Vous n'avez pas rêvé, des flocons sont tombés en plaine d'Alsace en ce début de mois d'avril. Une péripétie rarement observé ces derniers années... et pourtant. Retour sur un phénomène tout naturel au printemps dans notre région, bien que devenu rare avec le réchauffement de la planète.
On ne va pas vous la faire. En avril, ne... vous connaissez la suite, et mieux valait la connaître d'ailleurs, la suite, ces derniers jours. Car oui, une fine et éphémère couche de neige a recouvert une partie de la plaine d'Alsace en ce début avril, alors que le printemps semblait, fin mars, avoir chassé l'hiver à coups de ciel bleu et de températures étonnement douces pour la saison.
Joli pied-de-nez à toux ceux qui en avaient profité pour ranger gants et bonnets à l'occasion du week-end de Pâques. Sur les réseaux sociaux, vous avez été nombreux à être surpris par le retour des flocons en postant des photos et des vidéos, comme cette habitante de Sommerau, village niché à une douzaine de kilomètres au sud de Saverne:
Ça y est... La neige est de retour dans le #BasRhin !! ❄️?️
— Lutz Sabine ?️⚡ (@SabineL67) April 5, 2021
?#Birkenwald (Sommerau 67)
?️-1°C#Alsace #BasRhin #météo #météo67 #neige@meteofrance @msa6768 @atmorisk pic.twitter.com/2Q5haBUNpx
"La transition a été assez violente puisqu'on a connu des températures de 26 degrés juste avant le week-end de Pâques avant qu'elles ne dégringolent tout juste en dessous de 0, note Cédric Hertzog, chef prévisionniste régional pour Météo France à Strasbourg. Mais voir des chutes de neige en avril n'a rien d'exceptionnel en Alsace."
Une météo qui souffle le chaud et le froid, la différence entre météo et climat, on vous explique tout dans l'interview ci-dessous:
Dans les années 1960, des chutes de neige banales en avril
La tendance au réchauffement de la planète nous ferait presque oublier que l'anomalie consiste davantage à battre des records de douceur en mars avec des "températures quasiment estivales" qu'à grelotter en avril. Chats échaudés que nous sommes vivons les sursauts de dame nature avec plus de frilosité que nos aînés.
Preuve en est cette petite séquence archives de l'INA, qui témoigne que l'abondance de neige au printemps n'était pas plus surprenante que ça, à l'époque. En 1968 et 1969, nos anciens y ont eu droit durant deux années consécutives. Des images des rues de Strasbourg en avril que nous avons aujourd'hui perdu l'habitude de voir en janvier ou en février. C'est dire...
"Les giboulées, qui se définissent par des précipitations, souvent des averses, sont des marqueurs d'un changement de saison, relève Cédric Hertzog. Il y a beaucoup d'instabilité atmosphérique. C'est ce qui fait la spécificité d'une saison intermédiaire comme le printemps. L'hiver s'en va, l'été s'impose peu à peu."
Énorme contraste entre 2021 et... 2020
Cette année, le retour des températures négatives en plaine alsacienne s'explique par un grand flux d'air froid venu du nord de l'Europe, anticipé par les prévisionnistes, et relayé notamment par le site de meteosuivialsace.fr. "C'est en effet devenu plus rare avec le changement climatique, mais cela n'empêche pas que de manière épisodique, certaines années, on puisse connaître des épisodes de froid plus marqués."
Cela marque en tout cas un sacré contraste avec l'an passé. Souvenez-vous, lors du premier confinement, il avait fait chaud, très chaud, plus chaud que jamais même en avril. Du côté de Strasbourg-Entzheim par exemple, du 1er au 20 avril 2020, la moyenne des températures maximales avait été de 21,5 degrés, un record depuis le début des relevés en 1924, comme l'avaient indiqué les équipes d'Atmorisk.
Et en mai...?
2021 ne détrônera pas 2020 sur cet aspect. Ce qui est certain en revanche, c'est que ces épisodes de gel couplés à des vagues plus douces posent des problèmes aux agriculteurs et aux jardiniers. On a vu un peu partout en France se multiplier les feux de bougies dans les vignes, voire l'aspersion, technique qui consiste à arroser les plantes pour créer une couche de glace protectrice.
"C'est la période où les bourgeons sont les plus fragiles, note Cédric Hertzog. La variation brutale des températures peut avoir un impact néfaste sur la végétation qui vient de démarrer après une fin d'hiver où la météo a pu être très douce par moments."
Et désolé si vous rêviez de quitter votre doudoune ces prochaines jours. "Il n'est pas exclu qu'il y a ait encore quelques gelées ces prochains jours, notamment mardi 13 ou mercredi 14 avril." Vous êtes prévenus, d'autant que ces épisodes, bien que rarissimes, peuvent survenir même après les saints de glace, traditionnellement célébrés du 11 au 13 mai.
Les gelées les plus tardives en Alsace remontent ainsi au 19 mai 1968, avec une température de -0,3 degré relevée à Meyenheim, au sud de Colmar. Une météo où, quoi qu'en dise le dicton, on ne peut pas faire tout ce qui nous plaît!