Don du sang : ces citoyens qui se mobilisent pour donner leur sang en ville comme à la campagne

Rund Um. Alors que le niveau des réserves de sang était en-dessous du seuil de sécurité, avec 70.000 poches de réserve au lieu de 100.000, l'Etablissement français du sang a appelé à la mobilisation. En France, 10.000 dons par jour sont nécessaires.

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Le 8 février 2022, après plusieurs jours durant lesquels le seuil de réserve était bien de-deçà de 100.000 poches, l'Établissement français du sang a publié un bulletin d'urgence vital pour la première fois de son histoire. 

"Depuis 30 ans que je travaille à l'EFS, je n'ai jamais connu une telle situation. Nous avons des fluctuations chaque année avec des moments où les réserves sont plus basses, mais à ce point, jamais", témoigne Eric Hetzel, médecin. 

En cause : la diminution de collectes mobiles en raison de la crise sanitaire, et de nombreux donneurs ainsi que membres du personnel malades. Or 10.000 dons de sang sont nécessaires par jour. Les citoyens ont compris l'urgence et se mobilisent.

En ce jour de Saint Valentin, à Strasbourg, la salle est remplie de donneurs. "C'est toujours bien de faire une bonne action, surtout quand c'est aussi simple !" estime Arthur Howiller. Jeannette Menzer s'est déplacée après avoir pris connaissance de la situation. "Il y a une dizaine d'années, je donnais mon sang entre trois et quatre fois par an. Puis nous avons déménagé et nous avons arrêté. Et me revoilà". Cet après-midi-là, les rendez-vous sont complets : 200 personnes viennent donner leur sang.

Depuis un an, pour inciter tout le monde à se déplacer, l'EFS dispose d'un partenariat avec les musées de Strasbourg pour organiser des collectes dans des lieux insolites. Ainsi, l'Aubette, à Strasbourg. "Nous avons mis cela en place pour attirer des personnes qui ne seraient pas allées d'elles-mêmes à l'hôpital. Je pense que le prestige de lieux tel que celui-ci amène du monde", estime Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg. Et cela fonctionne : les collectes dans les lieux insolites font venir 20% de nouveaux donneurs.

A la campagne aussi, la mobilisation est forte. La commune de Kolbsheim a organisé, le même jour, une collecte dans sa salle socioculturelle. L'association amicale pour le don du sang bénévole de Kolbsheim a aussi constaté une baisse du nombre de donneurs lors de sa dernière collecte. "Nous n'avons eu que 38 personnes en novembre, alors que d'habitude, nous accueillons entre 50 et 60 personnes", relate Anthony Kurtz, président de l'association.

Alors il a décidé de marquer le coup à l'occasion de la Saint Valentin en proposant un menu encore plus fourni aux donneurs. Une façon d'inciter les habitants du village et des alentours à se rendre à la collecte. ll a passé son dimanche dans la cuisine de la salle à préparer les Fleischkiechlé - galette de viande. Les ingrédients ? Uniquement des produits locaux. Ainsi, ceux qui le souhaitent font des dons à l'association pour préparer un savoureux repas. "La viande provient de la ferme de ma belle-fille qui a un élevage à Jetterswiller", explique ainsi Malou Dietmer. "Nous disposons de 3€ par repas pour chaque personne. Nous sommes donc reconnaissants de pouvoir compter sur nos fournisseurs !" assure Anthony Kurtz.

Les donneurs apprécient et viennent aussi pour passer un moment de convivialité en famille, entre amis ou avec les gens du village. Pour beaucoup, le rendez-vous est immanquable. "Dès que j'ai la date de la prochaine collecte, je me la note dans mon calendrier et bloque la date", explique ainsi Hildegarde Heyd. Michel Freyss vient avec sa fille, Romane, 20 ans. "J'ai toujours accompagné papa au don de sang, alors dès que j'ai eu 18 ans, j'ai voulu venir, à mon tour", explique la jeune femme. C'est le cas dans beaucoup de familles du village, ce qu'apprécie le papa. "Je trouve ça super que les jeunes prennent le relais !"

A Kolbsheim comme ailleurs, l'appel à mobilisation semble avoir été entendu. Ce jour-là, 65 personnes sont venues donner leur sang. L'association espère qu'il en sera de même lors de la prochaine collecte, le 11 juillet. 

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