Vous le savez : maladies et sécheresses successives tuent les arbres. Une réalité qui a poussé l'entreprise Wadel-Wininger, installée à Ueberstrass dans le Sundgau, à cultiver de nouvelles essences forestières et à développer d'autres techniques de plantation.
Touchés par les maladies et la sécheresse, nos arbres forestiers dépérissent. Un constat qui pousse les professionnels à s'adapter et à trouver des essences plus résilientes. Dans le Sundgau, le plus grand pépiniériste forestier du Grand Est vient d'investir dans une nouvelle serre de 2.000 m2 pour y cultiver des arbres du Sud avec de nouvelles techniques.
Située à Ueberstrass (petite commune à la limite du Territoire de Belfort), l'entreprise familiale Wadel-Wininger cultive des arbres forestiers depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des hêtres, frênes, chênes qui poussent en "racines nues" c'est-à-dire directement dans la terre des 100 hectares de champs que possède la famille. Mais face au dérèglement climatique, et aux dizaines d'hectares de forêt détruits suite à la sécheresse, il a fallu revoir le choix des essences et des techniques de plantation.
L'entreprise a donc investi 500.000 euros dans une énorme serre de 2.000 m2 (avec un système d'aération et d'arrosage soigneusement pensé) sous laquelle sont semées des essences plus résilientes qui, de fait, résisteront mieux aux chaleurs, au manque d'eau et donc aux maladies aussi.
Cèdre de l'Atlas, pin de Salzmann, chêne pédonculé, le pépiniériste teste une dizaine d'essences différentes pour vérifier l'acclimatation de ces arbres jusque-là plantés uniquement dans les régions plus au sud. "Notre problème est que ces arbres doivent résister à la sécheresse, mais aussi au froid. Ces plantes n'y sont pas habituées. Ce sont des tests à petite échelle" explique Isabelle Wininger. "Nous avons aussi des essences bien moins connues en forêt comme le Liquidambar ou le Ginkgo Biloba qui étaient des arbres d'ornement jusqu'à présent".
Des godets pour accélérer la croissance
Pour ces nouvelles variétés d'arbres sous serre, l'entreprise mise sur la plantation en godets qui permet, selon Sébastien Wininger, de "cultiver des essences qu'on ne peut pas faire en racines nues, la reprise serait très mauvaise. Et les plants sont cultivés en un an au lieu de deux, on gagne une année surtout en ce moment où il y a une grosse demande".
Des plants qui vont être surveillés de près, surtout durant l'hiver. L'entreprise les vendra à l'ONF et aux collectivités forestières qui les replanteront sur les sites déboisés. Des zones qui, pour certaines, sont soutenues par la CEA à hauteur d'1 million d'euros dans le cadre du "Plan de rebond des Forêts d'avenir d'Alsace". Un programme qui a déjà permis à 66 communes alsaciennes de replanter des arbres. D'autres demandent sont en cours. L'objectif étant pour tous ces professionnels d'imaginer la forêt de demain. Un espace forcément plus résilient.