"Je me sentais comme une petite fourmi", un artisan alsacien a participé à la restauration de l'orgue de Notre-Dame de Paris

Parmi les milliers d'artisans qui ont contribué à la restauration de Notre-Dame de Paris, l'Alsacien Christian Lutz a assuré la maitrise d'œuvre du nettoyage du grand orgue. Il se souviendra longtemps de l'esprit d'entraide de ce chantier exceptionnel.

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Samedi 7 novembre, plus de cinq ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris, le grand orgue a de nouveau résonné dans la cathédrale. Un "réveil" historique et émouvant auquel Christian Lutz a assisté. Ce technicien conseil (ils ne sont qu'une poignée en France), qui a assuré la maîtrise d'œuvre du nettoyage de l'instrument, a assisté à la cérémonie. Il a partagé avec nous son expérience et son émotion.

Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous l'avez entendu ?

Toute restauration d'orgue se termine normalement par une sorte de réveil ou d'éveil de l'orgue, et c'est souvent un moment très fort parce que souvent, l'orgue n'a pas été entendu pendant plusieurs années et on le redécouvre. Mais pour Notre-Dame, ça a tout de même duré cinq ans dans des conditions très particulières, donc on savait que ce serait forcément un moment très fort. Et ça a été le cas, je pense que tout le monde a été touché, on a entendu de nouveau le grand orgue résonner comme avant l'incendie.

Vous avez été mandaté pour assurer le nettoyage du grand orgue. Vous êtes arrivé à Notre-Dame huit jours après l'incendie. Qu'est-ce que vous avez pu constater ?

Je fais en effet partie de ceux qui ont été autorisés à monter à la tribune une semaine après l'incendie, le 23 avril 2019. Avant cela, on ne pouvait pas y aller pour des raisons de sécurité, on ne savait pas si ça allait tenir ou s'écrouler. Et ça a été la grande joie de voir que l'orgue était intact. On aurait pu penser qu'il aurait été inondé ou qu'il aurait fondu sous l'effet de la chaleur, et il n'y avait rien de ça, il y avait juste la poussière...

Et ça a été ça, la lutte pendant cinq ans ? Lutter contre cette fameuse poussière ?

En fait, l'objectif premier c'était de décontaminer, d'éliminer la poussière de l'orgue, qui n'était pas dangereuse pour l'orgue ni pour la cathédrale, mais qui était fortement dangereuse pour la santé humaine. 

2.000 personnes ont travaillé à la restauration de la cathédrale. Qu'est-ce qui vous a particulièrement marqué ? Vous parlez d'une famille Notre-Dame...

Oui, on a parlé de famille, c'est vraiment une réalité. C'est vraiment une communauté de personnes qui ont été associées dans ce même but. Parce qu'en général quand une entreprise travaille dans une cathédrale, c'est un petit chantier et les entreprises se succèdent plus ou moins alors que là, tout le monde se retrouvait en même temps pour des raisons de calendrier. Du coup, ça crée des contacts et il y avait une sorte de solidarité, un esprit d'entraide qu'on ne trouve pas d'habitude. Il y avait une sorte de ferveur.

Quand on part pour ce genre de mission, est-ce qu'on ne vit, on ne parle, on ne respire que "grand orgue" ? 

Non pas forcément, il y avait d'autres choses à côté. C'est aussi important de s'occuper d'un petit orgue de village et pas seulement de Notre-Dame. Mais c'est vrai que c'était quand même la mission principale parce qu'on pouvait être appelé à tout moment pour une réunion, pour un rendez-vous... Donc c'est vrai que c'était une très belle expérience !

C'est une fierté pour vous ? C'était la plus belle mission de votre carrière ?

Ça n'a rien à voir avec les autres. D'habitude, quand on restaure un orgue, on est tranquille, il y a une petite équipe d'une dizaine de personnes, une quinzaine de personnes grand maximum. On est un peu dans notre coin, dans notre bulle. Là, c'est une toute autre perspective. Moi je me sentais comme une petite fourmi dans un immense dispositif. On a l'impression que ça se fait malgré soi. On participe, on fait ce qu'il y a à faire. On répond aux différentes demandes mais c'est une autre dimension en fait. C'est vraiment grisant !

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