Il a fait le beau pendant tout le mois de décembre dans votre salon, votre sapin de Noël fait aujourd’hui grise mine. En Alsace vous pouvez bien sûr l’apporter directement à la déchetterie, mais sachez qu’il peut encore avoir une grande utilité pour les animaux, qu’ils soient du cru ou plus exotiques.
Dans le milieu journalistique, c’est ce qu’on appelle un marronnier, sauf qu’il s’agit bien là de sapin : comment recycler le roi des forêts une fois les fêtes de Noël passées ? En Alsace il y a évidemment les déchetteries, ou le fameux sac à sapin dans lequel vous glissez celui qui a illuminé votre foyer pendant le mois de décembre afin qu’il ait une seconde vie sous forme de compost, broyat ou bois de chauffage. Mais il peut aussi se rendre utile auprès des animaux sauvages ou un peu moins.
Par ici les sapins
A Betschdorf dans le Bas-Rhin, Jonathan Maurer et son frère Alexis élèvent depuis l’âge de 10 ans des oiseaux. Il y a trois ans, des chèvres naines, des moutons et des lapins sont venus enrichir le cheptel qui évolue dans un parc d’une cinquantaine d’ares.
Depuis que Noël est passé, les deux éleveurs récupèrent des sapins pour leurs animaux. Un magasin de Soufflenheim leur a confié une dizaine de pièces invendues, tout comme un autre à Pfaffenhoffen. Des particuliers viennent également déposer leurs sapins desséchés devant leur parc, situé rue des Francs à Betschdorf.
"Pour l’instant, c’est raisonnable, on n’est pas débordé", explique Jonathan Maurer, "on les distribue aux animaux au fur et à mesure". Les chèvres naines et les moutons se régalent des épines et des écorces qui font office de vermifuge naturel. "Et en plus, cela les occupe !", se réjouit l’éleveur.
L’herbe à chat du tigre
Au parc zoologique et botanique de Mulhouse, l’idée est un peu la même, mais on est sur du plus gros calibre. Comme l’an passé, les Mulhousiens pourront venir déposer leur sapin sur le parvis du parc à compter du 6 janvier 2022. Mise en place par le service Nature et espaces verts de la ville de Mulhouse, cette collecte ne concerne que les sapins naturels, sans neige artificielle, ni résidus de décorations, potentiellement toxiques pour les animaux.
Brice Lefaux, directeur du parc zoologique et botanique de Mulhouse, explique : "Ces sapins serviront d’enrichissement olfactif et nutritionnel pour les bœufs musqués. Ils sont particulièrement intéressants pour les tigres qui adorent s’y frotter et se rouler dans la résine. Pour eux, c’est l’équivalent de l’émotion qu’un chat peut ressentir face à de l’herbe à chat".
Mis à l’envers dans les enclos des primates, ces sapins défraîchis servent aussi d’enrichissement de structure : "Pour les singes, c’est un élément novateur. Ils sont intrigués, cela nourrit leur curiosité. On y cache aussi de la nourriture". Chaque année, ce sont entre 50 et 100 sapins qui sont répartis dans les différents enclos mulhousiens. Une seconde vie exotique avant une troisième plus prosaïque : celle de compost.
Il y a dans ce don un acte citoyen : "Cela sert aux animaux, cela sert aux hommes, finalement cela sert à tout le monde et c’est déjà pas mal", conclut Brice Lefaux. Mais, question biodiversité, on peut encore mieux faire en évitant de consommer des sapins issus de la monoculture. L’auteur de Sauvons les primates paru chez Belin éditeur sait, quant à lui, qu’il n’achètera plus de sapin de Noël.