Une semaine après l’annonce de la réouverture des Ehpad aux familles, les établissements s’organisent en Alsace. Dans le Bas-Rhin, les 138 structures d’accueil pour personnes âgées devraient toutes pouvoir accueillir des proches de résidents cette semaine.
Grâce à la météo clémente de ces derniers jours, l’Ehpad Im Lauesch, dans le quartier strasbourgeois de la Robertsau, a pu accepter les visiteurs dès le 20 avril. "Nous avons installé des tables à l’extérieur, en terrasse", explique le directeur, Christian Lutz. Dès le départ, six créneaux de visites quotidiennes ont été mis en place : deux le matin, quatre l’après-midi. Sur demande des familles.
Le tableau du planning des visites s’est vite rempli. 47 résidents en ont bénéficié à ce jour. Pour plus de tranquillité, deux salles du rez-de-chaussée ont aussi été aménagées. Les résidents et leurs proches, séparés par un plastique transparent, sont priés de porter un masque et de rester à 1,50 mètre de distance. Malgré toutes ces précautions, "certaines familles ne veulent pas encore se déplacer, pour ne pas prendre de risque", poursuit Christian Lutz.
Mais ces visites de proches sont essentielles, surtout pour les personnes placées à l’isolement, par précaution. "Cela redonne le moral aux résidents, parce que l’isolement est très difficile à vivre pour les personnes âgées", estime le directeur.
Une vitre en plexiglas dans le sas d’entrée
A 65km de là, en Alsace bossue (s’krumme Elsàss), l’Etablissement pour Personnes Agées Dépendantes de la commune de Drulingen (un peu moins de 1500 habitants) a pris plus de temps pour s’organiser. L’équipe doit peaufiner son protocole d’accueil. "Nous allons installer une paroi en Plexiglas dans le sas d’entrée, pour limiter le nombre de personnes. Tout cela se passe sous notre responsabilité", explique Emmanuel Wittmann, le directeur de l’établissement. Le tout est d’éviter le rapprochement physique, presque inévitable, selon lui, lors de visites en chambre.Dans l’établissement de 90 résidents, il y a eu une dizaine de malades potentiellement atteints par le coronavirus ; parmi eux, un décès. Mais bien sûr, Emmanuel Wittmann préfère parler des guérisons. L’établissement n’est pas très grand, il n’a d’ailleurs pas été possible de créer une unité covid. "Et puis, on n’imaginait pas faire quitter leur chambre à des résidents pour les remplacer par d’autres... Psychologiquement, cela aurait créé des dégâts".
Bien sûr, tous ont besoin de contact. Depuis quinze jours, l’Ehpad de Drulingen organise d’ailleurs des rencontres par Facetime avec les familles sur des tablettes, "et cela marche du tonnerre!" s’enthousiasme le directeur. Le personnel soignant va maintenant recenser les familles dans l’attente de pouvoir rendre visite à leurs aînés "en chair et en os". Nul doute qu’il y aura beaucoup d’émotion. Et qu’une paroi en Plexiglas n’y enlèvera rien.