L'ancien président de la région Grand Est est visé par une enquête pour favoritisme et prise illégale d'intérêts. Hier, jeudi 6 juin, l'hôtel de Région de Metz a été perquisitionné.
C'est une information de nos confrères de France Bleu Lorraine: hier, l'hôtel de région de Metz a été perquisitionné. En ligne de mire: Jean Rottner, qui a dirigé l'institution pendant six ans, de 2017 à 2023. L'ancien président est visé par une enquête pour favoritisme et prise illégale d'intérêts. Jean Rottner avait démissionné en janvier 2023. C'est à ce moment-là qu'une plainte contre X avait été déposée par l'association anticorruption AC!! auprès du parquet national financier. Depuis, c'est le Parquet de Nancy qui a repris le dossier.
Cette perquisition a été confirmée par le Procureur de la République de Nancy: "Elle s'est déroulée dans les locaux du conseil régional de Metz, dans le cadre d'une enquête préliminaire conduite sous l'autorité du parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, à la suite d'un signalement de l'association AC!!."
De son côté, l'association anticorruption ne cache pas sa satisfaction: "C'est assez rapide, et ça veut dire que nous avons été écoutés, insiste Marcel Claude, membre de AC!!. Le fait que les perquisitions aient eu lieu à Strasbourg, ça nous a un peu étonnés, vu que le siège du conseil Régional est à Strasbourg. Nous n'en savons pas plus et nous allons laisser travailler la justice. Monsieur Rottner était employé d'une société avec laquelle travaillait le conseil Régional, pour nous il y a un problème de taille".
"Je suis saisie, a réagi ce matin Eliane Romani, conseillère régionale et présidente du groupe Les Ecologistes à la région Grand Est. Nous avions déjà exprimé nos réserves au moment de la démission de Jean Rottner. Je trouve ça bien qu'une enquête puisse être menée suite à la plainte de l'association AC!!. Cela fait un petit moment qu'elle a été déposée, donc je suis étonnée, mais cela veut aussi dire que nous sommes dans un pays où ce type d'enquête peut être menée jusqu'au bout. Et ça, c'est bien. Cette histoire d'activité lucrative tout en étant président de la région Grand Est, c'était quand même bizarre. Il y avait un conflit d'intérêt potentiel. En plus, avoir le temps, en plus de ses fonctions de président de la région Grand Est, de faire autre chose... je n'avais pas compris!"
Un avis favorable de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique
Autre réaction, celle de Laurent Jacobelli, président du groupe Rassemblement National au sein du conseil régional: "Tout le monde se souvient du départ précipité de l'ancien Président de Région. Cette enquête préliminaire pourrait en expliquer une partie des raisons. (...) La justice devra faire toute la lumière sur les éventuels délits de favoritisme et de prise illégale d'intérêt qui sont reprochés à Jean Rottner, et de tous ceux dans la majorité qui auraient été impliqués dans d'éventuelles manœuvres frauduleuses."
Jean Rottner avait affirmé quitter ses fonctions "pour impératifs familiaux". Il avait alors rejoint le groupe immobilier "Réalités", en tant que directeur régional dans un secteur spécialisé dans les collectivités territoriales. Nos confrères des DNA et de Rue89 Strasbourg avaient publié les 8 et 10 janvier 2023 deux enquêtes sur les missions que l'ancien maire de Mulhouse effectuait pour le cabinet parisien Adhoc entre 2019 et 2022, période pendant laquelle il était encore à la tête de la région Grand Est. Une activité pour laquelle la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait émis un avis favorable. Même feu vert (avec réserve) concernant le poste de Jean Rottner au sein du groupe "Réalités".