Depuis plus d'un demi-siècle, Bernard Jaeggy met les mains dans le cambouis. L'ancien président de l'association internationale des amis du musée de l'automobile (AIAM) de Mulhouse bichonne ses voitures de collection, tout en continuant à s'investir pour la fameuse collection Schlumpf. Rencontre avec un passionné.
Dans son grand garage, sur ses voitures, pas un seul grain de poussière. Bernard Jaeggy considère ses véhicules un peu comme ses enfants, lui qui n'en a pas eu. "Avec mon épouse Gaby, nous avons travaillé toute notre vie pour nous acheter de belles voitures", confie celui qui dirigeait un syndicat des eaux. Sa femme, ancienne négociante en vins, partage sa passion. "Il m'a entraînée. Nous avons vécu de très belles choses et fait de belles rencontres grâce à cela", raconte-t-elle.
Une vie de passion
L'octogénaire détaille, l'oeil frétillant, ses carrosseries de collection. "Voici une Delage de 1910, une Jolie Mercedes coupée dont j'ai fait refaire la peinture, et deux magnifiques Delahaye. D'ailleurs, celle-ci est un modèle 135 cabriolet, Figoni et Falaschi, avec laquelle je vais participer en juin à un concours d'élégance en Bretagne." Aux murs, trophées et récompenses montrent une vie de passion.
"A vingt ans, avant de partir au service militaire, j'aurais pu m'acheter une Bugatti, à un prix très modéré à l'époque.. Mon père m'en a empêché". Qu'à cela ne tienne, Bernard Jaeggy s'est entouré des plus belles Bugatti au Musée National de l'Automobile, à Mulhouse, quelques années plus tard. Il a même été longtemps président de l'association internationale des amis du musée de l'automobile (AIAM). Et entre comme chez lui dans les ateliers du musée, où s'affairent quotidiennement les bénévoles de l'association. Intarissable sur les pièces issues de la collection des frères Schlumpf, il est un guide de choix.
"L'association a sauvé les réserves du musée"
D'autant plus lorsqu'il permet un accès privilégié aux réserves du musée, d'ordinaire fermées au public. Dans les années 1990, nous raconte-t-il, les voitures étaient dans un piteux état... "Pigeons et chauve-souris avaient élu domicile dans le hangar, car les vitres des fenêtres étaient cassées. Lorsque je suis entré ici pour la première fois, avec le directeur de l'époque, cela sentait aussi mauvais que dans un poulailler." Alors, il a mis à contribution les bénévoles de son association pour nettoyer et réparer ces véhicules, aujourd'hui tous affublés d'une housse étanche de protection. "Je suis fier de dire que l'association a sauvé les réserves du musée".
Guillaume Gasser, actuel directeur du Musée National de l'Automobile - Collection Schlumpf l'avoue, "on ne pourrait pas y arriver sans les bénévoles. Ils sont indispensables". Et si Bernard Jaeggy ne brique plus les sièges en cuir, il se charge de faire de la promotion. "Vous voyez cette Bugatti Royale ? Je l'ai déjà amenée à Stuttgart, au salon Retro Classics, pour faire connaître le musée. Et cela a bien fonctionné !" Sans doute, aussi, parce qu'il a la passion et le bagoût. Un bon ambassadeur.