A l’époque, Marguerite Zabern et Denise Luttenbacher étaient jeunes. Elles ont assisté à la Libération, et nous racontent ces précieux moments. Les moments cachés dans les caves, la joie des soldats libérateurs, Noël : elles se souviennent de tout.
Huit décennies après la guerre, les souvenirs de Marguerite Zabern restent vivaces. Jeune adolescente durant le second conflit mondial, elle nous raconte précisément, depuis sa chambre d'Ehpad, le moment où elle s'est retrouvée face à un parachutiste britannique tombé sur le toit de sa maison. "Cette nuit-là, j'ai entendu un gros vacarme, j'ai ouvert la trappe et je l'ai vu, pistolet en main. Il avait de si beaux yeux bleus... Je lui ai dit, I love you !" sourit-elle.
Suivent les souvenirs de son père, militaire, mobilisé. De l'exil à Vierzon avec sa mère et sa sœur. Et celui de ce chien, échappé d'un tank américain après la Libération de Strasbourg, en novembre 1944. "Il a couru vers moi, je l'ai récupéré, et il nous a mis du baume au cœur durant quelques mois. Puis, un jour, un autre char militaire est passé, et le chien est reparti en sautant dessus." La guerre et ses réminiscences, Marguerite a appris à vivre avec. Elle est ensuite devenue infirmière, et juge de patinage artistique... ce qui lui a permis de parcourir le monde.
Denise, cachée dans une cave à Cernay
Denise Luttenbacher avait à peu près le même âge durant la Seconde Guerre mondiale. Elle, en revanche, a vécu les combats plus longtemps, depuis la cave où elle se cachait à Cernay, avec sa famille et ses voisins. "C'était la cave du droguiste, près du salon de coiffure où travaillait mon père. Après la libération de Mulhouse, puis Thann, on les entendait toujours se battre près de chez nous. Noël 1944 est arrivé, tout le monde a fait des gâteaux, puis nous avons fêté tous ensemble dans la cave."
Une période qu'elle décrit, paradoxalement, comme étant l'une des plus heureuses de son enfance. "Nous étions tous ensemble, nous jouions, nous chantions... Pour nous, les jeunes, ce n'était pas si grave". Alors, à la Libération de Cernay, le 4 février 1945, Denise avoue que ses sentiments étaient mêlés. "J'étais heureuse, bien sûr, que la guerre s'arrête. Mais d'un autre côté, j'étais triste de ne plus pouvoir rester avec les autres." Dehors, que de bâtiments détruits, et de morts. Il a fallu reconstruire. Ce que Denise a fait, jusqu'à ses 93 ans, aujourd'hui.