Un vaccin très prometteur, qui lutte contre les récidives de cancers ORL, a été présenté par la biotech alsacienne Transgène à Chicago en juin 2023. Cette avancée dans la lutte contre la maladie est testée par une patiente en Bretagne.
Depuis 2020, la biotech Transgène, basée à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), développe un vaccin personnalisé qui a pour but de faire cesser les rechutes de patients atteints de cancers ORL, situés au niveau de la tête et du cou. En juin 2023, l'entreprise alsacienne a présenté les résultats très encourageants des premiers essais cliniques.
Le vaccin, appelé TG4050 n'est pas encore commercialisé. Mais Camille (prénom modifié), atteinte d'un cancer particulièrement virulent, a accepté de participer à ces essais. "Dans la vie, vous avez des bonnes cartes et des moins bonnes. Ce vaccin m'a paru être une chance, une opportunité incroyable", témoigne la patiente à notre équipe de reportage.
Lutter contre la tumeur cancéreuse se fait en plusieurs étapes. Il faut d'abord la repérer, elle qui passe sous les radars du système immunitaire. Aussi, la tumeur va développer de très nombreuses mutations, des milliers même. Parmi elles, une trentaine, beaucoup plus apparentes, mais qui diffèrent selon les personnes.
Pour concevoir un traitement personnalisé, Transgène utilise des prélèvements effectués sur chaque patient. Le vaccin va embarquer les mutations les plus visibles et une fois injectées, les défenses naturelles du malade pourront repérer la menace et ainsi neutraliser la cible cancéreuse.
Des méthodes qui étaient encore inenvisageables il y a cinq ans deviennent à portée de main.
Éric QuéméneurDirecteur scientifique chez Transgène
"Ce développement s'inscrit dans une tendance de fond de la médecine, que l'on appelle la médecine de précision. On vise à recueillir le maximum d'informations sur chaque patient pour lui construire une thérapeutique adaptée. Les progrès de la technologie font que les coûts et les délais vont diminuer. Ce qui fait que des méthodes qui étaient encore inenvisageables il y a cinq ans deviennent à portée de main", explique Éric Quéméneur, directeur scientifique chez Transgène.
Des essais menés sur 36 malades
Le PDG de la biotech, Alessandro Silva, se montre très satisfait et confiant quant à l'avenir de son vaccin. "Nous sommes en train de montrer que cette technologie a du sens pour les malades. Mais nous savons déjà que cette approche va très bien fonctionner pour d'autres tumeurs."
Camille fait partie des 36 patients qui ont participé aux essais cliniques de TG4050, essentiellement à l'Oncopole de Toulouse et à l'Institut Curie à Paris. Parmi eux, un groupe témoin et des patients vaccinés. "Pour l'instant, les seules récidives qu'il y a eu sont apparues chez des patients qui n'ont pas été vaccinés, indique Christophe le Tourneaux, oncologue à l'Institut Curie, tout en rappelant que ces résultats restent très préliminaires.
Ce n'est pas comparable avec de la chimiothérapie.
CamillePatient atteint d'un cancer et vaccinée
Camille, qui a reçu une vingtaine d'injections, n'a pas rechuté. "Je n'ai pas eu d'effets secondaires. On m'avait prévenu qu'il pouvait y en avoir comme de la fatigue et des nausées, mais je n'ai eu de tout ça. Ce n'est pas comparable avec de la chimiothérapie."
D'autres phases de tests du vaccin doivent être menées, avant une possible commercialisation en 2027.