INSOLITE. Ce scénariste poursuit les aventures d'Iznogoud, la BD diabolique de René Goscinny

Depuis plus de 60 ans, Iznogoud, l'une des bandes dessinées préférées des Français, fait rire des générations de lecteurs. Olivier Andrieu, qui fait vivre aujourd'hui le personnage du méchant et colérique vizir conçu par René Goscinny, n'avait pourtant aucun lien avec l'univers de la BD.

Il s'appelle Olivier Andrieu. Il a 59 ans. Il vit en Alsace dans la capitale du Klevener, Heiligenstein (Bas-Rhin) et il est aujourd'hui le scénariste d'un personnage emblématique de la bande dessinée : Iznogoud.

Iznogoud, le vizir qui voulait être calife à la place du calife, est né en 1962 dans le magazine Record. Il a été créé par deux icônes de la BD, Jean Tabary pour les dessins (1930 - 2011) et René Goscinny, pour les scenarii (1926 - 1977).

Avec Astérix, Lucky Luke, Le Petit Nicolas, Iznogoud deviendra l'un des héros préférés du scénariste qui prenait un malin plaisir à lui mettre dans ses bulles des calembours truculents. Son nom vient d’ailleurs du jeu de mot anglais "He's not good", qu'on traduit par "il n'est pas bon", sous-entendu, il est très mauvais.

Iznogoud : 10 millions d'albums vendus

En plus de 60 ans, Iznogoud, c’est plus de dix millions d’albums vendus dans le monde, dans plus de quinze langues différentes ; c’est un film populaire, sorti en salle en 2005, qui a recueilli plus de 2,5 millions entrés ; c'est un dessin animé qui est diffusé dans les télévisions de plus de 40 pays.

Dans un sondage paru en 2022, il fait parti du top 50 des BD préférées des Français. Bref, Iznogoud, le premier héros méchant et colérique de l’histoire de la BD, est une superstar.

"Pendant longtemps, j’ai mené une double vie, explique Olivier Andrieu. Jusqu’en 2023, j’étais consultant internet, un des pionniers européens de l’optimisation pour les moteurs de recherche – search engine optimization – (SEO). J’ai écrit plusieurs livres sur ce sujet. Mais en même temps, comme depuis mes dix ans, je restais un passionné de la bande dessinée. J'ai donc développé parallèlement une activité d’auteur et de blogueur sur ce milieu."

Un jour, Anne Goscinny m’appelle. Elle cherchait un scénariste pour l’album des 60 ans d’Iznogoud. Et elle m’a dit : c’est toi ! Je n’ai pas décollé de mon plafond pendant trois jours

Olivier Andrieu

De 1999 à 2009, Olivier Andrieu va notamment publier quatre livres sur René Goscinny, Uderzo et l’univers d’Astérix. C’est à cette occasion, pour ses recherches, qu’il fait la rencontre de la fille de René Goscinny qui va lui ouvrir toutes ses archives. "Cela m’a parmi de mieux comprendre comment René Goscinny travaillait, sa méthodologie, ses synopsis, sa science du découpage et ses gags. C’est elle qui dirige aujourd’hui IMAV, la maison d’édition qui publie Iznogoud."

En 2019, Olivier Andrieu, saute le pas pour réaliser son rêve de gosse, mais surtout pour "oser se mettre à la place du calife du scénario de la BD, René Goscinny". Il présente à sa fille une série de scénarii pour Iznogoud. "Anne Goscinny m’a dit : c’est sympa, mais il faut retravailler tout ça. C’est ce que j’ai fait ! j’ai réécrit 100 fois. J’ai recommencé encore et encore jusqu’à ce que mes premières planches soient diffusées, deux ans plus tard, dans le 31ᵉ album de la série, Moi, calife…"

Le premier album d'Iznogoud, sans l'intervention d'un de ses créateurs originaux, date de 2008, Les mille et une nuits du calife. "C'est le dessinateur Nicolas Tabary qui a poursuivi l'œuvre  de son père. J'étais très fier et comblé d'avoir mon nom à côté du sien sur cette BD".

L’ancien meilleur référenceur internet français, poursuit : "Et puis un jour, Anne Goscinny m’appelle. Elle cherchait un scénariste pour l’album des 60 ans d’Iznogoud. Et elle m’a dit : c’est toi ! Je n’ai pas décollé de mon plafond pendant trois jours. Il a bien fallu que je redescende pour m’atteler à l’écriture de Des bougies pour Iznogoud".

Le 1ᵉʳ mars 2023, Olivier Andrieu indique à sa communauté internet qu’il arrête sa carrière de consultant en référencement afin de se consacrer uniquement à son activité de bande dessinée.

On a retrouvé l’humour d’Iznogoud

Le duo Elric Dufau, au dessin, et Olivier Andrieu, fonctionne particulièrement bien dans ce dernier opus des aventures d’Iznogoud, Des bougies pour Iznogoud. Le sentiment que le méchant vizir n’a pas pris une ride malgré son âge. Les gags sont drôles. Les références très contemporaines. Les dessins sont beaux, un coup de crayon élégant avec de jolies couleurs.

Quant aux scénarii, ils sont très efficaces, bien ficelés et peuvent intéresser toutes les générations, ceux qui suivent Iznogoud depuis toujours et ceux qui le découvrent.

"Je vais trouver l’inspiration de mes histoires en me baladant dans les vignes alsaciennes avec mon chien. J’ai aussi un carnet sur ma table de nuit. La nuit, je me réveille, et je note les idées qui me sont apparues".

Dans cet album de nouveaux personnages apparaissent, notamment Aboul el Ben qui ressemble étrangement à Bernard Tapie, Honorée comtesse de Chantilly et Spritz von Kouglopf qui pourraient sans aucun problème remplacer les animateurs du Meilleur pâtissier.

Vivement le prochain album. Que l’aventure se poursuive pour qu’Iznogoud nous fasse rire encore et encore.

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