Manifestations, pétition, en février dernier la décision du conseil d'administration du Sonnenhof de fermer son exploitation agricole avait exacerbé les passions. Un an plus tard, les terres ont trouvé de nouveaux propriétaires et les projets poussent bellement.
Souvenez-vous il y a près d'un an cette annonce avait soulevé une vive polémique. Le conseil d'administration du Sonnenhof avait validé la fermeture de son exploitation agricole comprenant une centaine d'hectares et un troupeau de 55 vaches. Cette fondation était un des rares Esat (établissement ou services d'aide par le travail) de France à disposer d'une ferme dans laquelle travaillaient 18 handicapés et cinq salariés encadrants.
Une décision prise "à contre cœur" explique Caroline Bindou, directrice générale de la fondation. Motivée par les difficultés croissantes à trouver des volontaires intéressés par les travaux de la ferme. Suite à un audit, la majorité des travailleurs handicapés avaient souhaité évoluer vers d'autres activités. Cette dernière met également en avant un "modèle économique intenable."
Cette annonce avait provoqué de vives réactions. Parfois violentes surtout sur les réseaux sociaux. "Là, j'avoue on était dépassés, c'était de la malveillance ou de l'instrumentalisation, je ne sais pas" rajoute Caroline Bindou. Une pétition pour le maintien de la structure avait recueilli près de 15.000 signatures.
Trois repreneurs, une ligne de conduite
Aujourd'hui les choses sont plus apaisées et le dossier a bien avancé. La fondation, suite à un appel à manifestation d'intérêt passé en juillet, a choisi ses partenaires pour la reconversion des activités agricoles de son Esat. "Nous souhaitions pérenniser l'activité et la philosophie des lieux. Nous avions huit critères de sélection pour garder du sens au projet. Maraichage bio ou raisonné, implantation locale des repreneurs, viabilité évidemment et partenariat avec notre structure quant au travail adapté."
Nous souhaitions pérenniser l'activité et la philosophie des lieux
Caroline Bindou, directrice générale de la Fondation Sonnenhof
Sur les huit dossiers analysés par le conseil d'administration c'est le projet de trois agriculteurs locaux expérimentés qui a été finalement retenu en septembre dernier. Denis Dambacher et la ferme Vogt , installés à Bischwiller créeront donc une structure commune. Agriculture raisonnée, inclusion sociale avec un emploi en CDI d'un travailleur handicapé à court terme, circuit court, vente directe à la ferme ... la philosophie restera peu ou prou la même.
"Nous avons beaucoup d'idées comme travailler avec l'association La main verte qui forme au maraichage les personnes très éloignées de l'emploi, un partenariat avec le lycée agricole d'Obernai qui ouvrira cette année une antenne à Bischwiller ou encore le recours à l'association de bergers de Drusenheim pour valoriser nos espèces locales et revenir à une agriculture plus verte. Nous devrions également créer un jardin merveilleux, lieu de culture avec un café-théâtre à l'horizon 2023" poursuit Caroline Bindou.
S’agissant du cheptel, aucun repreneur n’a pu proposer la reprise de l’ensemble, faute d’étable adaptée. Les animaux, dont certains ont été primés au Salon de l'agriculture, ont été vendus "jusqu'en Suisse." Le Sonnenhof tourne une page de son histoire certes mais celle qui commence s'annonce tout aussi fertile. Après la polémique, le printemps.