On l'appelle Titi Jérémy Alsacien. À l'Établissement français du don du sang (Efs), il est connu comme le loup rouge. Et pour cause, Jérémy a fait ce mercredi 11 décembre, son 408ᵉ don de sang. Un don de sang et de soi, Jérémy court aussi pour la cause, qui trouve racine dans son histoire familiale.
Dans la vie, Jérémy Hagenbourger est boulanger à Sélestat. Un métier noctambule. Le jour, dans l'ombre, Jérémy est aussi un héros du quotidien. Avec 408 dons du sang à son actif, depuis ses 18 ans, il a sauvé des centaines ; voir des milliers de vies. "Un don de sang, c'est trois poches : sang, plasma, plaquette et potentiellement trois vies sauvées".
Ainsi, inlassablement depuis ses 18 ans, Jérémy donne son sang. À un rythme effréné. "Je donne en moyenne six fois mon sang dans l'année. Entre-temps, je fais des dons de plasma, au moins dix fois. Puis quelques dons de plaquette aussi." Autant dire qu'à l'Efs (Établissement français du sang) de Strasbourg, Jérémy est un VIP. "J'y vais pour le plasma, car ils ont les appareils adéquats. Pour le sang, je préfère Marlenheim où je fais partie de l'association Les globules de Marlenheim".
Don de sang, don de soi
Jérémy donne de son sang et de sa personne. "Avec l'association, en partenariat avec l'Efs, on organise des collectes régulières. Nous nous occupons des collations, de l'organisation et bien évidemment de la communication." Pour toucher un maximum de personnes, depuis 2014, il organise avec l'association les Globules, des marches afin de gagner en visibilité. Gagner les cœurs aussi. "C'est ma marche du cœur, oui." L'année dernière, il a ainsi parcouru, accompagné des bénévoles, 207 km de Nancy à Strasbourg. En 2023, il avait marché 800 km de Saverne à Plan-de-Cuques (Bouches-du-Rhône).
"Nous partons avec des promesses de dons que les gens remplissent. Je les remets ensuite à l'Efs, qui se charge de les contacter pour prendre rendez-vous." L'année dernière, sur 100 promesses récoltées le long de la route, 80 ont été honorées. "Ça marche bien. Par exemple, j'avais rencontré lors de ma tournée le maire de Schirmeck qui n'avait jamais rien donné de sa vie. Je l'ai recroisé récemment, il avait fait déjà trois dons de sang. Il m'a dit que je lui avais ouvert les yeux. Le message est passé."
Peur des aiguilles
Qu'est-ce qui motive à ce point Jérémy ? Pas la vue des aiguilles en tout cas. Jérémy a peur des piqûres. Un comble. "En plus, je dois vous dire que je suis pas mal tatoué. Donc là ça va loin dans le paradoxe. Je déteste les aiguilles. Que ce soit pour le don du sang ou le tatouage, je tourne la tête, j'ai un petit pic de tension, et après ça passe."
Ses motifs sont plus forts que sa peur. Ils viennent de loin. "Quand j'étais petit, mon grand-père donnait son sang, à l'époque l'Efs n'existait pas, on allait à l'hôpital pour des transfusions. Je lui ai promis de m'y mettre aussi à mes 18 ans. Je l'ai fait le jour de mon anniversaire. À chaque don, j'ai une petite pensée pour lui".
Donnez son sang, c'est offrir une chance à ceux qui en ont besoin, un geste simple qui ne coute rien. Ou si une heure de son temps.
Jérémy Hagenbourger
Jérémy a continué sans jamais s'arrêter. "Dans ma famille, il y a toujours eu besoin de sang. C'est horrible à dire, mais c'est vrai. Il y a eu des cancers, des leucémies. Ça a ancré ce sentiment que cette vie en moi, tant que je suis en bonne santé, je peux la transmettre, la donner. Je le dois. Mon sang est précieux. Comme le vôtre. Il se régénère, il est intarissable. Donnez son sang, c'est offrir une chance à ceux qui en ont besoin, un geste simple et qui ne coûte rien. Ou si : une heure de son temps." En France, les besoins en sang sont estimés à 10.000 poches de sang par jour.
Et si on était pas tous un peu des pères Noël finalement ? pic.twitter.com/mleF9KWepL
— Établissement français du sang (@EFS_dondesang) December 4, 2024
Des besoins immenses, alors, chaque petit pas vers les lieux de prélèvements compte. Sa fille de sept ans suivra, elle, ceux de son père. "Elle sait très bien ce que je fais. Elle m'a déjà dit papa, je veux faire comme moi."
Le mercredi 11 décembre, Jérémy a donc fait son 408ᵉ don. L'ambassadeur du don de plasma pour le Grand-Est a un rang à tenir, et un exemple à donner, par la même occasion. "J'ouvre les festivités de cette dernière journée de collecte de sang de l'année. Non, je ne suis pas particulièrement fier, tout cela, c'est juste normal. Naturel. Enfin ça devrait l'être."