Corentin Huber partira, le 18 juillet 2023, sur les routes de France à destination d'un rassemblement de bouviers dans la Creuse. Un parcours long de 700 km qu'il réalisera à pied avec sa vache de race Vosgienne nommée Modestine et son grand-père de 66 ans. L'objectif est de récolter des dons pour lutter contre le cancer.
C'est un projet auquel on ne pense pas tous les jours : partir avec sa vache de race Vosgienne sur les routes de France. Corentin Huber, un jeune Alsacien de 20 ans, va réaliser l'un de ses rêves en rejoignant un rassemblement de bouviers à Gentioux-Pigerolles (Creuse). Cette activité qui consiste à s'occuper et à conduire des bœufs. Il conduira sa génisse nommée Modestine sur 700km, accompagné de son grand-père de 66 ans qui les suivra en camionnette. L'objectif est de récolter des fonds pour la Ligue contre le cancer.
Le départ de Ribeauvillé (Bas-Rhin) est prévu pour le 18 juillet. L'arrivée est prévue, au plus tôt, en mi-septembre. "J'ai organisé une réunion de bouviers cette année avec la volonté d'y apporter un coup de jeune. La localisation centrale permettra aussi de rassembler des gens de toute la France", explique Corentin Huber.
Le jeune homme a pour ambition de perpétuer la tradition de la traction animale. "Il y a aussi un regard faussé sur l'activité de bouvier. On parle parfois de maltraitance, avec des coups de bâton. Je voulais montrer que ce n'est pas ça. Cela a beaucoup évolué, tout comme le monde du cheval. Aujourd'hui, on dresse des bovins sans conflit", ajoute-t-il.
Dormir avec Modestine
Le projet a été pensé par Corentin. Il avait ce rêve de partir avec des bœufs sur les routes. Pendant plusieurs mois, il s’est efforcé de rendre cette aventure possible en travaillant avec ses grands-parents sur le trajet à effectuer. Malgré sa bonne volonté, il a eu du mal à embarquer son grand-père dans son aventure. "Au début, je n'étais pas partant à cause de mon âge, se souvient André Kammerer, le mal du pays et ne pas voir ma femme, ça va être compliqué, mais les belles rencontres sur le chemin vont me faire oublier ça, et puis physiquement ça devrait bien se passer".
L'autre défi est de mettre la vache dans une situation confortable. "C'est notre priorité", répète Corentin Huber. Sur le tracé du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, lui et son grand-père éviteront les fortes chaleurs. "Entre 11h et 15h, nous n'avancerons pas pour que Modestine se repose, précise-t-il, la marche se fera seulement le matin et en soirée".
Je dormirai auprès de Modestine, elle sera rassurée et moins seule
Corentin Huber
Alors qu'elle a seulement deux ans, Corentin Huber ne tient pas à ce que sa vache s'épuise. "Elle n'aura qu'une charrette d'une dizaine de kilos à tracter. Cela permettra d'avoir sa nourriture en permanence et de porter l'eau qu'elle boira chaque jour", affirme-t-il. À côté, la camionnette dans laquelle son grand-père roulera contiendra de quoi soigner l'animal, mais aussi des outils pour bricoler s'il le faut.
Le sexagénaire dormira dans son véhicule, tandis que son petit-fils se couchera chaque soir sous un tarp, une bâche en textile imperméabilisée, à quelques mètres de la vache. "Je dormirai auprès de Modestine, elle sera rassurée et moins seule, explique-t-il, la clochette autour de son cou permettra de me dire si elle est bien à proximité lorsqu'il fait nuit".
Chaussures sur mesure pour la vache
La chaleur n'était pas la seule crainte de Corentin et son grand-père. Après des entraînements entre Breitenbach et Ribeauvillé, ils ont remarqué que les sabots de la vache s'abîmaient à cause du bitume. "Nous avons fait appel à un spécialiste venu de Suisse. Il a conçu des protections pour les sabots sur mesure. Depuis qu'elle les porte, tout semble bien se passer", sourit le jeune aventurier.
Même si la vache est dans une position idéale, les deux Alsaciens ont conscience que la route peut être difficile. "L'arrivée est un objectif, mais la santé de Modestine et celle de mon grand-père passe avant tout. Si ça ne va pas, nous arrêterons", avertit-il. De son côté, Corentin n'aura pas de mal à faire la route. Aujourd'hui membre des compagnons du devoir, il enchaîne les balades avec sa famille et ses animaux depuis l'âge de 12 ans.
Pour les motiver, ils comptent sur l'accueil des habitants. "J'ai été passionné par l'activité de bouvier, car il y a un côté festif. Les gens sont curieux et heureux de nous voir passer devant chez eux. C'est agréable", ajoute-t-il.
Des dons pour lutter contre le cancer
L'idée de ce périple est née, en premier lieu, à la suite d'un événement dramatique. "Ma grand-mère était atteinte d'un cancer, tout comme ma voisine. Et quelques mois après, j'ai appris le décès de cette dernière. C'était le déclic, j'ai compris que ça pouvait arriver à tout le monde", se souvient Corentin Huber.
Ils appellent donc au don durant leur périple. "Je n'ai pas d'objectif sur le montant récolté, mais j'espère que ça fonctionnera, car c'est important pour nous", précise-t-il. Une cagnotte nommée "La corne rose" a été ouverte sur le site de la Ligue contre le cancer.
En parallèle, Corentin Huber partagera son expérience sur ses comptes Instagram et Tik Tok. Il sera équipé d'un drone et de deux téléphones. L'objectif est de prévenir les habitants des communes qu'il traversera pour rencontrer un maximum de personnes. La définition du bonheur en somme.