Élections législatives anticipées : le casse-tête des communes pour organiser en trois semaines un scrutin imprévu

En annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, le président Emmanuel Macron a pris tout le monde de court, y compris les maires, chargés d'organiser des scrutins qui n'étaient pas prévus. Et ce alors que se profilent les congés d'été.

Les communes ne sont pas à la fête à moins de trois semaines du 1er tour, qui aura lieu le 30 juin : salles communales louées pour des mariages, nombreux en cette période de l'année, élus ou employés municipaux déjà en vacances, l'organisation du scrutin s'annonce tendue. Sans parler du coût à absorber, inhérent à l'organisation de tout scrutin et qui n'était pas prévu dans le budget 2024 pour ces deux tours d'élections législatives. "C'est simple, pour une ville comme Molsheim, un dimanche d'élection, c'est 22 000 euros, avance Laurent Furst, maire LR de Molsheim (Bas-Rhin). Donc là, 44 000 euros, qu'il faudra bien économiser ailleurs... Mais bien sûr qu'il faut le faire, pour le bon fonctionnement de la démocratie, et pour nos concitoyens."

Dans cette commune de près de 10 000 habitants pour huit bureaux de vote, le maire compte sur les conseillers municipaux pour assurer la bonne tenue de chaque élection, tenir notamment les bureaux de vote et assurer le dépouillement et le rôle d'assesseurs.

Mais il pourrait aussi, si l'on en croit ces habitants croisés dans les rues de la ville ce mardi, deux jours après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, s'appuyer si besoin sur la bonne volonté citoyenne. "Moi, je suis retraité, donc on est disponible, on pourrait aider ! C'est très court, trois semaines, donc on comprend bien que c'est compliqué... D'habitude, les communes savent les dates des mois à l'avance, là en plus, c'est au moment où les gens vont partir en vacances, donc ce n'est pas évident...", avance cet habitant. Bien plus jeune, ce cycliste abonde : "il y a un enjeu démocratique qui dépasse l'organisation individuelle, donc ça me parle, je serai prêt à me mobiliser... On a beaucoup de chance d'être en démocratie, de pouvoir voter, donc il faut en prendre conscience".

Le casse-tête des congés des élus et employés municipaux

Tous ne se sentent pas aussi concernés, "ce n'est pas mon rôle", affirme cette dame. Et dans tous les cas, il y a des tâches d'organisation qui incomberont forcément aux employés de la commune. À Hœnheim, autre commune bas-rhinoise qui comporte, elle, neuf bureaux de vote, l'heure est au ramassage des panneaux électoraux, qui vont être nettoyés en vitesse pour être réinstallés. "On s'attendait bien à les ranger, mais pas à les ressortir aussi vite !", confie cet agent de maîtrise des services techniques. La ville a dû faire appel à des prestataires extérieurs pour pouvoir assurer cette logistique. "Nous sommes obligés de prioriser les tâches à faire... C'est aussi la période des kermesses dans les écoles, il y a là aussi du matériel à déposer et installer..."

"On s'arrache aussi les cheveux pour les plannings de tenue des bureaux de vote, on est obligé d'annuler ou reporter des congés, explique Elisabeth Burt, responsable du service population et accueil. Il y a aussi la question des inscriptions sur les listes... Est-ce qu'il y aura des dérogations pour pouvoir s'inscrire en dernière minute ? On est un peu fatigué quand même... Dimanche soir, on n'a pas eu le temps de souffler après les européennes que le président annonçait la dissolution !

Tout le monde est solidaire, ça soude les équipes... Il faut bien que le travail soit fait et que la démocratie fonctionne

Elisabeth Burt, responsable du service population et accueil à la ville d'Hoenheim

"C'est beaucoup de travail pour les équipes, souligne le maire DVD de la ville, Vincent Debes. C'est très rapide, c'est la première fois que le temps d'organisation des élections est aussi court. Quand un élu part à un mariage à l'étranger, on est bien obligé de pallier son absence... C'est notre cas, et nous allons devoir chercher un autre président de bureau. Pour d'autres, nous devrons compenser financièrement l'annulation de leurs congés. Il va falloir compter sur les bénévoles, sur toutes les forces présentes."

Kermesses, mariages : les autres priorités de l'été

Sans compter la nécessité de libérer les espaces prévus pour les bureaux de vote. "S'il y a un mariage ici le samedi, il faut mobiliser les équipes pour réinstaller le bureau de vote en un temps record. J'ai des collègues maires qui doivent même trouver de nouvelles salles, car leurs infrastructures sont louées."

Et Vincent Debes, qui est aussi président de l'association des maires du Bas-Rhin, de conclure en pensant plus particulièrement aux toutes petites communes "qui, elles, n'ont pas des services techniques aussi fournis, qui doivent mutualiser des agents sur plusieurs communes, et même procéder eux-mêmes à toute cette logistique. Nous allons tous nous redresser les manches !"

Car le 30 juin et le 7 juillet prochain, 49,4 millions de Français, inscrits sur les listes électorales, sont appelés à se rendre aux urnes. Et elles seront prêtes.

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