"J'ai perdu deux tiers de ma récolte" : les ruches touchées par le mélézitose, le redoutable "miel béton"

C'est un phénomène qui n'est pas nouveau, mais de plus en plus fréquent ces dernières années avec le réchauffement climatique. Les ruches qui produisent du miel de forêt sont touchées par le mélézitose. Le miel est cristallisé dans les alvéoles. Synonyme de danger pour la ruche et la récolte. Explications.

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Ce n'est pas la première fois que les ruches de Pierre Stéphan, apiculteur à Lichtenberg (Bas-Rhin) en Alsace Bossue, sont touchées par le mélézitose dit le "miel béton" dans le jargon. Mais la récolte de cette année 2024 sera sans doute l'une des plus maigres. Le producteur de miel a perdu deux tiers de sa production. "De 15 tonnes annuellement, j'ai produit 4 tonnes cette année", précise Pierre Stéphan. 

Sur ses 400 ruches, la moitié a été impactée, offrant du miel cristallisé. Le miel de sapin (parce qu'il ne concerne que ce miel-là) ne peut plus être récolté ni consommable. "En moins de 48h, le miel se cristallise dans la ruche. Cela signifie que les alvéoles sont bouchées, que le miel est difficile, voire impossible, à extraire." 

Le mélézitose, c'est quoi ? Du sucre produit par les pucerons qui se nourrissent de sève de sapin. Leurs déjections, qu'on appelle le miellat, vont être butinées par les abeilles. Les conditions météo, avec des épisodes pluvieux fin juin, début juillet, en Alsace ont favorisé, l'humidité, donc le développement des pucerons et donc de la production de ce sucre dont les abeilles raffolent. Problème, quand le taux de mélézitose dans le miel dépasse les 12%, il se cristallise. Dans les ruches de Pierre Stéphan, il est monté jusqu'à 20%. "Un danger pour les abeilles qui ne peuvent plus travailler correctement. Pour les cadres qui ne tiennent plus. La ruche, en règle générale".

Alors pour sauver ses milliers d'ouvrières et ses 250 reines, l'apiculteur a dû faire preuve de réactivité. Inconcevable pour ce producteur bio de chauffer le miel pour le rendre liquide. Pierre Stephan a préféré ajouter des hausses sur ces ruches. "La hausse c'est un étage ajouté sur le corps de ruche, avec des cadres vides. Il fait office de magasin à miel. Les abeilles ont retravaillé d'elles-mêmes le miel cristallisé". Les ruches ont pu être sauvées. Pas la récolte. Mais qu'importe pour ce passionné, "l'essentiel reste la survie de mes ruches" et de poursuivre "les bonnes récoltes des années précédentes vont pouvoir compenser les pertes de 2024."

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