Du 13 au 15 janvier, deux marcheurs vont relier Colmar (Haut-Rhin) à Strasbourg (Bas-Rhin), une centaine de kilomètres en trois jours. Le but n'a rien de financier, mais il est vital : sensibiliser un maximum de personnes à l'importance de donner leur sang. Rund Um a assisté aux derniers préparatifs.
Ils sont encore jeunes, mais ont conscience depuis des années que le transfert de sang est essentiel pour beaucoup d'actes médicaux. Vital lors d'opérations chirurgicales majeures, durant certains accouchements, pour des patients atteints de cancer et les victimes d'accidents graves. Et surtout, ils savent que ces transferts seraient impossibles sans les personnes qui, en amont, sont prêtes à donner de leur sang.
Pour sensibiliser toujours plus d'Alsaciens à cette cause, Jeremy Hagenbourger et Sabrina Grunewald partiront à pied, samedi prochain 13 janvier, du bâtiment de l'EFS (Etablissement français du sang) de Colmar, pour rallier celui de Strasbourg lundi 15 en fin d'après-midi.
Durant ces trois jours de marche, ils seront parfois accompagnés par des membres d'associations locales, surtout ceux des Globules de Marlenheim, dont ils font partie. Et l'objectif de toute l'opération est simple : il n'y a absolument rien de financier en jeu. Il s'agit "juste" de récolter des promesses de dons de sang.
Deux marcheurs particulièrement motivés
Jeremy Hagenbourger travaille dans la restauration, et milite activement durant son temps libre. Sa motivation est double. Il sait que plus d'une fois, dans sa propre famille, des malades ont pu en bénéficier. Mais surtout, il suit ainsi les traces de son aïeul.
"Mon grand-père était donneur. Et je lui avais fait la promesse qu'à mes 18 ans, je donnerais, moi aussi, raconte-t-il. Je l'ai fait le jour de mon anniversaire. Mon grand-père, malheureusement, est parti, mais moi, j'ai continué (…) C'est vraiment un besoin au quotidien, malgré mon travail, de m'impliquer toujours plus."
Pour toucher un maximum de personnes, depuis 2014, il a imaginé organiser des marches, parfois spectaculaires. Histoire de faire le buzz sur les réseaux sociaux, mais avant tout d' "aller à la rencontre des gens, et leur expliquer cette démarche."
Son dernier exploit en date s'est déroulé en juin dernier. Parti de Saverne, il a rallié Plan-de-Cuques (Bouches-du-Rhône). Ces 800 km, sous une chaleur écrasante, lui ont valu bon nombre d'heures de kiné, qui viennent à peine de se terminer. Mais voilà qu'il est déjà prêt à repartir.
Sa comparse pour ce nouveau défi, Sabrina Grunewald, après avoir découvert son exploit de juin dernier, avait eu envie de se joindre à lui dès que l'occasion se représenterait. "J'adore marcher, et je lui avais dit : 'Si tu fais une nouvelle marche, n'hésite pas, dis-le moi et je signe.' Il m'a dit : 'J'ai un nouveau projet, tu veux venir ?', et je suis là" sourit-elle.
Outre le plaisir sportif, elle aussi a des motivations plus profondes. Depuis plus d'un an, une maladie l'empêche de donner son sang. "Je ne peux plus participer à des collectes pour sauver des vies, regrette-t-elle. Donc marcher pour sensibiliser, c'est ce qui me plaît. Si je peux en convaincre d'autres à donner à ma place, au moins j'aurai aidé des personnes comme ça."
Le soutien des Globules de Marlenheim
Comme pour la marche précédente, Jeremy Hagenbourger a sollicité l'appui des Globules de Marlenheim (Bas-Rhin), dont il est membre depuis bientôt deux ans. "Quand Jeremy est venu nous dire qu'il voulait marcher de Saverne jusqu'à une commune près de Marseille, on s'est dit qu'il avait un grain" se souvient Dominique Grandidier, la présidente des Globules. "Mais de jour en jour, on l'a suivi sur les réseaux. Et on a vu ce qu'il était capable de réaliser."
"Donc quand il nous a présenté ce nouveau projet, on s'est dit que c'était un petit jeu. 100 km en trois jours, ce n'est rien, pour Jeremy. On lui a donc dit OK ! Et on marchera aussi. Les 800 km, on ne les a pas faits, mais pour ces 100, on l'accompagne."
A chaque étape du parcours, il y aura donc un, voire plusieurs membres des Globules, à cheminer aux côtés des deux marcheurs. Parmi eux, Pierre Baumgarten, qui avait déjà fait un tout petit bout de route avec Jeremy en juin dernier, de Marlenheim à Scharrachbergheim. "Et ce n'était pas facile, reconnaît-il, il y avait du soleil et il faisait très chaud."
Dominique Grandidier sera de la partie le premier jour, "de Colmar à Sélestat." Elle espère aussi pouvoir effectuer les 15 derniers kilomètres, lundi, jusqu'à Strasbourg. Et prévoit de toute façon d'être présente à l'arrivée, "à l'EFS, pour la réception".
Son mari Yves, lui, fera office de voiture-balai : "Durant ces trois jours, je serai le seul non marcheur, explique-t-il. Donc je m'occuperai de tous. J'embarquerai celui qui sera trop fatigué, leur apporterai de l'eau, et emmènerai les derniers jusqu'à Strasbourg." Son seul objectif est "que tous n'aient pas d'autre souci que de marcher, et de rencontrer des gens pour les inciter à donner de leur sang."
Traverser un maximum de villages
Préparer l'ensemble du parcours a nécessité pas mal de temps. Il a fallu éplucher des cartes, et faire du repérage. "Ce n'était pas évident, reconnaît Jeremy. On avait plusieurs itinéraires possibles, et avec Sabrina, durant de longues soirées, on a choisi le plus adéquat." Et pas forcément le plus court. Comme le but est d'aller à la rencontre des gens, on a voulu traverser énormément de villages. D'où la route des vins, choisie volontairement."
Dans certaines communes, ils seront salués plus officiellement. "On a pris contact avec des maires, explique Stéphanie Barth, secrétaire adjointe de l'Union départementale 67 du don du sang, qui soutient activement le projet. "Je serai là au début et à la fin de chaque journée. Et entretemps, je préviendrai les élus concernés si la marche a pris du retard, ou de l'avance, pour que tout se passe bien."
Au niveau de l'Union départementale 67, qui regroupe 106 associations locales, des initiatives comme celle de Jeremy ne sont pas si fréquentes. La jeune femme se réjouit donc de cette nouvelle opportunité qui permet de mieux informer le grand public.
"Plus on en parle, et plus les gens se disent : 'C'est vrai, le sang est uniquement produit par le corps humain.', rappelle-t-elle. Il faut absolument des donneurs pour que les malades puissent être transfusés. C'est important pour tous."
L'hébergement des nuits d'étape
Pour les deux nuits d'étape, samedi soir à Sélestat et dimanche soir à Erstein, Sabrina et Jeremy seront hébergés par des associations locales. Marie-Claude Robin, présidente de l'association pour le Don de sang bénévole d'Erstein, se réjouit de les accueillir chez elle. "C'est plus sympa d'être chez quelqu'un à la maison que dans une chambre d'hôtel", sourit-elle. "C'est donc normal de leur dire : 'Venez, tout simplement, sans tralala.'"
Elle aussi est persuadée que ces trois journées porteront leur fruit. "Si les gens entendent parler du don du sang, ils peuvent réfléchir : 'Peut-être que je pourrais aussi donner un jour…' Il n'est pas besoin d'attendre d'avoir un père, une mère, un fils ou une fille malade pour en prendre conscience. Beaucoup de patients ont besoin de sang maintenant. Et il y a aussi des médicaments qui sont faits avec du plasma, ce qu'on ignore trop souvent."
Jeremy Haldenbourger et Sabrina Grunewald emporteront avec deux des petites fiches : des promesses de dons du sang qu'ils comptent faire remplir par des personnes croisées durant leur périple. Ils espèrent ainsi récolter une centaine de ces fiches dûment remplies, soit une promesse par kilomètre parcouru. Reste à espérer que leurs prévisions sont bien trop modestes. Et que leur initiative courageuse, durant la semaine la plus froide de ce mois de janvier, touchera beaucoup plus de monde.