Les cloches de vaches, un art qui s'entretient pour le plaisir des marcaires et des collectionneurs

Rund Um. Lors de la transhumance, les vaches portent une cloche et un collier magnifiquement décorés. Une tradition qui se poursuit en Alsace grâce à deux derniers fabricants, un fondeur et un bourrelier.

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C’est le premier réflexe d’un matin de transhumance : parer les vaches d'une cloche et d'un collier. Comme pour entrer vraiment dans l’événement. Un moment presque solennel car les cloches sont chargées d’histoire.

Dans la famille Deybach, on en possède toute une collection. Des grandes, des petites, choisies pour chaque bête en fonction de sa taille. "Celle-ci est ma toute première cloche. Mes parents me l'ont offerte pour Pâques, en 2002", confie Mathieu Deybach, en se saisissant d'une des pièces en bronze. Sur le collier, une inscription de part et d'autre. Son prénom et son nom d'un côté, un slogan de l'autre : "Ma vie est en montagne". "C'est tout à fait cela", précise-t-il, la larme à l'œil. 

Une autre cloche est flanquée du nom de son arrière-grand-père : René Deybach, 1948. Certaines sont bien plus anciennes encore. Si à l'origine, elles étaient destinées à éloigner le loup et l’ours lors de la montée des vaches vers la montagne ou de leur descente dans la vallée, elles restent aujourd'hui un incontournable de la transhumance. Surtout pour le symbole. 

"Les cloches font partie de notre vie et de notre fierté de marcaires. Quel plaisir de les entendre résonner et de les faire entendre aux gens dans les villages que l'on traverse. C’est un magnifique carillon !", affirme Jean-Paul Deybach, aux affaires avant de transmettre le relai à Mathieu, son fils. 

Plus aucun fondeur de cloches entre les années 1960 et 2013

C'est d'ailleurs Jean-Paul Deybach qui a soutenu Daniel Higlister lorsque ce dernier s'est lancé dans la fabrication de cloches, en 2013. Il n'y avait alors plus de fondeur dans le massif des Vosges. Dans la vallée de Munster, le dernier avait fermé boutique dans les années 1960. 

Difficile donc pour le collectionneur qu'était Daniel Higlister de s'approvisionner. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, il a décidé de couler lui-même des cloches, chez lui à Hohrod. Pour cela, il est allé observer le fonctionnement d'une fonderie en Suisse avant d'essayer de reproduire les techniques chez lui. Il a créé ses propres moules, acheté et bricolé du matériel, avant de trouver le truc.

"Au départ, elles n'étaient pas très belles, il a fallu déterminer quel était le sable adapté sur lequel couler les cloches, explique-t-il. Jean-Claude Deybach est venu lorsqu'ai j'avais fait une cloche et voulait me l'acheter. J'ai refusé car elle n'était pas parfaite. Il est revenu le lendemain, j'ai encore refusé. Puis le surlendemain. Devant son insistance, j'ai fini par la lui vendre quand même. C'est comme ça que tout a démarré." 

Il a désormais de nombreux clients : des marcaires, des agriculteurs mais aussi des collectionneurs et des particuliers qui veulent faire ou se faire un cadeau. Entre 50 et 390 euros la cloche, qu'il décore à la demande avec des dates de naissance, de mariage et des motifs divers et variés. 

Le collier, spécialité de la famille Mann depuis quatre générations

Les cloches, du moins lorsqu'elles sont faites pour être portées par les vaches, doivent être accrochées à un collier. Là aussi, un dernier artisan maîtrise la technique de fabrication dans le massif des Vosges : Jean-Claude Mann, installé à Muhlbach-sur-Munster, bourrelier comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui.

Il a grandi dans l'atelier familial : "J'aidais déjà mon père à faire des colliers à 6 ans, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire d'autre comme métier". Il se dit heureux et fier de pouvoir créer "des pièces qui restent 50, 60, 70 ans et plus". Comme les cloches, les courroies sont personnalisées selon les goûts des clients. Jean-Claude les recouvre de dessins formés au moyen de clous en laiton. 

Il reçoit des acheteurs de tout le Haut-Rhin, mais aussi du Bas-Rhin, de Lorraine et de Haute-Saône. Ravi de voir ses colliers briller les jours de transhumance et ainsi, de jouer à sa manière un rôle dans une tradition de sa vallée.

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