"J'avais peur de le revoir", le retour d'un conseiller régional soupçonné d'agressions sexuelles angoisse la victime présumée

Mis en retrait de ses fonctions depuis le dépôt de plainte pour agression sexuelle d’une de ses collègues, Christian Debève a fait son retour au conseil régional le 11 septembre. L’agresseur et la victime présumée doivent à nouveau travailler ensemble. Une information judiciaire a été ouverte pour tentative de viol et agression sexuelle.

Après plusieurs mois passés à l'écart de la vie politique, il a donc fait son retour au conseil régional ce lundi 11 septembre. C’est suite à une plainte déposée par l’une de ses consœurs du même groupe que Christian Debève, chef de file des élus centristes au sein du groupe majoritaire du conseil régional du Grand Est, avait dû se mettre en retrait.

En cause, une plainte pour agression sexuelle. Le Mulhousien est en effet soupçonné de s'être introduit au domicile de l’élue et de l'avoir agressée sexuellement.

Le 14 février 2023, Catherine Sorita-Minard, alors procureure de la République de Colmar confirmait "l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée aux gendarmes de la section de recherche de Strasbourg". À ce jour, l’enquête préliminaire est terminée, Christian Debève a été auditionné courant juin, sans être mis en examen.

Information judiciaire pour tentative de viol et agression sexuelle

Selon le nouveau procureur de Colmar, Jean Richert, une juge d’instruction s’est désormais saisie de l’affaire. Une information judiciaire a été ouverte mi-juin pour tentative de viol et agression sexuelle. En attendant les conclusions de cette enquête, la présomption d’innocence reste de mise. C’est pour cette raison que Franck Leroy, président de la région Grand-Est, a décidé de réintégrer ce lundi 11 septembre, Christian Debève. 

J’avais peur de le revoir, c’est très angoissant, je ne me sens pas bien

Une victime présumée

L'ambiance était plus que tendue au conseil régional ce lundi en voyant le retour dans l’assemblée de Christian Debève qui a donc repris son siège. L’élue présumée victime, qui souhaite rester anonyme, nous confie : "ça a été très dur de le revoir, c’est très angoissant, je ne me sens vraiment pas bien depuis hier" explique-t-elle. "Certaines de mes collègues qui ont aussi été victimes n’ont pas pu venir tellement leur angoisse était forte" ajoute-t-elle.

Car si une seule plainte a été déposée, d’autres femmes, élues elles aussi, ont témoigné dans cette enquête. Selon elles, l’agresseur présumé serait coutumier de propos et comportements déplacés à l’égard de ses collègues féminines.

C’est pour cette raison qu’elle s’est décidée à porter plainte. "Quand j’ai entendu le nombre de femmes qui avaient été agressées, je me suis dit qu’il fallait que j’en parle", nous confie l’élue qui a porté plainte. "Je veux bien qu’il y ait la présomption d’innocence, mais ce qui me dérange, c'est que je me retrouve dans la même pièce que lui et je trouve ça violent humainement, c’est une angoisse qui me ronge".

"C'était une main aux fesses, des commentaires sur le fait que je devais m'habiller plus sexy en sa présence"

Autre victime présumée

Une autre élue du conseil régional, jeune, nouvelle en politique, a aussi témoigné lors de l'enquête. Elle nous raconte ce dont elle aurait été victime. "J'avais 22 ans à l'époque, j'étais toute jeune en politique et je ne prenais pas la mesure de ce qu'il se passait. Ses actes ? C'était une main aux fesses ou encore des commentaires sur le fait que je devais m'habiller plus sexy en sa présence et ça, c'était quotidien".

Depuis elle parle d'une cicatrice ouverte qui va être dur à refermer. D'autant plus lorsqu'on lui a appris la veille pour le lendemain que Mr Debève allait revenir au conseil régional. "Juridiquement, on ne peut rien faire, mais humainement, c'est compliqué" explique-t-elle. 

Plusieurs témoignages en ce sens donnent l'impression d'une omerta au sein de la majorité (dont fait partie le présumé agresseur). Plusieurs dénoncent un manque de soutien public de la part de leurs confrères du même groupe.

L’opposition choquée dénonce la culture de l’impunité

En première ligne depuis le début de cette affaire, Eliane Romani se dit profondément choquée. La conseillère écologiste du Grand Est alerte sur cette décision politique qui envoie "un mauvais signal à toutes les femmes victimes de violence" peut-on-lire sur sa page facebook.

Contactée par téléphone, elle explique ne pas comprendre. "La phase judiciaire commence, elle n’est pas terminée, on ne comprend pas pourquoi Mr. Debève reviendrait. Le président montre ainsi qu’il continue de lui faire confiance or, il ne peut pas revenir comme si de rien n'était, ça renforce la culture de l’impunité, ça va à l’encontre de la mouvance de notre société" explique-t-elle.

De son côté, le président de la région Grand Est ne "souhaite pas commenter une affaire en cours". Christian Debève, lui, n’a pour l’heure pas répondu à nos sollicitations.

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