Tout est à vendre dans le restaurant "Chez Jenny" à Paris, ce lundi 29 juin...mobiliers et tableaux en marqueterie de Spindler, sculptures typiques, tables et chaises. Les habitués et fans du style alsacien des années 30 peuvent sortir les chèques de banque et les gros billets.
Clap de fin pour une institution du quartier de la République à Paris. La brasserie "Chez Jenny" est célèbre depuis 1932, pour ses plats traditionnels alsaciens et presqu'autant pour son décor typique. Sa choucroute et son décor ont attiré le tout Paris et notamment des célébrités comme Django Rheinart, Lucienne Boyer ou encore Ray Ventura avant-guerre. Plus tard Jean-Paul Belmondo, Léo Ferré, Silvia Kristel ou encore Johnny Hallyday sont venus y faire la fête.
Les amoureux des bonnes choucroutes, avec raifort, connaissaient tous l'adresse à deux pas de la République, un îlot colmarien ou strasbourgeois au coeur du quartier de la République, que vous retrouvez dans cette vue en 360° ci-dessous.
Vente aux enchères : tout doit disparaître
Ce lundi 29 juin, les boiseries ornées de personnages alsaciens, les chaises à dossier sculpté, les tableaux en marqueterie du célèbre ébéniste Charles Spindler, les tables, le matériel de cuisine, tout est vendu aux enchères par le repreneur, le groupe des Frères Moussié qui possèdent "Le Bouillon Pigalle" et plusieurs établissements dans l'hôtellerie et la restauration.Avant de transformer les lieux en "Bouillon République", l’entier contenu de la brasserie alsacienne « Chez Jenny » est mis en vente. Ce lundi matin 29 juin 2020, après quatre-vingt huit ans d'existence à Paris, une cinquantaine d'aficionados est au rendez-vous dès 9h30 pour tenter d'acquérir un peu du patrimoine alsacien de l'enseigne alsacienne. Certains préfèrent acheter en ligne, mais ceux qui se sont déplacés peuvent déambuler librement dans le restaurant pour faire leur choix, avant de s'installer dans la salle de vente à l'étage, elle aussi ornée de marqueterie de Spindler.
Fin d'une époque : nostalgie et amertume pour certains
Une ambiance traditionnelle disparaît du quartier de la République. Le monde culturel ne viendra plus faire la fête dans ce décor surrané. La plupart des personnes présentes pour la vente aux enchères sont des habitués de la brasserie. Parmi eux la plupart sont d'origine alsacienne. Beaucoup sont nostalgiques et parfois même amers de voir ce lieu emblématique, né en 1932, changer de look. La vente a démarré par le matériel de la cuisine, vaisselle, couverts, plats et meubles. Le premier tableau vendu de Spindler est un grand tableau en marqueterie, intitulé "La présentation des plats". Il a été cédé pour 6000 euros.
Le responsable du restaurant Ugo Queguiner estime que c'est la fin d’un cycle, que le modèle économique n'est plus viable. Selon lui, la brasserie a aussi beaucoup souffert des manifestations en tous genres. Toutes les manifestations de gilets jaunes, d'infirmières, de retraités sont passées par la République. L’endroit sera transformé en « bouillon », un bistrot avec des prix plus bas que chez Jenny.
L'établissement saura-t-il conserver son caractère tant apprécié des Parisiens, Alsaciens et artistes, pendant des décennies? Restera-t-il des traces de l'ancienne enseigne dans le bistrot qui va le remplacer? Une sculpture d'alsacienne en costume typique ou une cigogne accueillera-t-elle ceux qui voudront faire bonne chère? L'avenir le dira. Très rapidement.