Malgré les révélations d'agressions sexuelles commises par l'Abbé Pierre, les clients d'Emmaüs sont au rendez-vous

La traditionnelle braderie estivale d'Emmaüs qui s'est tenue dimanche 18 août à Haguenau a fait le plein de visiteurs. L'évènement accueille des milliers de personnes, 3 000 l'an dernier. Pour l'édition 2024, malgré le récent scandale lié aux agissements de l'Abbé Pierre, le public a répondu massivement présent.

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Les bénévoles d'Emmaus Haguenau se disent agréablement supris. Les visiteurs sont là, aussi nombreux qu'en 2023. "On est victime de notre succès, reconnait l'une. C'est vrai que le temps nous aide énormément. Avec cette météo pluvieuse, les vide greniers doivent être désertés, et les gens se rabattent ici"

Dans les allées, on se presse pour dénicher la bonne affaire. Les récentes révélations sur l'Abbé Pierre ne semblent pas avoir dissuadé les clients. " Emmaus est une association qui dépasse le cadre d'un homme affirme ce jeune papa venu acheter des jouets pour ces enfants. Je ne veux pas avoir un jugement sur lui"

"Cette affaire n'a pas d'impact sur la fréquentation ajoute une bénévole. Il y a eu un temps de sidération, après l'annonce. Mais maintenant, on n'en parle même plus" dit-elle. Pourtant, les portraits de l'abbé Pierre ont été retirés de la salle de vente, remarque Smail Hached, compagnon de la communauté Emmaüs Haguenau. "C'est le temps que tout cela retombe, explique-t-il. Lui même ne sait pas trop quoi penser. "C'est grâce à l'abbé Pierre qu'on est logés, qu'on a un abri, temoigne-t-il. Alors, quand j'ai entendu cette nouvelle, ça m'a bouleversé".

Des clients et des donateurs fidèles

Les bénévoles sont unanimes. Emmaus reste un symbole fort, et les donnateurs comme les clients sont restés fidèles malgré la polémique. Certes, Catherine Meder, vice-présidente de la communauté Emmaüs Haguenau observe un tassement de la fréquentation et des dons depuis le début de l'année, mais l'explication est ailleurs, selon elle "Nous sommes aujourd'hui dans un système concurrentiel, le marché de la seconde main a pris de l'essor et chacun veut sa part du gateau"

Le contexte a changé depuis la création d'Emmaus il y a 73 ans. "Avant, certains venaient pour trouver des objets originaux, pour se faire plaisir. Maintenant, la conjoncture est difficile, ça touche directement au portefeuille. Alors on vient s'équiper ici" remarque une bénévole. D'autant plus vrai qu'en ce jour de braderie, Emmaus casse les prix. -50% sur tous les articles. 

Mais les prix ne sont pas le seul argument. "Pour moi, au-delà de cette affaire sur l'Abbé Pierre, acheter ici est un acte militant déclare une jeune femme. Je n'achète plus rien de neuf, ni les vêtements ni le mobilier. C'est une habitude de cnsommation". Emmaus France rassemble aujourd'hui 30 000 personnes dans tout le pays, bénévoles, compagnons, salariés en insertion ou pas. Un énorme structure qui veut désormais s'accrocher à des valeurs, et non plus à une figure tutélaire. 

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