Alsace : face au manque de médecins, des aides pour inciter les généralistes à s'installer

Une commune alsacienne sur trois dispose d'une faible offre de soins. Les médecins généralistes sont incités à s'y installer grâce à une batterie d'aides financières, fraichement mises à jour par l'Agence régionale de Santé.

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Comment combler le déficit de médecins de certains territoires ? L'Agence régionale de Santé Grand Est a dressé la nouvelle liste des zones d'intervention prioritaires (ZIP) pour inciter les généralistes à s'installer. Dans ces zones, les nouveaux médecins peuvent bénéficier d'aides financières importantes.

En Alsace, un tiers des communes est classé ZIP. Cela touche notamment le Sundgau, la vallée de Guebwiller, l'Alsace Bossue ou encore les pays de Wissembourg et Lauterbourg. Au total, 272 communes, principalement rurales, sont concernées.

Nouveauté cette année, des quartiers urbains intègrent le classement. Il s'agit des quartiers prioritaires Cronenbourg, Elsau et Port du Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin), ainsi que le quartier Ecrivains à Schiltigheim et Bischheim (Bas-Rhin). 

A l'échelle du Grand Est, ces mesures concernent 1,15 millions d'habitants, soit un habitant de la région sur cinq. "Les zones prioritaires d'intervention sont définies par plusieurs indicateurs bruts, comme la distance au plus proche médecin ou la densité par territoire, mais aussi par les travaux de l’observatoire régional de santé afin de prendre en compte les indicateurs relatifs à l’état de santé, à la défaveur sociale ainsi qu’à l’attractivité des territoires", précise l'ARS dans un communiqué.

Encourager les jeunes généralistes

Dans les ZIP, les médecins généralistes nouvellement installés en libéral sont automatiquement éligibles à des aides financières. Une prime d'installation de 50.000€ est notamment prévue, ainsi qu'un complément annuel de 5.000€. Et c'est l'Assurance Maladie qui paie la facture. De son côté, l'ARS garantit les revenus mensuels de la première année d'exercice.

"Ces aides financières visent à encourager les médecins, et notamment les jeunes, à s’installer en Grand Est, à maintenir leur activité plus longtemps ou encore à améliorer leurs conditions d’exercice", précise l'ARS.

Les médecins de ces zones sont également exonérés des revenus liés aux gardes qu'ils réalisent les week-ends et jours fériés, dans la limite de 60 jours par an. 

Pour l'Ordre des médecins, la mesure va dans le bon sens, mais elle ne résout pas tous les problèmes. "C'est incitatif dans certains cas, mais si vous avez un(e) conjoint(e) et/ou des enfants, c'est difficile d'aller en zone rurale, avec peu d'emploi, parfois loin des établissements scolaires, admet le vice-président de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin, Guy Birry. On a choisi d'exercer en libéral pour s'installer où on veut."

Sous tension

Malgré les aides publiques, plusieurs secteurs en Alsace sont particulièrement peu dotés en médecins. "En semaine par exemple, il n'y a qu'un seul médecin de garde pour un territoire allant de Niederbronn-les Bains à Seltz, en passant par Haguenau", constate Guy Birry. Soit un espace de plus de 40km de long.

A Mulhouse (Haut-Rhin), huit généralistes vont partir à la retraite d'ici la fin 2022, selon l'Ordre, et ils pourraient ne pas être tous remplacés. 16.000 patients vont devoir chercher un nouveau médecin de famille, dans un secteur déjà en tension.

Pour lutter contre les déserts médicaux, le candidat Emmanuel Macron avait, lors de la campagne présidentielle 2022, présenté plusieurs propositions :

  • mettre en place la quatrième année d’internat pour les médecins généralistes dans les zones sous-dotées
  • permettre à un pharmacien ou un infirmier référent de réaliser certains actes simples, comme le renouvellement d’une ordonnance
  • recourir davantage aux téléconsultations

Ces mesures, plutôt palliatives, ne permettent pas d'envisager un ancrage durable des professionnels de santé. Marine Le Pen avançait sur le même terrain, en voulant moduler la rémunération des médecins selon le lieu d'installation, et développer la télémédecine. A contrepied, Jean-Luc Mélenchon avait proposé de payer les étudiants en médecine au smic, à la charge de l'Etat, en contrepartie, ils seront envoyés là où sont les besoins, pour un service de 10 ans.

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