À l'ouverture publique des archives de la guerre de 39-45, des pans entiers, méconnus, de son histoire, sont révélés. Le rôle du réseau de renseignement "Lucie", basé en Suisse, fait partie des (re)découvertes les plus surprenantes. Passionnés de la guerre, ne manquez pas "Le mystère Lucie, des espions contre le nazisme".
C'est une enquête minutieuse. Une reconstitution de faits, qui se sont déroulés en Suisse, pays de la neutralité, lors de la Seconde Guerre mondiale. À l'ouverture des archives de cette époque, tombées dans le domaine public, l'implication et la responsabilité d'un réseau d'hommes et de femmes dans la défaite du régime nazi est mise au jour. Un réseau d'espions, bien camouflés derrière de respectueuses situations qui a joué un rôle déterminant dans la diffusion de renseignements de la plus haute importance.
Voici trois bonnes raisons de voir en replay "Le mystère Lucie, des espions contre le nazisme" d'Eric Michel et Jacques Matthey.
1. Parce que vous êtes fan de romans d'espionnage
Alors, accrochez-vous ! Le contexte s'installe lentement. Dans l'Europe mouvante des années trente, Hitler tisse sa toile en Allemagne. Les puissances qui l'entourent comprennent qu'il va falloir être avec ou contre cette nouvelle Allemagne nationale socialiste. Des alliances se créent. Une situation initiale que tout le monde connaît.
Les personnages ensuite sont posés : d'une part, Rudolf Roessler, Allemand, convaincu très tôt que le nazisme est une menace contre la culture de la véritable Allemagne. Il se réfugie en Suisse à Lucerne en raison de ses opinions politiques. Érudit et passionné de littérature, il y ouvre une petite maison d'édition, Vitanova, ainsi qu'un journal, qui lui servent de couverture.
Et Sandor Rado, d'autre part, géographe, communiste, juif et Hongrois. Il réalise des cartes sur l'Union soviétique à Moscou et va vite être approché par les services de renseignements russes.
Leurs engagements, leurs rôles servent de fil conducteur à l'intrigue : la mise en place d'un vaste réseau de renseignements et de lutte contre le nazisme, situé dans un pays qui se revendique neutre.
2. Parce que l'histoire vous passionne
L'histoire vous passionne et surtout les petites histoires qui composent la grande, alors vous ne serez pas déçu. Celle-ci est peu connue. Un réseau d'espions installés en Suisse, pays neutre, cela vient d'être expliqué. Il y a là comme une contradiction, un étrange paradoxe. Et pourtant, le rôle de ce réseau est probablement bien plus influent qu'il n'y parait.
Ses prémices se mettent en place à Zurich, lors de l'exposition nationale de 1939. Un groupe d'Allemands y fait la connaissance du réfugié allemand Roessler. Ils décident de lui faire parvenir des renseignements à destination des Alliés pour lutter contre Hitler et sa politique. Parmi eux, des employés de chez Bosch, mais pas seulement.
Alors que Hitler met en place son plan d'extension sur l'Europe de l'Ouest, Staline choisit de lui faire confiance. Les deux dictateurs signent un pacte de non-agression. L'Allemagne ouvre les hostilités et envahit la Pologne, la Russie lui emboîte pas. Mais l'alliance entre les deux puissances est de courte durée, et les cartes se rebattent dans toute l'Europe. La Suisse, quant à elle, dès le printemps 1940 et l'invasion de la France, est encerclée par le fascisme et ne se sent pas en sécurité. Son avenir même dépend de la défaite de l'Allemagne nazie. Ce qui rend possible l'existence de puissants réseaux de renseignements sur son territoire.
Sandor Rado a quitté l'URSS pour venir s'installer à Genève. Il vend ses cartes géographiques aux journaux. Et il reste en contact avec les services secrets russes. Rado, qui se fait désormais appeler Dora, promet de lutter contre les nazis depuis son poste avancé en Suisse.
Depuis Berne, un autre réseau, mené par Georges Blin et composé de diplomates français anti-pétainistes, prend de l'ampleur.
Lucerne, Genève, Berne, les trois axes de ce vaste réseau suisse se contactent sans se rencontrer et transmettent leurs informations depuis trois postes émetteurs, en morse et de manière codée. Ils sont alors connus par les Allemands sous le nom de "Die Rote Drei", les trois rouges.
Des hommes au départ ordinaires, dont le destin bascule dans l'histoire du monde par le biais de leurs opinions et leurs engagements.
3. Pour rendre hommage aux héros
Leurs noms nous sont inconnus et pourtant leur rôle a été probablement décisif sur l'issue de la guerre. Pourtant, depuis Londres, le général de Gaulle l'a dit dès 1941 : "Tous ceux qui participent à la lutte contre l'Allemagne contribuent à la libération de la France." Et tous méritent la reconnaissance des nations libérées. Ils sont cependant tombés dans l'oubli en raison des alliances, rebattues, dans l'après-guerre. Ils ont même parfois été condamnés et emprisonnés.
Les nations alliées ont préféré mettre en avant leurs propres héros nationaux, occultant le rôle des résistants allemands et ceux de la neutre Confédération helvétique. Alors juste pour le souvenir, voici les noms de ces héros presque anonymes, cités dans ce documentaire, qui ne doivent pas être oubliés.
Sandor Rado
Rudolf Roessler
Xavier Schnhieper
Otto Pünter
Rachel Dubendörfer
Edmond Hamel
Georges Blin
Christian Schneider
Karl Friedrich Gördeler
Robert Bosch