Parti d'Alsace le 18 juillet avec sa vache Modestine et son grand-père André, Corentin Huber, 20 ans, a traversé la France à pied pour récolter des fonds pour la lutte contre le cancer. Sa grand-mère les a rejoints pour les tout derniers kilomètres ce dimanche 27 août.
Il est fier et fatigué. Et il y a de quoi. Avec sa vache Modestine et son grand-père André, ils ont 760 kilomètres dans les pattes. "Mais avec l'excitation de l'arrivée, la fatigue, je ne la ressens pas" précise Corentin. A 20 ans, ce jeune Alsacien vient d'atteindre l'objectif qu'il s'était fixé : rallier Gentioux-Pigerolles, une petite commune de la Creuse, à pied. Un voyage destiné à récolter des fonds pour la lutte contre le cancer, car sa grand-mère en a été victime.
Corentin, André et la vache Modestine sont partis le 18 juillet dernier de Breitenbach (Bas-Rhin), et ils ont traversé toute la France pour arriver à destination. La Franche-Comté, Dijon, Châlon-sur-Saône... Toujours sur les petits chemins, et loin des grandes villes. "Tout s'est bien passé, même si on a eu des petits soucis techniques" sourit le jeune homme.
La charrette de récup', qui transporte l'eau et un peu de matériel de soin pour la vache, n'a pas tenu le coup. Des rayons ont cédé et il y a eu deux crevaisons. La bâche de protection n'est plus aussi étanche que mi-juillet après toute cette route. Mais c'est justement tout l'intérêt du voyage aux yeux de Corentin : "Partir dans le sud de la France pour faire bronzette, ça ne m'intéresse pas, ce n'est pas ça voyager. Ce sont les problèmes qui font les souvenirs de voyage" explique le jeune homme.
Les problèmes, mais les rencontres aussi. Il y en a eu de nombreuses sur le chemin. Parfois les personnes reconnaissaient la petite équipe : "A Paray Le Monial, en Saône-et-Loire, on a été accueillis comme des stars" se souvient Corentin. Il y a aussi cette dame, qui a marché 5 jours avec eux. La présidente de l'association des amis de Saint-Jacques de Compostelle leur a bien facilité la tâche en leur traçant le meilleur itinéraire pour les premiers jours.
Modestine a une allure de bœuf de travail aujourd'hui !
Corentin Huber
Car traverser la France à pied ne s'improvise pas. Surtout avec une génisse. Modestine est en pleine forme, elle a l'âge idéal pour accomplir un tel périple (2 ans et demi) mais ce n'est pas dans l'ADN d'un bovidé d'enchaîner les kilomètres. "Ca l'a changé physiquement" raconte Corentin. "Modestine a pris du muscle. Avec 6 heures de marche par jour, elle a l'allure d'un boeuf de travail aujourd'hui".
Et Modestine n'a pas ménagé ses efforts. "On s'était calé sur son rythme et au final, on a marché 22 à 24 kilomètres par jour". Résultat : l'équipe arrive avec près d'un mois d'avance. Samedi, la mamie de Corentin les a rejoints en train depuis Strasbourg et ce dimanche, elle fait les derniers kilomètres avec son mari et son petit-fils.
Un dernier effort avant d'arriver à Gentioux-Pigerolles en milieu de journée. "On est un peu tristes d'arriver car c'est la fin de l'aventure" précise Corentin. Sur ce dernier bout de chemin, il pensera sûrement à toutes les anecdotes, à toutes les personnes croisées. A celles qui ont participé à la cagnotte en ligne pour la lutte contre le cancer. Elle dépasse 4.000 euros ce dimanche matin, mais elle peut encore aller plus loin. "On ne s'est pas fixé d'objectif" explique Corentin. "Mais je ne pensais pas que les gens allaient donner tant" s'étonne le jeune homme.
Et la suite ?
Il reste un mois avant le rassemblement de bouviers auquel vont participer Modestine et Corentin mi-septembre. Il s'agit d'une activité consistant à conduire les boeufs. Le retour en Alsace se fera en bétaillère pour Modestine. Ensuite, Corentin reprendra la route, car il est compagnon du devoir, spécialisé comme couvreur-zingleur-ferblantier. Mais ce sera un autre Corentin, peut-être plus sage et plus philosophe. "Ca m'a changé ce voyage, je vois les choses différemment. Je me pose des questions sur mon avenir, sur la société dans laquelle on vit".
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André aussi a changé. "Il vit un peu dans sa grotte mon grand-père. Au départ, je sentais qu'il avait accepté de m'accompagner pour me faire plaisir. Plus le temps passait, plus il se "lâchait". Maintenant, il parle même de repartir en vacances avec Mamy alors qu'ils ne sont pas partis depuis 40 ans !" C'est dire si les voyages ne forment pas que la jeunesse !
