour nourrir naturellement sa terre et la protéger de la sécheresse. Un couvert végétal "fauché pour le réduire en petits morceaux. Sous l'effet du soleil et de la pluie, il devient de l'engrais pour mes sols" nous explique t-il. 

Il mène ce test d'agroforesterie avec 13 autres houblonniers et en partenariat avec le Lycée agricole 
et la Brasserie d'Obernai (Bas-Rhin). "Ainsi la terre est vivifiée. La faune souterraine, bien nourrie, prolifère. Elle creuse des galeries et détruit les racines mortes. La terre est aérée et l'eau de pluie s'infiltre mieux. L'eau s'évaporera moins". Une expérience menée depuis 4 ans qui, espère t-il, va porter ses fruits.

Les micro-organismes nécessitent une terre humide et nos plantes ont besoin d'eux pour se nourrir. Mais irriguer copieusement coûte beaucoup de temps, d'énergie et d'argent. Ce n'est pas notre intérêt.

Maurice Meyer, maraîcher

A Valff (Bas-Rhin), la ferme Saint Blaise, épand de la luzerne fraîche entre ses plants de tomates cultivées en biodynamie. Une technique de protection et d'alimentation des sols très utile, mais elle n'aura pas évité l'arrosage cet été. Pour Maurice Meyer, maraîcher et organisateur du salon Biobernai, tout doit être fait avec modération et discernement.

Revoir les priorités

Pour lui, il est plus que nécessaire de revoir nos modes de culture et notre façon de penser. "Le vrai problème, en Alsace, est l'omniprésence du maïs, qui monopolise 120.00 hectares ! À croire que nous consommons tous, trois fois par jour, du maïs. C'est faux ! Il est produit pour nourrir le bétail, et pour l'industrie. Or l'eau devrait servir en priorité pour arroser les légumes et autres cultures qui sont consommés en Alsace. Et en cas de surplus, à d'autres usages".

L'importance de revoir notre modèle agricole et de redéfinir les priorités n'a peut-être jamais été aussi flagrant. "Il faut aussi considérer la situation dans sa globalité et pas seulement à l'échelle locale. Notre nappe phréatique est reliée au Rhin, lui-même relié aux Alpes dont les glaciers fondent. Et ainsi de suite. Le problème est global et colossal " conclut-il. 

Reste à savoir si nous sommes prêts, nous et nos élus, à changer de modèle agricole et d'habitudes de consommation ? Une question qui s'invitera, du 16 au 18 septembre, au salon Biobernai.

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