Trente-et-un pompiers alsaciens sont partis vendredi 15 juillet seconder leurs collègues de Gironde. Depuis, ils participent à la lutte contre l'énorme feu de forêt qui ravage le secteur de Landiras, au sud de Bordeaux.
Une trentaine de soldats du feu alsaciens (21 Bas-Rhinois et 10 Haut-Rhinois) sont à pied d'œuvre en Gironde depuis le 16 juillet. Avec leurs homologues locaux, et ceux venus de toute la France, ils sont environ 850 pompiers mobilisés dans le secteur de Landiras, où les flammes ont déjà ravagé 12.800 hectares boisés.
Cet énorme feu de forêt a démarré le 12 juillet dernier, le même jour que celui de la Teste-de-Buch, près d'Arcachon, à une soixantaine de kilomètres plus à l'Ouest. Comme ce dernier, il poursuit encore et toujours son avancée dévastatrice.
Malgré l'impressionnante quantité de moyens humains et logistiques mis en œuvre, les deux incendies n'ont toujours pas pu être fixés.
Deux colonnes de renfort parties de l'Est
Les pompiers alsaciens arrivés en renfort font partie des deux colonnes, Alpha et Bravo, envoyées par les 18 départements de la zone Est (regroupant le Grand Est et la Bourgogne Franche-Comté) : un total de 141 sapeurs-pompiers, huit engins, ainsi que d'importants moyens logistiques et de soutien sanitaire.
La forêt landaise, composée majoritairement de pins maritimes, est très différente des forêts alsaciennes. Mais les pompiers haut- et bas-rhinois ont pu être opérationnels dès leur arrivée, sans besoin d'adaptation. En effet, ce détachement est "composé de personnel formé à la lutte contre les incendies de forêt" précise le commandant François Trost, chef du service opérations du SDIS 67. Une formation nationale, "dispensée à tous les sapeurs-pompiers amenés à exercer sur ce type d'intervention", leur permet d'appréhender "toutes les situations susceptibles d'être rencontrées."
Par son ampleur, ce feu en Gironde n'a bien sûr rien à voir avec les sinistres que les pompiers alsaciens ont pu affronter dans les forêts vosgiennes. Mais "nous avons aussi un certain nombre de massifs forestiers où nous intervenons pour des débuts d'incendies : feux de forêt ou de broussailles difficilement accessibles" rappelle le chef du service opérations. "Nous sommes donc régulièrement amenés à rencontrer ce type de situation, quoique à une échelle moindre."
Une motivation sans failles
La lutte contre les flammes qui détruisent la forêt landaise se poursuit nuit et jour. Les pompiers alsaciens, comme leurs collègues des autres régions, ont donc "des séquences de repos très courtes, c'est plus que spartiate" précise François Trost.
Sur le terrain, entièrement absorbés par leur tâche, ils ne comptent pas leurs heures, bien au contraire. "Tous très motivés" par leur contribution à cette "solidarité nationale", ils auraient tendance à poursuivre sans s'arrêter, ni même prendre conscience de leur fatigue.
C'est pourquoi "une équipe qui travaille en coulisses, composée de médecins et d'infirmières engagés auprès d'eux" est chargée de "veiller à leur état physique". Et les force à lever le pied dès que c'est nécessaire : "de façon régulière, ils les mettent quelques heures au repos, pour pouvoir être réengagés dans la foulée."
Cette vigilance semble porter ses fruits, car jusqu'à présent, malgré l'intensité du combat contre l'incendie, aucun blessé n'est à déplorer. Seuls "deux petits incidents" ont été dénombrés, reconnaît François Trost. Mais n'ont pas nécessité d'évacuation, ni d'interruption d'activité. "Après une séance de soins" les hommes concernés, "ont pu réintégrer les effectifs de leur unité opérationnelle."
Du renfort si nécessaire
Les pompiers partis le 15 juillet devraient rester en Gironde jusqu'à vendredi prochain, 22 juillet. Mais "leur séjour peut éventuellement être prolongé, selon l'évolution du sinistre" explique François Trost. Et si, dans la pire des hypothèses, l'incendie n'était toujours pas maîtrisé dans un délai court, une prolongation de l'opération pourrait être décidée au niveau national.
Dans ce cas, "la zone Est mobilisera une colonne de renfort en relève", et l'Alsace engagera à nouveau quelques dizaines de sapeurs-pompiers "pour venir relayer les collègues actuellement sur place."
Cette opération d'entraide n'est de loin pas la première pour les pompiers alsaciens. Chaque année, ils vont prêter main forte à leurs collègues du sud de la France, pour des feux de forêt. Ils sont aussi "potentiellement amenés à être engagés sur n'importe quel théâtre de crise" rappelle encore le chef du service opérations. Et manifestent leur solidarité pour tous types de missions.
En 2021, certains s'étaient envolés vers la Guyane et les Antilles, afin d'apporter leur soutien lors de la crise sanitaire due au Covid-19. Et en juin dernier, ils ont participé à des opérations de bâchage dans la Nièvre et la Saône-et-Loire, deux départements particulièrement touchés par la grêle.