Rund um. Depuis des siècles, le couvent du Bischenberg surplombe la commune de Bischoffsheim, dans le Bas-Rhin. Des frères rédemptoristes y résident toujours et se chargent d'animer les paroisses des alentours. La communauté fête en ce moment ses 200 ans de présence au couvent.
À quelques semaines de l’inauguration de l’exposition dans le verger, les petites mains s’activent. Jean-Marc Keller et Richard Muller, membre de l’Amicale du couvent du Bischenberg, ajustent des panneaux explicatifs destinés à être placés sur des troncs, sous la direction de frère Dalmer Jirón, recteur en charge des événements célébrant le bicentenaire de la présence rédemptoriste à Bischoffsheim (Bas-Rhin). Jusqu’en septembre, concerts et expositions rythmeront la vie du lieu.
Les Rédemptoristes sont installés au Bischenberg depuis 1820, date à laquelle la communauté a racheté ce couvent, pour s’implanter en France. Autrefois habité par des Franciscains jusqu’à ce qu’ils soient chassés par la Révolution française, le Bischenberg a toujours été un haut lieu de pèlerinage, dédié à la Vierge Marie. Aujourd’hui, sa chapelle, arborant des vitraux signés par l’artiste Tristan Ruhlmann, accueille fidèles et visiteurs tous les jours, notamment lors des messes quotidiennes.
Une communauté fondée au 18ème siècle
La communauté des Frères Rédemptoristes a été fondée en Italie, par Saint Alphonse de Liguori, en 1732. Leur spécificité, Père Marcel Ostertag l’explique ainsi : "Nous nous réclamons du Christ Rédempteur, de la rédemption pour tous. Nous allons prêcher la parole de Dieu dans les campagnes, auprès des gens pauvres, dans des communautés reculées." C’est ainsi que les rédemptoristes sont partis en mission dans le monde entier. A 85 ans, père Marcel, lui, souhaite rester au Couvent. A la retraite, il donne encore beaucoup de son temps à sa communauté. Avec un petit sourire en coin, il nous montre le bureau dans la chambre qu’il occupe, débordant de papiers : "Je travaille encore un peu, c’est vrai. On n’arrête jamais vraiment."
Au travail aussi, les bénévoles de l’Amicale du Couvent du Bischenberg comptent une centaine de membres. Parmi eux, Jean-Marc Keller nous raconte son engagement en tant que laïc auprès des Rédemptoristes : "Les frères ne fabriquent pas de fromage, pas de vin. Leur mission, c’est de prêcher. Ils accordent beaucoup d’importance aux laïcs, qui ont voix au chapitre, comme eux. Ce n’est que comme ça, je pense, que l’église de demain peut se construire". Et les Rédemptoristes de Bischoffsheim sont plutôt actifs, puisqu’ils sont en charge des paroisses de Rosheim, Ottrott, Boersch, Klingenthal ou encore Mollkirch.
Une famille du monde
Aujourd’hui, les anciennes missions viennent à la source, à en croire la présence de frères péruviens, burkinabé ou encore vietnamien au Couvent de Bischoffsheim. Père Raoul Peralta, originaire de Lima, a fait le choix de venir en Alsace pour répondre à l’appel à l’aide de la communauté vieillissante en France, dans les années 1990. "Les missions sont très différentes en France et au Pérou. Dans les Andes, nous partions pendant, 2 ou 3 mois sur des plateaux à 3000, 4000 mètres d’altitude !" Pour sûr, le Bischenberg est moins haut (360 mètres d’altitude). Mais père Raoul ainsi que son compatriote père Dalmer l’assurent, ils se sentent bien en Alsace. Ils ont aussi passé quelques années au Couvent des Trois-Epis, où ils ont appris le français.
Sur les hauteurs de Bischoffsheim, les frères Rédemptoristes sont pour l’heure 8 à résider au Couvent. Une vraie « famille du monde », comme l’appelle père Marcel, qui se veut ouverte sur l’extérieur. Une vingtaine de chambres accueillent régulièrement des visiteurs ; de part et d’autre du verger, des emplacements sont prévus pour des tentes. Et puis, il est parfois possible de déjeuner avec les frères. Mais seulement après la prière !