Les annulations se succèdent et se ressemblent. Les mois de février et mars résonnent habituellement au rythme des cavalcades dans les villes et villages d'Alsace. Toutes annulées, la crise sanitaire aura eu raison de cette tradition. Quid du moral des associations qui les portent?
Point de cavalcades dans les villes et villages d'Alsace en 2021. La crise sanitaire est passée par là, les associations qui font vivre les carnavals le comprennent bien, mais pour certaines, c'est la deuxième annulation coup sur coup. A Colmar par exemple, le dernier défilé date de 2019, le temps commence à sembler long. "Ça me manque énormément, je venais une fois par semaine dans les ateliers, je construisais les chars, on cherchait des innovations, des idées toujours un peu plus folles. L'ambiance famille, rigolade, repas, ça manque forcément, on ne voit plus que le travail, maison, dodo", regrette Benoît Muller, bénévole pour l'association du carnaval de Colmar.
Le carnaval est annulé depuis le mois de septembre suite à la défection de groupes allemands et le covid-19 évidemment. Dans les ateliers, les chars sous les bâches, prennent la poussière depuis de longs mois. Certains ne seront d'ailleurs jamais montrés au public comme celui orné d'un Gilbert Meyer version Karl Lagerfeld, déjà prévu pour l'édition 2020, elle aussi annulée. "Tout était prêt, les chars était prêts déjà pour l'an passé où nous avions annulé huit jours avant, la santé des Colmariens prime avant tout. Vous savez, le carnaval, ça représente deux jours de travail par semaine, nous avons six bénévoles qui donnent beaucoup de temps", explique Claude Sembach, président de l'association du carnaval de Colmar.
Les carnavals en Alsace existent pour la plupart depuis des décennies et drainent chaque année des centaines, des milliers de personnes, voire des dizaines de milliers de personnes pour les plus importants comme Strasbourg, Mulhouse ou Schiltigheim. "Chaque année, nous accueillons entre 10 et 20.000 personnes sur le parcours, nous explique Valérie Zinck, la présidente de la société carnavalesque du Bouc Bleu qui gère la cavalcade intercommunale du même nom et qui traverse Bischheim, Hoenheim et Schiltigheim. Une cinquantaine de groupes se succèdent, des chars, de la musique, des majorettes, bref c'est carnaval. Ce qui est difficile, c'est de ne plus pouvoir s'entraîner ensemble, c'est frustrant et j'ai peur que ça en démotive certains".
Et c'est bien tout le problème. Combien d'associations vont-elles pouvoir se relever avec deux années sans activité? "Nous, on a un peu de trésorerie, témoigne Claude Moser, président de l'association D'illdapper wackes, qui défile pour le carnaval de Mulhouse, alors on va pouvoir survivre, mais j'ai des retours d'autres associations pour lesquelles c'est plus compliqué. On ne fait plus d'événement, donc on n'a plus de rentrée d'argent. Et c'est vrai que nous craignons aussi que ce soit difficile de remobiliser les troupes après deux ans d'inactivité." Prévu en février, le carnaval est reporté au printemps, si les conditions sanitaires le permettent, mais sous une autre forme.
Pour Strasbourg, c'est déjà la troisième année de suite sans carnaval. En 2019, la cavalcade avait été anulée pour cause de vents forts, puis le covid-19 a eu raison des éditions 2020 et 2021. A Hoerdt, où l'on organise carnaval depuis 1950, la 71e édition est annulée depuis belle lurette mais pas question de baisser les bras. Les rues arborent tout de même les couleurs du carnaval et l'association organisatrice propose une cavalcade numérique.