Depuis 128 ans, le Concours général agricole de Paris est la référence en matière de sélections des meilleurs produits de terroirs. L'Alsace ne manque jamais d'y être, notamment avec ses vins. La sélection des millésimes autorisés à concourir s'est déroulée ce mardi, à Colmar.
Ce mardi matin à Colmar, 120 jurés ont sélectionné les vins d'Alsace dignes de se présenter au Concours agricole générale de Paris, du 23 février au 3 mars. Propriétaires de domaine, viticulteurs ou oenologues (aucun producteur n'évalue jamais son propre vin, même à l'aveugle), ils ont donné leur avis sur 714 échantillons des principaux cépages alsaciens, sylvaner, pinot blanc, riesling, Muscat, pinot gris, gewurztraminer, pinot noir, ainsi que chasselas et crémant.
Tous les ans, l'Alsace remporte entre 150 et 200 médailles, autant dire que Bas-Rhin et Haut-Rhin sont bien placés et ne déméritent pas. Les deux départements ont rapporté 163 médailles en 2018 et 186 médailles en 2017.
Que recherche le jury précisément pour retenir un vin?
Michel Kueny, maître de chai des caves de Pfettisheim à la retraite, participe à cette présélection et à différents concours depuis 1970. "On recherche toujours l'équilibre. Là, on est dans une série de gewurztraminer, donc on cherche la finesse. Il faut que le vin soit intègre, net pour aller à Paris, donc on cherche la typicité. Un gewurtz doit être épicé au palais, on cherche un peu de gras, un équilibre, une certaine longueur. Un vin ne doit pas être squelettique, il doit être harmonieux."Quel est l'enjeu pour les viticulteurs?
Le concours agricole français est une référence au niveau mondial. Un prix remporté à Paris, vaut son pesant d'or. Répercution garantie sur la notoriété et les ventes des vins primés, tant au niveau national qu'international.
Des médailles, utiles aux consommateurs et aux viticulteurs
Les médailles attribuées aux vins lors du prestigieux concours général agricole servent de référence aux consommateurs confrontés à une grande diversité d'offre. Pour les viticulteurs et œnologues qui les ont vinifiés, elles sont une reconnaissance du travail réalisé. Laurence Schatz, oenologue multimédaillée de la Maison Henri Ehrhart à Ammerschwihr explique combien une médaille est une récompense pour toute l'équipe qui a participé à la vinification.
"C'est une grande satisfaction. On se dit qu'on a été bon, voire meilleur, puisque seuls les meilleurs obtiennent une médaille. C'est une satisfaction pour toute l'équipe, les vignerons qui nous rapportent le raisin, les cavistes en cave, en production, à la mise en bouteille. C'est une joie pour tout le monde, quand on décroche une médaille d'or."
"La dégustation professionnelle fait totalement abstraction des goûts personnels", expliquent les jurés.
Les changements climatiques font partie des nouvelles donnes
"J'ai eu dans mon expérience en 2003, le premier millésime qui était un peu atypique. Ça nous a surpris, car on n'était pas prêt à vinifier ce type de millésime. 2003, première année où on a vendangé au mois d'août. Aujourd'hui, ça devient presque monnaie courante, mais à l'époque, il a fallu s'adapter. Il fallait s'adaper même avec beaucoup d'expérience, il fallait s'adapter au niveau de la vinification. Je veux dire par là trouver un équilibre."Les 24 maisons bas-rhinoises et haut-rhinoises qui concourent le savent : seuls les vins qui font l'unanimité à Colmar, franchissent l'étape de pré-sélection. De nouvelles médailles au concours général agricole sont très recherchées, car des vins primés à Paris gagnent immédiatement en notoriété au niveau national et international.